Chapitre 47 : Nina

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Le mois de célibat de Nina prenait fin ce jour-là. Elle ne le réalisa que lorsque Violette la félicita d'avoir tenu aussi longtemps, ce dont personne ne l'avait cru capable. Elle s'empressa de se vanter auprès de Marius, qui avait la gueule de bois après être sorti jusqu'à deux heures du matin la veille, et envoya un message à Camille.

« Il faut qu'on fête ma victoire. »

« Tu veux que je te présente quelqu'un ? Je vais dans un bar avec mes potes ce soir. »

« J'ai promis à Ayden de l'accompagner aujourd'hui. Il a besoin de mon aide pour son nouveau projet. »

« Tu t'y connais en photo ? »

« Pas du tout, mais j'apprends vite. »

Le cours d'épistémologie se termina quelques minutes plus tard et les étudiant·es s'échappèrent de l'amphithéâtre aussi vite que possible, à l'exception de quelques-uns qui s'attardaient pour discuter avec le professeur. Nina fourra ses affaires dans son sac et suivit ses ami·es jusqu'à la salle où aurait lieu leur prochain cours, même s'il restait dix minutes avant le début.

— Vous comptez assister au TD de quinze heures ? demanda Marius d'une voix pâteuse.

— Oui, mais je pense que j'en profiterai pour réviser, répondit Violette. Et toi, Nina ?

— Je vais sécher, je dois aider Ayden avec son projet.

— Depuis quand tu t'y connais en photo ? s'étonna Violette.

— Pourquoi ça surprend tout le monde ?

— Parce que t'as la sensibilité artistique d'un escargot sous Prozac, meuf. C'est pas contre toi, mais je pense pas qu'Ayden ait besoin de toi.

Nina lui fit un doigt d'honneur.

— Il se débrouille pour la photo. Je l'aide juste à définir le sujet de son projet.

Violette haussa les sourcils, mais Nina ne comptait pas lui révéler plus d'informations tant qu'iels n'auraient pas avancé. Marius s'était complètement désintéressé de la conversation et profitait de cette courte pause pour grappiller quelques minutes de sommeil, même s'il lui en faudrait bien plus pour arranger son état.

— Je pense qu'il faudra pas compter sur lui non plus, dit Nina.

— De toute façon, ce TD sert à rien et tout le monde le sait, même la prof. Mais vous viendrez pas pleurer parce que vous êtes en retard dans vos révisions.

— On est tout le temps en retard, je vois pas pourquoi on se plaindrait plus aujourd'hui que les autres jours.

Violette leva les yeux au ciel en souriant.

— J'espère que ton fameux projet avec Ayden en vaut le coup.

— Évidemment, sinon je serais venue m'ennuyer en cours avec toi.

— Donc t'es le genre à abandonner tes potes pour un mec, bel exemple pour la jeunesse !

Le regard noir du professeur qui s'installait à son bureau les obligea à baisser les yeux en pouffant et Marius se redressa, les marques de son pull incrustées sur la joue. Nina tendit le bras pour recoiffer les mèches qui s'échappaient de sa coiffure soignée.

— T'as une sale tête.

— Merci, toi aussi.

— Concentrez-vous, sinon vous allez vous faire virer, souffla Violette, ses longs cheveux blonds masquant son visage.

Nina se força à se taire même si elle n'avait aucune envie de suivre le cours, pendant que Marius replongeait dans sa sieste. Le professeur détestait que les étudiant·es le dérangent, mais se fichait complètement que certain·es regardent une série sur leur ordinateur ou dorment, du moment qu'iels ne faisaient pas de bruit. Nina ne tarda pas à abandonner toute idée de se concentrer et préféra envoyer des messages à ses ami·es : elle planifia une soirée avec Camille et Ivan dans un bar deux jours plus tard, convint d'un lieu de rendez-vous avec Ayden et échangea avec Louisa. Sa sœur lui demandait toujours des conseils pour tout et n'importe quoi – les cours, les parents, la musique, la mode, le dessin – parce qu'elle était une éternelle indécise et angoissait en permanence à l'idée de faire le mauvais choix.

Comme une comédie romantiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant