Partie 9 | Verdict

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Trois mois se sont écoulés depuis que Khalil a eu son terrible accident

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Trois mois se sont écoulés depuis que Khalil a eu son terrible accident. Il est toujours dans le coma et je commence sincèrement à désespérer. Chaque jour, je me tiens près de lui et je l'observe dans l'espoir de voir un signe positif de sa part.

Sur le plan psychologique, je vis difficilement ma grossesse mais physiquement tout va pour le mieux, le bébé est en excellente santé. Quant à Souley, il grandit et commence même à bien parler. Nous sommes très complices tous les deux et j'aime l'entendre m'appeler "Mama".

Alors que je suis assise dans le fauteuil près de Khalil, je reçois l'appel de Maitre Turpin, notre avocat. Il a des nouvelles concernant notre affaire d'adoption et elles ne sont pas bonnes. Caroline veut absolument récupérer son enfant et revient totalement sur sa décision d'abandon. Khalil est toujours dans le coma et moi je ne suis que sa tutrice légale, le jugement d'adoption en ma faveur n'a toujours pas été prononcé et mes droits sur cet enfant sont juridiquement limités.
- Mme Sow ? Vous êtes toujours là ?

- Oui Maître excusez-moi ! C'est que je suis un peu troublée. Cela signifie-t-il que je vais devoir me séparer de mon fils ? Parce qu'honnêtement, je ne le laisserai pas !

- Rassurez-vous il y a peu de chance qu'elle parvienne à obtenir une garde complète. Au pire ce sera une garde partagée. Et puis, votre statut vous protège puisque vous agissez en lieu et place de votre époux. En attendant, nous sommes convoqués dès vendredi prochain au tribunal. Nous devons y être à neuf heures quarante-cinq. Ça nous laisse quelques jours pour préparer nos arguments, d'accord ?

- Je vous fais confiance Maître.

- Alors à vendredi Mme Sow. Bon courage !

Je raccroche à peine lorsque Diéné entre dans la chambre :

- Mais tu pleurs Malia ?

Je lui raconte ma conversation avec notre avocat, cela la met hors d'elle :
- Que je ne la trouve pas sur mon chemin cette Caroline, sinon elle aura affaire à moi ! Mais c'est quoi son problème à la fin ?

Nous sortons quelques minutes de la chambre histoire d'aller chercher de quoi boire au snack de l'hôpital. Je profite de la traversée des couloirs pour demander des nouvelles de ses parents. Depuis l'incident, j'ai brièvement eu son père au téléphone :
- Cette histoire nous rend tous fous. Papa n'arrive plus à supporter Maman et elle, têtue comme elle est, elle ne veut rien raconter. On ne sait toujours pas qui est le père biologique de Khalil.

- C'est tendu !

- Oh oui ! Papa refuse même de manger ce que maman cuisine.

- Ta mère est impossible !

- C'est vrai mais en réalité, ils sont impossibles tous les deux !

J'ai pitié de mon beau-père car au contraire de sa femme, il ne mérite pas d'être dans ce genre de situation. J'espère que ce pauvre bonhomme se remettra de tout cela.

*

Cette Caroline est la fille la plus instable que je connaisse, plus je pense à elle, plus j'angoisse je n'ai jamais vu quelqu'un changer si souvent d'idées ! Elle essaie de me convaincre du bien-fondé de la garde partagée mais honnêtement, je n'ai pas le temps de bavarder avec elle. Je lui recommande donc d'attendre l'audience pour pouvoir exposer à la cour ses arguments.

Le jour de l'audience arrive enfin, Maître Turpin m'attend devant l'entrée principale du Tribunal. Je stresse malgré la présence et le soutien de Maman et de mon frère Ben. Comme d'habitude, l'avocat n'a pas de bonnes nouvelles pour moi, Caroline a demandé le huis clos et le juge le lui a accordé. Décidément, cette fille est décevante. Comment peut-elle s'amuser avec nous de cette façon ? Elle n'a aucun scrupule et surtout aucun principe.

