Chapitre 16 - Camille

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2 semaines !!

2 putain de semaines dans le sillage du Succube.

J'avais raison de pas le sentir son plan, il puait l'embrouille. J'ai pas mis 5 minutes pour comprendre qu'on me jetait dans la gueule du loup. Ou de la louve en l'occurrence. Et de sa meute toute entière. Parce qu'ils vivent en meute au Marketing, tous au garde à vous derrière leur "Alpha", Olivia Van Peel et de son ombre, la flippante Pénélope. Deux garces redoutables prêtes à tout pour gagner sur n'importe quel tableau et grimper les échelons. Deux pétasses au sourire carnassier qui font de la vie des autres un enfer s'ils se mettent sur leur chemin. Et qui se font plus sauter qu'une balle de tennis en pleine finale de Roland Garros.

2 putain de semaines où je me fais le plus petit possible.

J'ai appris par une stagiaire plus sympa que les autres, qu'un contrat avait été passé sur ma tête, par la Reine Mère en personne. Et je pense que Charlie n'y est pas étrangère. Olivia lui voue une haine sans nom, que Charlie lui rend bien en passant. Une guerre des nerfs permanente où tous les coups sont permis, les plus bas de préférence. Et dont je suis devenu l'enjeu. Ou le trophée

2 putain de semaines sans la toucher

Sauf le soir dans mon pieu où je me repasse le film des 3 premiers jours en boucle, la main sur ma queue, au moins y en a une qui profite. Sauf qu'à ce rythme là, je vais avoir de la corne sur les doigts et je pourrais plus rien en tirer. Si je continue à être obsédé par elle à ce point, il va falloir que j'apprenne à me branler de la main droite, ou la gauche mourra bientôt au combat.

2 semaines à la croiser aux aurores dans le bureau de Richard pour un débrief sur l'avancée du "plan". A sentir sa respiration s'accélérer dès que je franchis la porte du bureau et qu'elle lève les yeux sur moi. A lutter contre cette putain de tension sexuelle qui jaillit dès qu'on se croise inopinément dans un couloir ou un ascenseur.

2 semaines à attendre et espérer quelque chose qui ne vient pas.

2 semaines à me demander si je dois prendre les choses en mains ou lui laisser encore du temps pour revenir vers moi.

2 semaines sans baiser une autre qu'elle tous les soirs dans ma tête.

2 putain de semaines.

J'essaye de me re-concentrer sur ce que me demande Richard. J'ai pas avancé d'un pouce depuis que je suis devenu le stagiaire personnel d'Olivia Van Peel, un statut créé juste pour moi par le Succube. Franchement angoissant. Je sais qu'elle a prévu de me dévorer tout cru et je redoute le moment où je vais devoir mettre les points sur les i avec elle. Ça va pas être beau à voir. Pour elle en tout cas.

- Camille, tu m'écoutes ?

- Mmmmm ...

- Reste avec nous s'il te plait. On stagne là. Va falloir user de ton charme maintenant.

Je le regarde de travers.

- Tu plaisantes j'espère ?

- Oh là, tout doux cow-boy ! En tout bien tout honneur, tu me prends pour qui ?

J'entends un petit soupir du côté de Charlie, je crois qu'elle avait carrément arrêté de respirer quand Richard s'est mis à parler. Et dans la foulée je sens mon cœur tambouriner d'un coup dans ma poitrine. Fichue connexion de merde entre nous.

- Tu me suggères quoi ?

- Je sais pas, c'est peut-être pas au bureau qu'il faut que tu glanes des infos. On est vendredi, essaye de voir s'ils font pas un truc ce soir et incruste toi discrètement.

- Mouais ... j'avais prévu autre chose mais je crois qu'ils vont boire un coup. Je vais me démerder pour me faire inviter.

Je jette un regard en biais à Charlie avant de rajouter.

- Je devrais pas avoir trop de mal ...

Je mets encore dans le 1 000, elle ferme les yeux et secoue tout doucement la tête comme pour chasser une idée désagréable. Et mon cœur rate encore un battement ...

Toujours cette putain de connexion.

- Bon je me dépêche, Olivia va arriver. A plus.

Je quitte vite le bureau de Richard. J'ai tellement envie de l'embrasser que si je reste 1 minute de plus près d'elle je vais pas pouvoir me retenir. Alors je préfère mettre 3 étages entre nous, c'est plus prudent.

Reste plus qu'à survivre à ces 8 prochaines heures avec la meute.

****

J'ai finalement pas eu à demander quoi que ce soit, le Succube ne m'a pas laissé le choix

Sortie d'équipe ce soir apparemment. Un rituel que j'ai pas trop bien compris, celui du 3ème vendredi de chaque mois je crois. J'écoutais pas vraiment à vrai dire.

C'est elle qui a choisi le bar où on est tous affalés sur des canapés depuis 1 heure. Je me suis jamais autant fait chier. Les discussions sont affligeantes, les meufs se gênent pas pour me faire du rentre-dedans, comme si le fait de ne plus être au bureau changeait quelque chose. Et accessoirement, toujours aucune révélation croustillante qui justifierait que j'ai sacrifié ma soirée.

Tout à coup je sens Olivia se rapprocher et s'affaisser un peu, tout contre moi. Un rictus franchement flippant vient d'apparaître sur ses lèvres mais elle ne me regarde pas. Son regard est posé sur la porte qui vient de s'ouvrir sur Charlie et ses copines.

Je comprends direct le choix du bar. Et je réalise que c'est peut être le moment de jouer mon va-tout. Je me fais violence et me colle un peu plus à elle qui se retourne vers moi, agréablement surprise. J'espère que je l'ai bien analysée, parce que si je me plante, je perds tout. Il faut qu'elle baisse sa garde avec moi et Charlie m'offre l'occasion que je n'avais pas su créer tout seul.

Je passe alors un bras autour de ses épaules et je la sens se détendre. Elle se love dans le creux de mon cou et pose même sa main sur mon torse, bien en évidence. Je réprime tant bien que mal le frisson de dégout qui remonte ma colonne vertébrale. Car je sais parfaitement ce qui se passe en ce moment dans la tête du Succube. Elle exulte.

Elle pense avoir mis le grappin sur le joujou de sa pire ennemie. Et elle lui étale sa victoire sous le nez.

Elle attend patiemment que Charlie se rende compte de notre proximité. Ce qui arrive vite grâce à Marie qui vient de lui parler à l'oreille. Quand son regard se pose sur moi, je vois un voile d'incompréhension et de tristesse passer et une boule se forme dans ma gorge. Ma tactique est risquée, d'autant que je ne l'ai pas prévenue du plan vicieux que mon cerveau venait de mettre en place. Le plus discrètement possible, je sors mon téléphone pour lui envoyer un sms. Il faut que je lui parle tout de suite. Olivia, toute à son excitation ne le remarque même pas.

Quand Charlie me répond, je garde un air détaché et embrasse furtivement Olivia sur le front avant de me dégager. La proie est ferrée, elle va attendre un peu maintenant.

Je prétexte une envie de pisser et me dirige vers les toilettes. Seul.

J'ai peur que Charlie ne vienne pas. Ou qu'elle ne me laisse pas parler pour lui expliquer. Car les images qu'elle vient de voir ne jouent pas franchement en ma faveur.

Mais au bout d'une minute à peine, elle est près de moi, et avant que je puisse ouvrir la bouche, me colle une baffe phénoménale qui me laisse la joue en feu ...

Un stage haute tensionWhere stories live. Discover now