Chapitre 25 - Charlie

7.3K 530 40
                                    


- Allez Charlie, j'ai bientôt fini, courage, serre les dents ma belle !

Je regarde avec horreur cette petite boule de sucre si inoffensive en apparence finir de nous achever, mon maillot chéri et moi, sans pitié. Je suis la dernière à y être passée, comme d'hab. Toujours aucun courage pour endurer ce supplice depuis 15 ans. JE repousse, JE repousse et du coup bah fatalement... CA repousse... Et l'adage qui dit que "plus c'est long, plus c'est bon" ici, il marche pas, mais alors pas du tout ! ... Si je tenais la connasse qui avait un jour déclaré qu'une meuf ne devait pas avoir de poils, je lui ferais bouffer tous les miens, la cire et mon esthéticienne avec !

- Allez, tu peux respirer, j'ai fini, ça te plait ?

Je regarde tour à tour mon bourreau et son" œuvre", un peu perplexe quant à sa question

- Est-ce que ça me plait? Euh ... honnêtement Sonia, si je te disais non, tu me les recollerais ?

Elle me jette alors son drôle de regard, celui qui m'annonce une connerie, et je la regarde essayer de récupérer quelques cadavres entre mes cuisses. Elle pose enfin un petit tas sur mon nouveau désert de Gobi pubien avant de me répondre le plus sérieusement du monde

- Je dois pouvoir te faire une petite queue de rat si tu insistes, par contre si tu veux une couleur je vais être un peu short, faudrait que tu repasses lundi, 15 h ça irait ?

Elle se fout carrément de ma gueule je crois , alors que je suis passée à ça du malaise vagal à cause de cette torture sans nom, dur ...

- Bon allez, file Charlie, j'ai d'autres mises à mort à faire avant ce soir !

Je me fais pas prier pour fuir mon cercle de l'enfer personnel.

Je descends de cette satanée table sacrificielle et enroule ma serviette autour de mes hanches. Direction le sous-sol et son hammam magique. On y repère immédiatement les nouvelles venues, couvertes d'un maillot une-pièce bien englobant, sur-protégées par leur peignoir blanc remonté jusqu'au menton. Les habituées telles que nous en revanche ont adopté depuis longtemps les pratiques de ce temple du bien-être oriental niché aux cœur de Paris. Et tombent la serviette et le maillot dès que c'est possible.

La porte en verre s'ouvre devant moi alors que je pose la main sur la poignée et les filles surgissent de la vapeur en soufflant.

- Ah bah t'es là enfin, on a perdu 3 litres de flotte à t'attendre, on se casse il fait trop chaud, ramène tes petites fesses sèches par ici, on va dans la salle de repos

Je proteste, mollement, pour la forme, parce que je suis naze et que j'ai le maillot tellement en fire que je marche comme un cow-boy. Faut que je me pose au frais. Glandouiller me parait donc être la meilleure idée qu'il soit, là tout de suite maintenant. Avec un ventilateur branché en pleine bourre sur mon entrejambe si c'est possible ...

5 minutes plus tard, installées en rang d'oignons sur le marbre recouvert de gros coussins, on met au point ma soirée de demain avec Camille. Après avoir tout fait à l'envers depuis le début, on a décidé de reprendre la main sur notre étrange relation. Puisqu'il est évident qu'on ne peut pas se passer l'un de l'autre mais qu'on se connait au final assez peu, hormis sexuellement, on reprend à la base. Donc 1er rencard officiel demain, resto mystère, soirée mystère et tutti quanti.

Le débrief de la soirée d'hier ce matin par Camille a été succinct, très succinct, pour ne pas dire évasif, ... donc louche. Mon radar s'est mis en route automatiquement et j'ai clairement le pressentiment, pour ne pas dire la certitude, qu'il me cache un truc. Les filles ont voulu se montrer rassurantes, mais ça l'a pas fait du tout. Je vois bien qu'on est toutes sur la même longueur d'onde. Ca pue.