Dans mon fort intérieur, je tente une prière avant le début de la séance : "Seigneur Dieu! Donne-moi la force de supporter cette épreuve. Tu sais que j'ai été juste et bonne avec cet enfant. S'il te plait répond à ma prière et accordes-moi la garde de Souley. Dieu aies pitié de moi !"

J'entre dans la salle d'audience et Caroline me dévisage. Le juge l'appelle à la barre, et lui demande quelles sont ses motivations concernant la garde de Souley. Elle se met à rire et répond le plus naturellement du monde :
- Ma seule motivation c'est que c'est mon fils. Je l'ai porté neuf mois. Ce bébé est à moi ! Je n'avais plus les moyens de m'en occuper mais maintenant tout est réglé.

À son tour, mon avocat interroge Caroline :

- C'est votre fils et il n'y a aucun doute là-dessus mais alors à chaque fois que vous n'aurez plus les moyens vous l'abandonnerez ? Est-ce bien ça Mademoiselle ? Parce que Mme Sow, elle, ne l'a jamais laissé tomber et elle s'est comportée comme une mère pour cet enfant plus que vous ne l'avez été.

- Oui ben maintenant qu'elle a réussi à faire le sien, qu'elle s'en occupe et surtout qu'elle me rende le mien!

Je suis choquée ! Même devant le tribunal, il faut qu'elle me nargue et qu'elle soit méchante !

Quelle peste !

Finalement, après plus de deux heures d'audience et d'horribles mensonges venant de Caroline, la séance prend fin. Nous devons à présent attendre que la décision soit rendue. Maître Turpin me conseille de rentrer, car ma présence n'est plus indispensable. Alors que nous quittons la salle d'audience et Caroline me lance d'une voix forte :
- Félicitations Malia ! La grossesse vous va à ravir, dommage que Khalil ne puisse pas voir ça !

Ma mère qui attendait à l'extérieur avec mon frère démarre en sa direction. Dieu merci, Ben la retient. Je pense que s'il n'avait pas été là, Maman l'aurait sérieusement giflé !

Je suis si stressée que je n'ai pas vu les appels de Diéné. J'ai mis mon téléphone sur silencieux pour ne pas être dérangée pendant l'audience et j'ai oublié de le réactiver. Ma belle-sœur a visiblement des choses importantes à me dire. Je la rappelle et elle enchaîne directement sans même me dire bonjour :

- Malia ! Khalil réagit. Il a bougé les doigts. Dépêche-toi... Il bouge ! Je t'attends.

Fébrile, nous déposons maman chez elle et avec mon frère, nous rejoignons l'hôpital. Le fait qu'il bouge est un signe très encourageant. J'imagine que peut-être mon Khalilou a senti l'urgence de la situation; il sait certainement que son fils court un danger... Cette bonne nouvelle est inespérée !

Au même moment, Maître Turpin m'appelle pour me faire part de la décision. Je tarde à décrocher car j'ai peur d'entendre le verdict. Mon frère ne comprend pas ma réaction et m'engueule :
- Cesse de faire l'andouille. Décroche Malia !

J'accueille la décision du juge avec beaucoup d'anxiété. Ce dernier me laisse la tutelle mais accepte la demande de garde partagée de Caroline.

Je suis effondrée !

Maître Turpin me propose de faire appel, je suis son avis car cela nous permet de repousser cette décision et de conserver la garde exclusive de Souley jusqu'à l'audience en appel.
- Nous allons devoir enquêter un peu sur cette femme. Nous pourrons ainsi mieux vous défendre en espérant que M. Sow se réveille.

- Bien Maître. Je vous remercie pour tout.

C'est tout ce que j'arrive à dire tant je suis contrariée. Je trouve ce verdict injuste. Dieu merci nous avons encore l'avantage mais pour combien de temps ? Nous arrivons à l'hôpital, Ben et moi trouvons la chambre de Khalil vide. Encore une fois la situation n'est pas celle que j'imaginais. Les prochaines heures vont être déterminantes pour lui, comme pour nous tous !

***

MALIA: Le Prix du Bonheur      Where stories live. Discover now