Chapitre 2

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Dix minutes plus tard, nous sommes tous ratatinés dans la voiture. Maxime se comporte toujours aussi froidement avec moi et je ne comprends pas pourquoi. C'est quoi son problème ? De toute façon, je ne veux pas lui parler non plus, ni même le regarder.

Mon téléphone me tire de mes pensées et je réponds sans vraiment faire attention à mon interlocuteur.

‒ Allo ? réponds-je abruptement.

‒ Sweetheart, c'est maman.

‒ Hey, what's up ?

‒ Est-ce que tout va bien ? me demande telle, inquiète.

‒ Oui oui, ça va. Tu voulais me dire un truc en particulier ?

‒ Non, juste prendre des nouvelles.

‒ Ecoute maman, s'il n'y a rien d'important je vais te laisser, on va passer sous un tunnel donc la communication va couper. On pourra se reparler plus...


Et exactement à ce moment précis, je raccroche. Je n'avais pas la foi du tout de parler dans l'état où je suis. Tous les regards se tournent vers moi y compris celui de Maxime.


‒ Est-ce que tu viens sérieusement de raccrocher au nez de maman là ? demande Cécile. Si elle le découvre, elle va te tuer !

‒ Elle va forcément le savoir, maman a toujours été super forte pour savoir si l'on ment, c'est un de ses superpouvoirs, ajoute mon frère.


Je soupire et me demande pourquoi j'ai pensé une seule seconde que lui raccrocher au nez était une bonne idée.

Le téléphone de Cécile sonne deux minutes plus tard. Elle répond, hoche une fois la tête et se retient de rigoler avant de mettre le téléphone en haut-parleurs.


–Sweetheart, you disappoint me / Chérie, tu me déçois, soupire ma mère. Comment as-tu cru que la vielle excuse du tunnel allait marcher avec moi ? Who am I already? Your mother. So I know when you lie to me / Qui suis-je déjà ? Ta mère, donc je sais quand tu me mens.

Ma mère est d'origine américaine et dès qu'elle est arrivée en France – il y a déjà vingt-cinq ans– elle a rencontré mon père, et nous voilà ; le grand frère et les deux jumelles. Grâce à ses origines, nous avons eu la chance de connaitre la langue anglaise et d'y être habitués depuis que nous sommes tout petits. J'ai donc un très bon niveau de langage, ainsi qu'un « merveilleux » accent – selon ma prof d'anglais au lycée. Et je sais aussi que lorsqu'elle est énervée, comme maintenant, elle a tendance à parler à moitié anglais et à moitié français.


– Je t'avais dit qu'elle avait des supers pouvoirs ! s'exclame Rick.

– Alarick is it you / C'est toi ?

– Yup Mom. Comment tu vas ?


Je croise les yeux de mon frère dans le rétroviseur et je remarque son petit clin d'œil. Je sais très bien ce qu'il est en train de faire. Il distrait maman pour éviter que je me fasse engueuler encore plus. C'est une habitude qu'entre nous trois nous avons. A chaque fois que l'un de nous est foutu, nous avons le devoir d'être solidaire – et surtout de l'éloigner de notre mère.

Je me souviens encore de la fois où Rick avait cassé un carreau de la cuisine en jouant au foot. Maman était tellement énervée que l'on croirait presque voir de la fumée sortir de ses oreilles. A ce moment, avec Cécile, nous avions une mission bien précise : le sortir de là. Je m'étais tout de suite sacrifiée pour lui en demandant à ma sœur de me pousser et de me faire tomber par terre. Pourquoi ? Eh bien, pour avoir les genoux écorchés, pleurer comme une fillette et accaparer l'attention de notre mère tout l'après-midi. Et je me souviens aussi que pour me remercier, Alarick s'était occupé de toutes mes tâches ménagères – en plus des siennes– pendant un mois ! Et je recommencerai sans hésitation.

Pendant cinq minutes, Rick, Cécile et Eléna conversent avec ma mère sans que je m'interpose (je préfère me faire petite pour l'instant).

– I have someone to introduce you mom / J'ai quelqu'un à te présenter maman, annonce fièrement Rick. Nous avons un invité dans la voiture et il s'appelle Maxime.

– Un invité ?

– Oui ! Un autostoppeur. Et nous avons décidé de faire le chemin ensemble jusqu'à Paris. C'est pas cool ?

– Honnêtement ? Non. C'est une mauvaise idée mon fils.

– Maman, tu es toujours en haut-parleur, grogne t-il.

Elle soupire et parle très rapidement en anglais de tel sorte que seuls de vrais anglophones–ou presque– comme nous, puissent comprendre. Cependant, on peut très facilement déduire par son ton toutes ses pensées.

En résumé, elle s'énerve contre mon frère en lui disant qu'il est totalement irresponsable de faire ça et qu'il devrait mettre dehors l'inconnu sur le champ.

Je remarque très bien que Rick recherche mon regard dans le rétroviseur et me demande de l'aide pour que je le sauve, mais pas cette fois. Non, cette fois-ci je ne le ferais pas, parce que je suis exactement du même avis que ma mère. Et pour illustrer ma pensée, je fixe le reflet de mon frère en haussant les sourcils, avec une mou signifiant je-te-l'avais-dit-que-c'était-une-mauvaise-idée.

– Mom, we pass through a tunnel / Maman, nous passons sous un tunnel !

Et prestement, il appuie sur le téléphone de Cécile et raccroche.  


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Coucou tout le monde !

Voilà le 2ème chapitre de L'Homme sur ma route! J'espère que me lire n'est pas trop désagréable et que aimez mon histoire. N'hésitez pas à voter, commenter / critiquer et me suivre, je vous réserve beaucoup d'autres histoires ! ;)


L'homme sur ma routeWhere stories live. Discover now