Mais en attendant de lui tirer les vers du nez en bonne et due forme, je prépare mon corps à rencontrer le sien de la plus douce des manières. Gommé de toutes ses petites imperfections, débarrassé de tout ses poils disgracieux et massé de toutes les tensions accumulées notamment hier soir dans ce club de malheur.

J'ai beau me méfier un peu, je suis surexcitée comme une ado qui se prépare pour son 1er ciné avec le beau gosse de sa classe à qui elle fait les yeux doux depuis des mois. Et qui la remarque enfin ...

Camille n'a rien voulu me dire mais je sais par Richard qui a gaffé qu'il me sort le grand jeu. Robe de soirée de rigueur. Du coup je me sens obligée d'aller chez le coiffeur aussi. Et de refaire ma manucure. Faut que je lui fasse honneur, c'est la moindre des choses... Les filles sont d'accord, d'ailleurs par solidarité elles viennent avec moi. Ca va être un joyeux bordel au Salon de Joy tout à l'heure ...

D'ailleurs en parlant de ça, il faut se magner, l'heure tourne. J'active les troupes. Et en profite pour jeter un œil sur mes messages.

- On y va les filles, y a encore du boulot avant ce soir, je peux pas y aller en mode mouton !

- Au fait Charlie, il t'a lâché quoi comme info Richard tout à l'heure ? Charlie ...?

- Charlie ???

- Charlie, pourquoi tu scotches sur ton téléphone comme ça ?

Je viens de buger. Purement et simplement. Faut que quelqu'un appuie sur Reset, ou je vais me désintégrer.

Marie m'arrache l'objet des mains et pousse un juron.

- C'est quoi cette merde Chou ? Et qui te l'a envoyée ?

Impossible de réagir, l'image reste fixée dans mon cerveau qui n'arrive pas à la refermer. Je clique mentalement sur la croix rouge mais rien n'y fait, chaque pixel est gravé à jamais maintenant.

- Marie, montre !

Le téléphone tourne dans chez les 3 autres Spice qui restent muettes.

- Numéro inconnu mon cul ! A part Olivia ou Pénélope, ça peut être personne. Je vais leur péter la gueule à ces putes, je vous le jure !

Malgré moi j'esquisse un sourire, je sais que Sophie n'attend que ça depuis l'année dernière et l'affaire "Tom".

Marie en profite pour me relever le menton et me fixer dans les yeux.

- Chou, cette photo ne prouve rien. Rien du tout. Camille t'a assuré qu'il n'avait pas couché avec elle, il faut que tu lui accordes le bénéfice du doute. Vous crèverez l'abcès plus tard. Je sais ce qui se passe dans ta tête là, je te connais par cœur Charlie, mais il faut que tu chasses toutes ces idées tordues. Charlie, regarde-moi !!

- Marie, tu l'as bien regardée cette PUTAIN DE PHOTO ?

- Oui Chou !

- Non Marie, t'as pas du bien voir, sinon tu me dirais pas ça. Parce que s'il l'avait pas baisée, y aurait pas une capote pleine par terre. Si on baise PAS, on a PAS besoin de capote ... Il m'a menti Marie ...

- Charlie, je suis sûre qu'il y a une explication très simple, faut juste que tu la lui demandes

- Ah oui elle est très simple Marie, il l'a tronchée comme la Salope que c'est. Je vais rien lui demander de plus, je vais pas me ridiculiser encore. Je veux plus rien à voir avec lui. Jamais. Cette fois c'est fini. Et la première qui me reparle de lui ou tente un coup fourré dans mon dos, c'est fini aussi !!!

Je récupère mon téléphone et compose en tremblant le numéro de la seule personne dont j'ai besoin là maintenant

Je respire un grand coup avant de répondre à son "Charlie?"

- Salut Ben, on peut se voir tout de suite ?


Un stage haute tensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant