p.31 › Ana crie le chihuahua.

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« Plus fort Ky, plus fort ! C'est quoi cette gueule de tapette ? Allez un peu de... oh mon Dieu...! »

Je me réveille en sursaut, l'image des seins d'Anastasia en plein dans la figure. Encore à moitié dans mon rêve, je fronce les sourcils. C'était pas très agréable.

Heureusement pour moi aujourd'hui Barett est absent. Car vu comment je suis claqué, je n'aurais sûrement pas tenu l'entraînement. Durant toute la semaine je n'ai fait que réviser, nager, réviser, et visiter Roshe pour qu'il me fasse quelques devoirs (le temps m'est vraiment compté). Et puis c'est sans oublier la classe de français qui s'excite de plus en plus à la moindre évocation du voyage scolaire : entre Mace qui me fout la pression et Ana qui n'arrête pas d'en parler, je suis servi.

J'enfile un sweat à la va-vite avant de me rendre compte que je n'ai pas mis de t-shirt. Je grogne. Foutu pour foutu je descends quatre à quatre les escaliers et débouche sur la salle à manger, occupée par Kurt. D'habitude je me lève suffisamment tôt pour ne croiser personne, mais on dirait que l'autre a eut la même idée.

« Yo, Pâquerette. »

Pour la seconde fois de la matinée, je tressaille. Est-ce le paternel qui me salue ? On dirait bien. Je souris en coin, non pas à cause de son surnom, mais à cause de ma lâcheté. La Ana de mon rêve a raison : il faut que j'arrête de me comporter comme une mauviette.

« Les pâquerettes c'est pas rose, je rétorque en chopant un bol de céréales.

— Peu importe.

Il fait claquer la gazette régionale contre la table.

— C'est bientôt ton voyage à Paris, n'est-ce pas ? poursuit Kurt. Perrault a finalement accepté de t'emmener ? Parce que je te rappelle qu'on a déjà payé, et ça m'emmerderait de l'avoir fait pour rien.

— Lundi prochain. Et pour tout te dire, j'ai eu deux B et un A, dernièrement. Alors ouais, elle est obligée de me traîner avec elle, je lui lance en venant m'asseoir.

— Attends, on parle bien de Kyrel Jensberg là ? Un A ? »

J'émets un sourire exagérément ironique. Quel con.


« Tu sais, j'ai rêvé de toi.

— Ah ? Quel genre de rêve ?

Un rayon de soleil vient caresser l'éclat des yeux d'Ana. Assise en travers de mes genoux, elle profite de sa pause déjeuner pour se laisser aller sous l'ambiance évanescente de ce début de printemps. Effectivement, il y avait de ça longtemps qu'un tel ciel ne nous avait pas accueillis. C'est pourquoi nous sommes là, posés sur l'herbe du parc du lycée, Darlene et Mace qui se bécotent juste à côté.

— Un rêve délicieux.

Elle lève un sourcil. Je ne saurais dire si elle est intriguée ou juste sceptique, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle souhaite en savoir plus.

— Un rêve où je te prenais par derrière pendant que tu criais comme un chihuahua désespéré. »

Elle pousse un cri offusqué. Plaquant ses deux mains contre ma bouche, elle m'allonge – ou plutôt m'aplatit – sur le sol. Son expression scandalisée m'arrache un rire.

« Ah mais quel gros sexiste dégueulasse tu peux être parfois, débile ! Tu m'étonnes que ma sœur en ait eu marre de toi...

stratosphère.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant