Chapitre 14 - Charlie

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Assis chacun dans un fauteuil devant le bureau de Richard, on attend en silence qu'il termine son coup de fil

Qu'est ce que c'est long, pffffffffffffffffff !

J'ose pas tourner la tête de peur de croiser son regard, encore mortifiée par la scène de l'escargot. Décidément ces 2 derniers jours, approcher un ascenseur ne me réussit pas du tout !

En tout cas, je sais que Camille m regarde, je le sens. Et j'en ai carrément la confirmation quand je surprends Richard lui faire les gros yeux en me désignant de la tête tout en continuant de parler à son interlocuteur.

Il soupire alors comme un gosse boudeur, le même que dans mon bureau avant-hier et se retourne vers la fenêtre.

Le champ a l'air dégagé, je peux enfin tourner la tête dans sa direction.

Avachi dans le fauteuil, serré dans un jean brut, terriblement bien moulé dans un tee-shirt noir, pas rasé mais sentant terriblement bon, il joue négligemment avec son téléphone posé dans sa main gauche, une jambe posée sur un accoudoir.

Je sais même pas s'il a conscience des ondes qu'il m'envoie et qui me percutent les unes après les autres. Je dois carrément planter mes ongles dans la mousse de mon siège pour m'empêcher d'aller me jeter sur lui comme une petite biche en rut.

Euh vite une diversion pleaaaaaaaaaaaase !!!

Mais rien ni personne ne vient, fait chier !!!

Je suis plus excitée maintenant qu'une centrale nucléaire sur le point d'imploser.
Ma fusion de l'atome est toute proche, et j'espère juste qu'un grain de maïs ne croisera pas ma route là tout de suite au risque de se transformer fissa en pop corn !

Respire Charlie respire !

Vite, penser à Paula, la prof de yoga et à ses exercices de relaxation

1, 2, 3, inspiration

Blocage ...

4, 5 , 6 expiration

Blocage ...

Et on recommence

Meeeeeeeeeerdeeeeeeeeeeeeeeeeeee, ça marche pas du tout !!!!

Je vais mourir d'une combustion spontanée. Juste comme ça... Pschitt !

...

...

....

Au bout de 15 interminables minutes, je commence à être franchement engourdie du bas. Il faut que je bouge sinon je vais avoir le syndrome du membre en mousse quand je vais me relever.

Alors que ma jambe droite se désolidarise enfin de la gauche sur un petit "plop" moyennement classe, je vois son téléphone s'arrêter net de tourner et se figer fermement dans sa main.

Oh oh ...

Mille messages paradoxaux et tous plus fous les uns que les autres sont envoyés en même temps à mon cerveau primaire. Je sais que je devrais me détourner de lui après la scène que je lui ai faite hier mais un frisson d'excitation m'envoie du haut voltage par intraveineuse. Mon envie de savoir si malgré tout il est toujours intéressé et connecté prend le-dessus.
Et j'oublie immédiatement toute notion de bienséance.

Je me penche pour faire semblant de raccrocher la bride de ma chaussure et je vois alors son corps se déplacer imperceptiblement vers moi.

Je frétille intérieurement.

Mes doigts s'attardent plus de temps que nécessaire sur ma cheville puis remontent négligemment sur ma peau lorsque je recroise les jambes avec une lenteur exagérée.

Je me renfonce alors un peu plus dans mon siège, ce qui a pour effet immédiat de faire remonter ma robe un chouia plus haut sur mes cuisses, juste ce qu'il faut.

Je jurerais entendre plus distinctement sa respiration qui s'est faite plus rapide.

C'est franchement indécent mais je m'amuse de cette situation délicieusement déplacée.

Ma libido frappe carrément des mains maintenant.

Mes doigts quittent mes cuisses pour venir remonter sensuellement mes cheveux et dégager mon cou. La sensation de mes propres mains sur ma peau sachant qu'il me regarde me fait littéralement disjoncter et finit de réduire à néant ma seconde culotte de la journée.

J'en suis à me demander par quoi continuer ma démo quand je réalise tout à coup qu'il n'y a plus le bruit de fond.

Richard a raccroché et et me regarde sans un mot.

Ça sent pas bon du tout ...

Pressentiment confirmé dès qu'il se met à parler.

- Bon Charlie quand vous aurez fini d'allumer Camille, on pourra peut-être passer à autre chose. Et toi Camille redresse toi, c'est quoi cette position, tu te crois dans un porno ?
Vous allez me faire devenir chèvre tous les deux, on dirait des ados !

La température chute brutalement dans la pièce.
Enfin sauf sur mon visage qui a repris sa couleur écrevisse du rez-de chaussée.
Quelle honte !

Richard reprend sans faire d'allusion à ma face de homard.

- Vous vous doutez bien que malgré mes précautions, les détails de votre "discussion" dans l'escalier sont venus jusqu'à mes chastes oreilles, et même si je sais que les commérages en rajoutent toujours, j'ai une petite idée de ce qui vous "relie" aujourd'hui.

Il se tourne alors vers moi en soupirant.

- Charlie, je vous adore vous le savez. Vous êtes une des perles de cette entreprise. MON entreprise. Et avoir su déceler votre potentiel quand vous êtes arrivée ici il y a 6 ans comme simple intérimaire est une de mes plus grandes fiertés.

Il s'arrête de parler, je sens qu'il cherche les mots justes avant de continuer.

- Il y a visiblement quelque chose de particulier entre Camille et vous. Je ne devrais pas m'en mêler, vous êtes adultes après tout, mais quand je vois l'état dans lequel vous étiez hier l'un comme l'autre, je ne peux pas prendre le risque que ça affecte votre travail et la sérénité de Froufrous.

Oh merde, ça y est, cette fois, je suis vraiment virée. Je sens ma gorge se serrer. Si je dois parler, c'est foutu, je vais pleurer comme une madeleine.

- Alors j'ai pris une décision, la plus sage je pense, pour le bien-être de tous, et le votre en particulier ...

Je ne respire plus, je ferme les yeux comme une gamine, j'aimerais qu'il abrège mes souffrances ...

- Camille va rentrer à New York.


Un stage haute tensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant