Chapitre 1 - Charlie

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- Merde ! Merde ! Merde ! C'est pas possible, il peut pas être 9h !! dis-je en sautant du lit !

Je cours dans tous les sens pour attraper mes affaires. Tant pis pour la douche ! Je disparais 5 minutes dans la salle de bains le temps de me laver les dents et de faire le minimum syndical côté maquillage puis je réapparais en me tortillant pour remonter ma jupe. Qui se révèle être un vrai torchon. J'ai beau passer les mains plusieurs fois dessus pour tenter de faire disparaître les plis, elle ressemble toujours à rien. Je savais bien que je n'aurais pas dû la laisser par terre hier soir ...

Je reviens vers le lit, et pose un baiser léger sur le front de Ben qui me regarde amusé, les bras croisés derrière la tête.

- T'es sûre qu'il faut que tu partes maintenant ? Tu veux pas plutôt venir te recoucher et que je t'enlève encore une fois cette toute petite jupe, tu m'excites à mort Charlie ...

Il m'attire brusquement à lui et je me retrouve à califourchon, mes mains sur son torse et les siennes sur mes hanches. Je pousse un petit cri de surprise quand je sens ses doigts tenter de passer le barrage de ma culotte et sa bouche se plaquer sur la mienne. Si je ne fais pas un effort surhumain là maintenant, je ne réponds plus de rien.

A regrets, je me recule et descends du lit.

- Pas ce matin Ben, j'ai mon nouveau stagiaire qui arrive. Il doit d'ailleurs déjà être là.

Je sens comme une petite pointe de jalousie éclairer ses yeux lubriques, ce qui m'étonne. Ben et moi nous connaissons depuis des années, depuis que notre route s'est croisée lors d'un job d'été tout en haut d'une tour de la Défense. Un mois planqués au service des archives, ponctué d'allusions et de tentatives de séduction hasardeuses et plutôt ratées, de oui mais non mais oui mais non mais je sais pas ...

10 ans plus tard, même si nous n'avons jamais réussi à nous mettre en couple, il peut se targuer d'être toujours présent dans ma vie contrairement aux mecs plus ou moins officiels qui se sont succédé.

- Et il ressemble à quoi ton nouveau souffre-douleur cette année ?

- Aucune idée, c'est le neveu du grand manitou. Sûrement un post-ado boutonneux qui va pas se prendre pour de la merde grâce à ses relations !

- Tu veux dire que tu ne l'as jamais rencontré ?

- Eh non ... d'ailleurs je sais même pas comment il s'appelle, c'est te dire ! Bon je file, on s'appelle quand tu reviens !

En attendant l'ascenseur, je fais défiler les textos sur mon téléphone. J'en ai déjà 5 de Marie, d'un 1er et tranquille « T'es où ma caille, ton RV est là ? » à un dernier qui m'agresse rien qu'en le lisant « GROUILLE TOI BORDEL IL EST LAAAAAAAAAAAAAAAA !! »

Je saute dans un taxi et l'appelle directement.

- Ouais c'est moi, désolée, je suis à la bourre, mais j'arrive. Je suis là dans 10 mn.

En m'entendant donner l'adresse au chauffeur, elle fait vite le rapprochement

- Me dis pas que tu sors de chez Ben Charlie ?

- A...E....I...Marie je capte plus, tunnel, toussa toussa...

- Mouais, je sais où habite ton ex, y a pas de tunnel sur ce chemin ...

- Tu fais chier Marie, c'est pas mon ex !

- Ouais si tu veux, même si ça y ressemble drôlement

Je change de sujet

- Bon ça fait longtemps qu'il est là ?

- Il est arrivé à 9 h comme prévu ...

Elle laisse sa phrase en suspens, ce qui ne lui ressemble pas. Bizarre

- Alors il a quelle tête ? J'ai décroché le gros lot ?

- J'aurais pas mieux dit Charlie !

- Bah vas y raconte, à quoi je dois m'attendre ?

- Oh non, laisse-moi le plaisir de voir ta tête quand tu le découvriras. Elle se marre franchement

- A ce point ? Oh merde. Et je raccroche un peu dépitée.

A peine sortie de l'ascenseur, Marie m'attrape par le bras, me colle mon café dans les mains et m'inspecte de la tête aux pieds avant de me balancer une de ses fameuses réparties.

- T'as une tête de dévergondée Charlie Lebrun ! C'est écrit sur ton front que t'as baisé toute la nuit , tu pues le sexe à 10 mètres, je suis jalouse ! !

Malgré moi, le rouge me monte aux joues, comme une écolière prise en faute et rien qu'à l'évocation de ce qui s'est passé ces dernières heures, un sourire concupiscent se forme sur mes lèvres.

- Mouais, pas à moi Marie, ça m'étonnerait que tu sois restée seule cette nuit !

- OK ok je plaide coupable. Mais je suis jalouse quand même, personne ne me court après depuis 10 ans moi ...

- Ben ne me court pas après, arrête, on passe juste des moments sympas quand il est de passage tous les 6 mois

- Si ça te rassure de le penser Charlie, mais y a bien que toi qui ne le voit pas ...

- bon allez, trève de blablas. Il est temps que tu rencontres ton stagiaire.

Décidément son air énigmatique ne me dit rien qui vaille et je commence de plus en plus à cogiter.

Arrivée devant mon bureau, je passe la tête dedans, intriguée, mais il est vide.

- Bah il est où ? Marie hausse les épaules et regarde des deux côtés du couloir.

- Je sais pas, il était là y a 5 minutes ...

Je me dis que c'est pas plus mal et que ça va me laisser le temps de m'installer et de souffler. Je balance mes affaires derrière moi, attrape mon portable et mon agenda dans mon sac et me laisse tomber lourdement sur ma chaise. Le temps que mon ordi s'allume, je checke mes messages sur mon tel. Plusieurs sms salaces de Ben me font sourire, et je peux mesurer à quel point il regrette mon départ précipité de ce matin ...

Tout à coup, l'air se charge en électricité et un frisson me parcourt de la tête aux pieds, comme si un orage allait éclater. Je me retourne vers la fenêtre pour la fermer mais elle n'est pas ouverte. Encore la clim qui déconne alors, super ! Je pousse mon sac, ouvre la grille d'aération en pestant et prends un air inspiré, comme si j'allais savoir quoi faire pour la réparer. Mais elle est éteinte. J'y comprends rien.

Je me rassois aussi élégamment que la première fois et retourne mon fauteuil dans le bon sens pour travailler. Mon ordi enfin allumé, je lance la messagerie et lève la tête machinalement vers la porte.

Deux grands yeux gris me fixent. D'immenses yeux gris. Surplombés d'une tignasse bouclée, brune, incroyablement sexy, dans laquelle j'ai instantanément envie de plonger mes doigts pour m'y accrocher avec passion ou désespoir. Cette tête est posée sur un corps à tomber, adossé au chambranle de la porte. De ma porte. J'aperçois Marie qui sautille un mètre derrière lui en me faisant des grands signes. Je comprends pas ce qu'elle veut me dire.

Je m'éclaircis la gorge et passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier. J'ai l'impression que toute l'eau contenue dans ma bouche vient de descendre d'un coup dans ma culotte. Je suis littéralement trempée. C'est quoi ce bordel ??? Et c'est qui ce mec ???

Un stage haute tensionWhere stories live. Discover now