Chapitre 3

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Dormir m'a fait le plus grand bien et j'en avais besoin après ce qu'il s'est passé hier. Je ne comprends toujours pas ce qu'il s'est passé, et je n'ai qu'une envie : tout oublier. Si seulement c'était possible !

Je me lève et me fais craquer les vertèbres. Le matelas du lit était horrible et j'ai atrocement mal au dos, mais j'étais tellement fatiguée hier que je me suis endormie comme un bébé. Je tourne la tête à droite et regarde mon frère dormir dans le petit lit simple disposé juste à côté du mien. Je ne me souviens plus de la dernière fois où je l'ai observé comme ça, mais ça devait bien remonter à plus de dix ans.

Quand j'étais petite, j'avais l'habitude de dormir dans son lit, dans ses bras protecteurs. C'était mon endroit préféré, je me sentais en sécurité. On pourrait croire qu'ayant une jumelle je serais plus proche d'elle, mais non, j'étais toujours fourrée dans les bras de mon frère –à son grand désespoir–, mais je crois que ça ne le dérangeait pas plus que ça puisqu'il ne s'en plaignait pas. Au fur et à mesure que je vieillissais, Alarick s'était peu à peu séparé de moi. Il devenait adulte, alors que moi je n'étais qu'une ado. Il n'allait tout de même pas garder un boulet comme moi tout le long de sa vie. La première fois qu'il est parti à l'université, je me souviens avoir pleuré toute la nuit. Y repenser me fait rire en même temps que me rendre nostalgique de nos bons moments.

Ses paupières s'ouvrent doucement, et mon frère baille.


– Alors sœurette, c'est une habitude de regarder un beau mâle dormir ? demande t-il en souriant, son visage à moitié endormi.


Je lève les yeux au ciel et lui balance mon oreiller à la figure. Rick rigole et se lève tranquillement.


– Il est quelle heure ?

– 10h30, réponds-je après avoir jeté un coup d'œil au réveil posé sur ma table de chevet.

– Je suis crevé. C'est à quelle heure la sieste déjà ?

– Pas de sieste, on a encore beaucoup de chemin à faire !


Mon frère soupire et ferme les yeux. Le pauvre, il doit être exténué de faire autant de route.


– Allez frérot, normalement ce soir nous sommes chez nous !

– On en est où sur le trajet ?


Je prends mon téléphone et regarde sur Google Maps.


– Hier soir nous avons dépassé la frontière autrichienne et nous somme actuellement à Innstbruck, proche de l'Allemagne.

– Combien de temps il nous reste jusqu'à Paris ?

– Neuves heures et trente-sept minutes.


Rick se passe la main sur le visage, puis se tape les mains.


– Allons réveiller les autres, il est temps de repartir à l'aventure !




A 11h24 précisément, nous étions tous remontés dans la voiture attendant mes instructions.


– Bon, ce soir nous serons de retour à la casa enfin. Il nous reste exactement 9h37 à faire donc normalement, si on ne s'arrête pas trop et si ça roule aussi bien qu'hier, nous devrions être de retour à 21h. Maximum 22h. OK ?


Tout le monde acquiesce, sauf Maxime qui évite mon regard. Et c'est tant mieux comme ça, si tout le monde veut mon avis. Je ne veux rien avoir à faire avec lui.

Optimiste comme jamais de retrouver nos maisons, Rick allume le moteur de la voiture, et nous voilà repartis sur une journée sur la route !




Je n'en peux plus. Mon optimisme m'a totalement échappé et je transpire comme un porc. C'est sans aucun doute la journée la plus chaude que nous avons eu pendant ses vacances. Et comble du bonheur, il y a des bouchons. Pleins de bouchons. A peine avons-nous commencé à rouler qu'il y avait des bouchons. Et ca fait maintenant trois heures que nous sommes entassés tous les cinq dans la voiture, la clim à fond et l'envie d'étriper la personne qui a provoqué un accident sur l'autoroute.

Mon ventre grogne et exprime son besoin de nourriture. Je regarde mon frère désespéré et celui-ci hausse les épaules, impuissant.

Je vous en supplie, achevez-moi.


L'homme sur ma routeWhere stories live. Discover now