Chapitre 2 (suite)

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Deux heures. Voilà le temps que nous avons passé dans la voiture depuis notre arrêt à la station service, et voilà le temps que j'ai passé à me triturer les méninges. Qu'est-ce que cet inconnu fait dans cette voiture ? Son histoire. Et surtout, pourquoi il semblait si énervé contre moi.


– Rick, j'ai envie de faire pipi, quand est-ce qu'on s'arrête ? demande Elena à peine réveillée de son profond sommeil.


De mon côté, je n'ai pas réussi à dormir une seule seconde. Hors de question de dormir lorsqu'un homme connu ni d'Eve ni d'Adam est dans notre voiture !


– Tu en as vraiment besoin ? On a dit que l'on devait faire le moins de pause possible, soupire mon frère.

– Oh arrête, on a roulé tout l'après midi. Il est 18h, et tu as besoin de te reposer aussi ! Alors je propose que l'on s'arrête dans un endroit sympa, que l'on se trouve un petit motel et que l'on mange aussi.


Rick soupire, mais acquiesce tout de même, il sait très bien qu'il a besoin de repos. Et moi-même j'en ai besoin. Je n'en peux plus de sa voiture et de son inconfort.


– La ville la plus proche avec un motel est à 70 km, nous informe Cécile.

– Je ne pourrais pas me retenir 1h ! s'écrie la copine de ma sœur, horrifiée.


Forcés de s'arrêter, Rick s'engage sur le parking d'une petite aire d'autoroute. Elena descend limite en courant dès que le contact est coupé et Cécile sort de la voiture à sa suite après avoir soupiré de désespérance.

Rick se tourne vers Maxime et moi et nous demande avec un sourire :


– Je vais me chercher un café, vous voulez quelque chose ?


Je secoue la tête, imitée par Maxime. Mon frère sort et nous laisse tous les deux seuls dans la voiture qui devient soudain trop petite. Il ne manquait plus que ça, me retrouver coincée avec un inconnu !

Trois minutes passent et nous sommes toujours seuls. Trois interminables minutes. Personne ne se parle ni se regarde et la tension est insoutenable. Ma rage ne fait qu'amplifier lorsque j'entends un soupir d'exaspération sortir de la bouche de Maxime. Ce dernier sort de la voiture et claque la portière violemment, ce qui me fait sursauter. Je n'en peux plus et sors à mon tour, excédée.


– Mais c'est quoi ton problème, bordel ? m'écrié-je. Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter ça ?


Il me regarde dans les yeux, soupire encore une fois, et se détourne de moi sans un mot. Je m'approche de lui à grands pas et me poste en face de lui. Je lève les yeux – c'est qu'il est grand le bougre ! – et pointe mon index sur son torse puissant.


– Quand je pose une question, j'aimerais que l'on me réponde.

– Quoi ? Qu'est-ce que tu me veux ? demande t-il, lui aussi en colère.

– Je veux savoir ce que j'ai bien pu te faire pour mériter ton mépris !

– Je ne te méprise pas.


Son expression est presque ... sincère. Mais non, non, je ne suis pas naïve à ce point.


– Ah non ? Pourtant tu ne m'as pas adressé la parole une seule fois et tes regards sont noirs de colère –lorsque tu oses me jeter un regard. Si ça c'est pas une forme de mépris c'est quoi ?

– Je ne voulais pas faire encore plus peur à Mademoiselle qui pense que je suis un psychopathe, sourie t-il méchamment.

– Alors c'est pour ça ? Parce que tu as pris un coup à ton égo ? Parce que je n'ai pas voulu t'aider ?


Je n'y croyais tout simplement pas. Son regard ne me quitte pas et j'ai l'impression que de la fumée va bientôt sortir de ses oreilles tellement sa colère est perceptible. Au fur et à mesure que nous parlons, nous nous éloignons de la voiture, et nous sommes maintenant bien trop loin de mon frère. Qui peut bien savoir ce que Maxime est capable de faire quand il est énervé ? Moi j'en ai une : me découper en petits morceaux et me jeter dans fossé au bord de l'autoroute !

Aussi discrètement que possible, je jette quelques coups d'œil derrière Maxime et tente de retrouver mon frère et ma sœur. Mais où sont-ils passés ?

Maxime rigole, mais ce n'est pas un rire du genre contagieux, mais plutôt du genre effrayant. Un frisson me parcourt l'échine tandis qu'il s'approche un peu plus de moi. Nos bustes sont sur le point de se toucher. Mon dieu, je vais finir sur le bord de l'autoroute !


– Tu penses encore que je suis psychopathe n'est-ce pas ? rigole t-il de nouveau. C'est vrai, quoi, nous sommes isolés de tout le monde et je pourrais faire ce que je veux de toi.


Je ne sais pas quoi faire tellement mon corps est figé. Il rapproche son visage du mien. Je ferme mes yeux, totalement pétrifiée, et sens une larme couler le long de ma joue. Mon dernier souffle est arrivé, je le sens. Il se recule d'un coup, j'ouvre les yeux et remarque son expression bouleversée.


– Merde, je suis désolé, je... Je ne voulais pas ! s'excuse t-il très rapidement.


Ses yeux ne sont plus remplis de fureur, mais d'un mélange de tristesse et de culpabilité.


– Excuse moi, me supplie t-il à nouveau avant de partir en courant vers la voiture.


Hébétée, je reste là, à essayer de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Est-ce que j'ai rêvé ou est-ce que ce mec est réellement bizarre ? En tout cas, il m'a carrément foutu la frousse !

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C'est tout pour ce soir, je veux laisser un peu de suspense ;) 

J'espère que la lecture vous a plu jusqu'à maintenant, et qu'elle vous plaira encore longtemps ! 



L'homme sur ma routeWhere stories live. Discover now