Comme une comédie romantique

Chapitre 43 : Ayden

Nina se réveilla bien après onze heures, alors qu'Ayden avait déjà pris sa douche, fait quelques recherches pour envoyer des idées à Alice et préparé des financiers à la pistache. Il n'avait pas prêté attention au bruit qu'il faisait, mais rien ne semblait pouvoir tirer Nina du sommeil tant qu'elle n'avait pas dormi tout son saoul. Lorsqu'elle émergea, Ayden regardait un vieux film de braquage en grignotant des chips de légumes – comme un bobo parisien, lui avait dit Nina la dernière fois.

— Ça va ? demanda-t-il quand elle se redressa, les cheveux dressés sur la tête.

— Non, j'ai super mal à la tête et j'ai l'impression d'avoir couru un marathon. J'ai vraiment mangé deux tablettes de chocolat hier soir ?

Ayden sourit sans répondre et elle gémit en se laissant retomber.

— Ça explique pourquoi mon ventre est bizarre.

— Donc j'imagine que tu ne veux rien manger d'autre ?

— Non, d'abord, je vais boire beaucoup d'eau et aller prendre une douche.

— Vu le bruit que j'ai entendu de l'autre côté de la cloison il y a moins d'une demi-heure, je vais te prêter une serviette. Ce sera plus sûr.

Une grimace de dégoût tordit le visage de Nina.

— Quelle horreur.

Un nouveau coup contre le mur fit sourire Ayden de plus belle. Nina se prit le visage entre les mains en poussant un long gémissement. Il la comprenait : lui non plus n'avait pas envie de connaître la vie sexuelle de ses ami·es.

Du moins, c'était valable du temps où il avait encore des ami·es, avant qu'il ne déménage pour se reconstruire loin de son ancienne vie, dans laquelle il était hétéro et malheureux. Depuis, il n'avait connu que Steven et ses potes queer, sa vie de fêtard, sa passion pour la mode et la photo. Après deux ans à Strasbourg, Ayden commençait tout juste à vivre pour lui, sans se soucier d'un petit ami.

Il sortit une serviette propre à Nina, lui montra le gel douche et la laissa tranquille. Avec son teint crayeux et ses cernes sombres, elle en avait bien besoin. Pendant ce temps, il décida de préparer des hamburgers maison – oignons confits, steak haché, œuf au plat, fromage de chèvre et chou rouge, sa recette préférée – même si Nina n'avait pas faim pour le moment. Quand elle se sentirait mieux, elle aurait besoin de manger un repas consistant. Cuisiner permettait aussi à Ayden de se concentrer sur autre que sur les bruits explicites qui lui provenaient de l'appartement voisin, et qui avaient résonné durant la majeure partie de la nuit. Ces deux-là ne dormaient donc jamais ?

— Tu pourrais me prêter des vêtements ? demanda Nina sans ouvrir la porte de la salle de bains. Les miens puent l'alcool et je refuse de les remettre. Désolée, je sais que j'abuse.

— Ne t'en fais pas.

Ayden choisit un jogging et un T-shirt dans son armoire et les tendit dans l'entrebâillement, en fermant les yeux.

Nina sortit deux minutes plus tard, les jambes du pantalon roulées sur ses chevilles pour éviter de trébucher, flottant dans le T-shirt qui lui faisait comme une robe. Elle avait déjà meilleure mine, même si elle semblait toujours sur le point de s'effondrer. Contrairement à ses ami·es qui s'en donnaient à cœur joie de l'autre côté du mur.

— Je vais les tuer, marmonna-t-elle. Surtout Dalal. Je l'accueille chez moi et elle trouve pas de meilleure idée que de me virer de mon appartement pour se taper Marius. Bon, je veux bien admettre qu'elle a plutôt bon goût en matière de mec, pour une fois. Mais c'est quand même vraiment pas cool.

— C'est ta meilleure amie, tu le mérites un peu.

Nina lui lança un regard outré. Ayden n'en parla pas, mais il aurait aimé avoir une amie comme Dalal, lui aussi. Quelqu'un qui l'aimerait inconditionnellement, qui se ficherait de la distance ou du nombre de messages qu'iels s'enverraient. Il préférait quand même que ce soit une personne moins chaotique et impulsive que Dalal, même si celle-ci mettait du piment dans la vie plutôt tranquille de Nina.