Chapitre 50 : Nina

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Nina éteignit son réveil et repoussa l'envie de se rendormir. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête lorsqu'elle avait décidé de se lever une demi-heure plus tôt qu'à l'accoutumée ? La réponse était évidente, mais il était tout de même difficile de se motiver. Elle roula sur le côté, manqua d'écraser Luna qui avait colonisé la deuxième moitié du lit et s'arracha à la chaleur des draps en maudissant la copropriété qui faisait des économies sur le chauffage. Sans allumer la lumière parce que ses yeux ne le supporteraient pas, elle se débarrassa de son pyjama en frissonnant.

— Désolée, ma Yuumi, mais tu vas devoir te pousser parce que tu dors sur mon jean.

La chatte ouvrit à peine les yeux et protesta lorsque Nina la poussa pour attraper son pantalon. Elle alla se réfugier sur le lit avec Luna et se roula en boule afin de poursuivre sa sieste. Nina se dépêcha de s'habiller afin de se réchauffer, sans se soucier des vêtements qu'elle enfilait – elle était pratiquement convaincue que son gilet en laine était rouge alors que son blouson était orange et son T-shirt, vert pomme, ce qui constituait une combinaison de couleurs atroce.

Nina vérifia l'heure sur son téléphone. Sept heures quarante-sept. Elle avait encore une demi-heure avant de devoir partir pour l'université, si elle voulait avoir le temps pour prendre un petit-déjeuner. Ce serait largement suffisant pour ce qu'elle voulait faire. Elle se coiffa rapidement – de toute façon, Ayden l'avait vue dans ses pires états – avant de quitter son appartement pour sonner à la porte voisine.

Aussitôt, un aboiement sonore lui répondit. Une dizaine de secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur Ayden, vêtu d'un jogging trop grand et d'un T-shirt à l'effigie d'un groupe de rock. Il se frotta les yeux et fixa Nina sans paraître la reconnaître. Ou alors, il se demandait ce qu'elle faisait devant sa porte avant huit heures du matin, elle qui se levait toujours aussi tard que possible.

— Désolée de te déranger, mais je voulais qu'on parle et je... Je pensais pas que je te réveillerais. Désolée, répéta Nina sans savoir quoi dire d'autre.

Elle avait préparé tout un discours, mais les mots lui échappaient maintenant qu'elle se trouvait face à Ayden. Ayden qui lui plaisait depuis le début ; Ayden à qui elle plaisait aussi, apparemment. Ça changeait tellement de choses qu'elle ne savait plus comment se comporter avec lui. Dire qu'elle avait tout gâché simplement parce qu'elle s'était accroché à une idée reçue !

— Qu'est-ce que tu veux ? marmonna-t-il.

— M'excuser.

Ça au moins, c'était facile.

— Je... En fait, je sais pas trop quoi dire, mais j'ai l'impression de pas avoir été correcte avec toi, alors je suis désolée.

— C'est la troisième fois que tu le dis.

— Pardon.

Ayden soupira et se passa la main sur le visage.

— Écoute, ce n'est vraiment pas le moment. Tu m'as réveillé alors que tu ne sais même pas quoi dire, donc je pense qu'il vaut mieux qu'on en discute plus tard, d'accord ? Je vais me recoucher.

Et il ferma la porte sans rien ajouter, laissant Nina démunie. Elle avait imaginé beaucoup de scénarios, mais certainement pas celui-là.

Même si elle avait envie d'insister, de sonner encore et encore jusqu'à ce qu'Ayden accepte de parler maintenant, Nina se retint parce qu'elle n'était pas une enfant de huit ans qui faisait un caprice. Il ne lui restait plus qu'à préparer vraiment ce qu'elle comptait dire à Ayden pour se faire pardonner, en espérant ne pas avoir gâché toutes ses chances. Et aussi à aller se changer parce qu'il était hors de question qu'elle se rende en cours habillée comme un feu tricolore.


Comme une comédie romantiqueWhere stories live. Discover now