Partie 3 | Souvenirs-Souvenirs

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D'après ma belle-mère, je ne cuisine jamais comme il le faut, je ne sais pas faire le ménage, je n'ai aucune classe et je m'habille comme une demeurée !

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D'après ma belle-mère, je ne cuisine jamais comme il le faut, je ne sais pas faire le ménage, je n'ai aucune classe et je m'habille comme une demeurée !

Tous ces compliments pour une seule personne... non mais c'est trop ! (commentaire hautement ironique.)

Comme d'habitude elle n'a rien à dire sauf quelque chose de méchant, la vie à ses côtés est toujours contrariante. En revanche, je trouve que depuis quelques jours Khalil est un peu plus sympa, petit à petit, il retrouve ses esprits. Je dois surtout remercier ses sœurs qui lui ont passé un sacré savon :

- Khalil reprends-toi bon sang ? Je suis très déçue par ton attitude. Non seulement tu fais des conneries mais en plus tu maltraites ta femme. Tu dois parler à Maman, elle n'a pas le droit de se comporter comme si elle était sa coépouse ! C'est inadmissible et c'est honteux !

- Je lui parlerai t'inquiète pas.

Voyant que rien ne changeait, Diéné en a parlé à Zeïnab, leur sœur aînée. Elle aussi a sermonné son frère, par téléphone, depuis Dakar. Elle lui a dit ses quatre vérités et a tout de suite demandé à me parler :

- Ne t'occupes pas de Maman continue à l'ignorer comme tu fais. Parfois, je ne sais pas ce qu'elle cherche. C'est ma propre mère mais je ne la comprends pas. Tu sais, nous sommes toutes des femmes, la vie de couple ce n'est pas évident, les problèmes ne manquent jamais ! Moi-même, ici je me bats avec Lansana pour réussir notre union. Sois courageuse ma sœur et tant que ton cœur, aime supporte !

Avoir le soutien de mes belles-sœurs me réconforte et je vois que Khalil les craint bien plus que ses parents. Depuis cette remontade, il essaie de me reconquérir. Évidemment, je ne le laisse pas faire, d'ailleurs, je trouve qu'il en fait un peu trop. Il me demande mille fois par jour comment je vais, me sourit me prend par la main sans raison apparente. Ce trop-plein d'attention commence même à m'agacer !

Bien sûr, comme toutes les femmes j'apprécie que mon mari manifeste son affection mais la complicité a disparu et je trouve tout ce tralala amoureux surjoué.

En réalité, quelque chose dans mon fort me lance une alerte. Je me méfie de lui, je n'ai plus confiance et cela m'attriste; Comment avons-nous pu en arriver là ?

Je me souviens encore du temps où l'on s'est rencontré, à l'époque j'avais quatorze ans, j'étais folle amoureuse de David, un copain de Khalil qui lui, n'en avait que faire de moi. Khalil avait accepté de m'aider en donnant à David le petit mot que j'avais préparé pour lui. Ce dernier avait officiellement déclaré que je ne l'intéressais pas, ce jour-là j'ai été si malheureuse que j'en ai pleuré. Je me souviens que ma douce Bou m'a consolé. Je n'ai pas gagné le cœur de David mais j'ai gagné l'amitié de Khalil. Au lycée, nous nous sommes retrouvés dans la même classe, Bou, lui et moi, à force de le côtoyer nous nous sommes mis à sortir ensemble. Puis au bout de quelques mois nous étions inséparables, c'était déjà l'amour fou !

Au départ, je faisais un peu la maline, je ne voulais pas être vu avec lui. Je ne le disais pas mais c'était surtout parce que ma mère me surveillait de près, elle était très à cheval sur l'éducation et menaçait souvent de me renvoyer au bled si je ne me tenais pas à carreau. Moi, qui ai grandi à trente minutes seulement de Paris, je n'imaginais pas ma vie en Afrique.

L'Afrique, je connaissais mais uniquement pendant les vacances d'été !

J'avais eu la chance que mes parents aient les moyens, Papa était ingénieur agronome et maman infirmière. Nous avions toujours eu ce qu'il nous fallait mes trois frères et moi. Alors ces menaces de retour au pays me fichaient la trouille.

J'étais encore très jeune et il était hors de questions que je lui dise que j'avais un petit copain. Maman m'aurait étranglé sur place et sans aucune pitié ! J'en ai quand même parlé à Kwadjo, mon frère aîné il m'a très vite conseillé d'attendre un peu et de voir si l'histoire durerait avant d'en parler à nos parents.

Au bout de trois ans, j'étais toujours avec Khalil et j'étais plus amoureuse que jamais et cinq après le début de notre relation, mes parents l'apprenaient enfin de ma bouche. De toute façon, je ne parlais que de lui, je ne vivais que pour lui et lui pour moi. Ils s'en doutaient un peu je pense !

Et lorsque j'ai eu vingt ans et mon BTS en poche, Khalil a demandé ma main à mon père qui a fait tout un cérémonial ; Papa est si protocolaire que ça en est parfois barbant :

- Jeune homme ! Tu viens demander la main de ma fille en tant que qui ? On est en Europe d'accord mais il ne faut pas exagérer... Où est ta famille ? Tu n'es quand même pas tombé d'un arbre Humm ?

- Ma famille est au courant Monsieur ZADIO. Je voulais d'abord m'assurer que vous seriez d'accord pour m'accorder la main de Malia avant qu'ils ne viennent vous voir officiellement.

- Ton courage me plait jeune homme. Je t'accorde sa main provisoirement, reviens avec des émissaires !

Je ne l'ai su qu'après mais Kwadjo avait déjà préparé le terrain, c'est pourquoi cela a été facile à Khalil de convaincre Papa. Un an et demi plus tard, nous nous sommes mariés. Mes amies Bou et Rouguy étaient mes témoins. Ce fut le plus beau jour de ma vie !

Malheureusement, sept ans après ce n'est plus la même chanson. Le pire dans toute cette histoire c'est que Khalil et moi nous nous aimons encore. Nous voulons vraiment nous en sortir et je pense que nous sommes sur la bonne voie.

Notre relation s'améliore doucement mais sûrement. Petit à petit, je retrouve mon mari, ainsi que ma place d'épouse. Notre complicité est encore très timide mais il faut nous laisser le temps rétablir les choses.

Nous retrouvons notre sérénité jusqu'au jour où Khalil me réveille en pleine nuit, il s'agite comme s'il avait vu le diable !

- Ma chérie réveille-toi s'il-te-plaît ! Il faut que je te parle.

- Humm !

- Allez réveille-toi Malia !

Mes yeux chargés de sommeil, peinent à s'ouvrir et je râle de me faire sortir de mon sommeil d'une façon si brutale :

- Ma puce, ça ne peut plus attendre, il faut vraiment qu'on parle !





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MALIA: Le Prix du Bonheur      Où les histoires vivent. Découvrez maintenant