Chapitre 5 - Charlie

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Il faut que je me lève, j'en peux plus de me tourner et retourner depuis des heures. Évidemment je n'ai pas réussi à fermer l'œil, j'appréhende tellement cette journée. Le plus fou, c'est que nous n'avons échangé aucun mot pendant, ni depuis. Il faut que je me calme. Alors plutôt que de rester là à devenir folle, je saute dans mes baskets et dévale les escaliers.

J'ai besoin d'aller courir. De faire sortir tout ça de ma tête. Même s'il est 3 h du matin. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ? Comment je vais pouvoir le regarder dans les yeux tout à l'heure ? J'accélère ma foulée et tente de ne penser à rien, abrutie par la musique qui sort de mes écouteurs. Une musique rageuse et expiatoire. Les monuments de Paris défilent sous mes yeux les uns après les autres. Quelques rares passants croisent ma route mais j'ai l'impression d'avoir la ville pour moi seule.

Je pense à lui depuis des heures, je sais que c'est fou et insensé mais j'aime les sensations que mon corps et ma tête éprouvent quand son image s'impose à moi. J'ai l'impression d'avoir 15 ans et de connaître mes premiers émois d'adolescente rêveuse et romantique. Mon cœur bat trop fort dans ma poitrine mais je n'arrive pas à savoir d'où ça vient. Sûrement de cette foulée beaucoup trop rapide et de mes jambes qui n'en peuvent plus. Je ralentis un peu la cadence et finis par me laisser tomber lourdement sur un banc devant chez moi. J'ai mal partout et je reste plantée là à gamberger à n'en plus finir.

Inlassablement mon esprit revient à Camille. J'ai beau le chasser de ma tête, j'ai l'impression que mon corps est connecté au sien, qu'un lien invisible me tire vers lui. Je me pose mille questions auxquelles je n'ai aucune réponse et ça me rend folle. Qu'est-ce qu'il fait en ce moment ? Est-ce qu'il pense à moi là maintenant comme je pense à lui ? Est-ce qu'il regrette ?

Le jour commence à se lever, il est presque 5h, ça fait trop longtemps que je suis assise là. Je me lève complètement engourdie et remonte chez moi. Je file sous la douche pour me débarrasser de toute cette sueur et surtout me calmer. Mais rien n'y fait. 20 minutes plus tard, nue comme un ver, allongée au bord de mon lit, je suis d'une humeur de chien.

M'habiller aujourd'hui constitue un défi de taille. Je suis tiraillée entre trouver quelque chose d'hyper sexy, histoire de voir si ça émoustille Camille ou une tenue très sage qui lui enverrait un message clair et précis : rien de tout ça ne se reproduira. Finalement je coupe la poire en deux. Ce sera un tailleur noir sage mais ajusté avec un débardeur rose pâle qui épouse parfaitement mes formes généreuses. Veste fermée, je reste prude, veste ouverte, il ne répond plus de rien.

Bon les vêtements c'est fait. Maintenant, le maquillage. J'ai une tête affreuse, conséquence d'une nuit sans sommeil et d'une séance de sport trop intensive. Une crème BB qui va bien, de la poudre, un peu de blush, une bonne dose de mascara et un léger smocky discret mais efficace, et l'épreuve du ravalement de façade est bouclée. Reste la coiffure, mais j'ai ni le temps ni le courage de m'attaquer à un lissage en bonne et due forme. Alors un headband qui maintient négligemment mes cheveux dans la nuque et quelques mèches folles qui dépassent feront bien l'affaire aujourd'hui.

Quand j'arrive au bureau, les couloirs sont encore déserts. Parfait. Je peux m'enterrer dans mon antre pour réfléchir. Mais plus l'heure passe, plus j'ai une boule au ventre qui s'installe. Je redoute la réaction de Camille, ou sa non-réaction pour être vraiment honnête.

Deux coups secs à la porte me font sursauter. Il est 9h et Marie entre dans mon bureau, flanquée de nos 2 cafés géants du matin. Notre rituel. Pas de journée qui commence sans notre tête à tête « de connasses » comme elle dit. Et j'avoue que ce matin, il est le bienvenue.

- Oh la la t'as une sale tête mon chou! toi t'as pas dormi ...

- Ouais...  C'est le bordel Marie, je me sens tellement mal.

Un stage haute tensionWhere stories live. Discover now