Un stage haute tension

Chapitre 30 - Charlie

- Chou ? ... Chou ? ... ? Allez réveille-toi putain ! Ça fait des heures que tu comates, ouvre les yeux maintenant ! Fais pas ta belle au bois dormant, c'est bon là. Je sais que tu m'entends !

Un truc humide qui tombe sur ma main me réveille tout à fait et je prie pour que ce soit une fuite venant du plafond et non pas ce que je crois. Raté ...

- MARIE ! Tu morves sur ma main, c'est dégueu !!

Ma meilleure amie relève les yeux et sourit jusqu'aux oreilles pendant que son nez continue à dégouliner. Sa manche absorbe sans élégance le surplus de liquide visqueux et un reniflement gore prend la relève pour les finitions.

- Marie ...

Elle se jette alors littéralement sur moi et pleure dans mon cou à chaudes larmes en me serrant si fort que je manque de m'étouffer

- Aie ...

- Oh pardon, pardon, pardon !!!! Mais Charlie, tu m'as fait tellement peur. J'ai cru que t'étais morte !

- Dieu avait d'autres projets visiblement ...

- Plaisante pas putain, j'ai eu la trouille de ma vie !! Comment tu vas ? T'as mal quelque part ? T'as faim ? T'a soif ? Tu veux que j'appelle l'infirmière ? Tu ...

- Doucement Marie, s'il te plaît, t'es en stéréo dans ma tête là ...

- Oui, oui, pardon, tu as raison, excuse-moi .... Oh la la ... Mais je suis tellement soulagée !!!! J'ai cru devenir dingue quand Richard a déboulé dans mon bureau comme un fou. Je comprenais rien à ce qu'il me disait, il était complètement hystérique. J'aurais pu tout gérer, mais pas Richard dans cet état là. Même Zoé n'y arrivait pas. Il me parlait de rampe d'escalier cassée, de chute, de Camille, de toi, de perforation, d'opération en urgence, de transfusion, ça n'avait aucun sens, c'était l'horreur !!!

- Ça fait longtemps que je suis là ?

- T'es sortie du bloc il y a 4 heures. On était déjà là depuis 2 heures.

- On ?

Marie ne prend même pas la peine de me répondre, se dégage de mon cou et sautille comme un cabri déjanté jusqu'au couloir. Ses 2 doigts dans sa bouche envoient alors un sifflement strident dans tout l'étage

- Eh Marie, t'es dans un hosto là, pas au Far West. Faut que t'arrêtes de faire ça à tout bout de champ, ça me saoule et ça me tue les tympans. Et puis c'est pas classe !

- Tu sais bien ce qu'on en pense de la classe Chou, hein ?

- Ouais je sais, mais quand même ...

Elle me lance un clin d'œil suggestif et complice et je peux pas m'empêcher de chuchoter en même temps qu'elle, par habitude

- On s'en bat la race de la classe ... on préfère faire nos pétasses !!!

Bon ok, 12 ans d'âge mental et encore je suis généreuse, mais putain que ça fait du bien un peu de normalité dans cette journée de folie furieuse ! Je tends les bras vers Marie et elle se jette sur moi une nouvelle fois en m'embrassant partout sur le front et les joues, encore et encore. Je sais que notre proximité a souvent surpris, et même fait jaser plus d'une fois, mais elle nous est trop précieuse à l'une comme à l'autre pour qu'elle puisse nous gêner ne serait-ce qu'une seconde. Après tout, que ceux que ça emmerde regardent ailleurs ...

Sophie, Alice et Zoé font irruption dans la chambre et se mettent à pousser des petits cris en m'étouffant de câlins à leur tour.

- Charliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !!! Enfin !!!!!!!!  Tu nous refais plus jamais ça, hein, promis ?