XXIV

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Je suis arrivée à un stade où chacun des pas que je franchis est vitale. Ils suivent les rayons du soleil sans jamais dériver même de quelques centimètres cette trajectoire. Pour moi c'est une distance en moins à parcourir à chacun de ces pas.

En entrant ici au début, je ne devais que trouver un des mystères qui couvrent cette forêt, en faire un exposé que je présenterai devant ma classe qui me permettrai de valider mon cursus, au premier abord il n'y avait rien de bien compliqué j'aurais pu faire comme mes camarades et aller chercher à la bibliothèque. Mais je ne suis pas eux, « je m'appelle Tara Mc Gallagher, j'ai bientôt vingt-trois ans » voilà comment je me serai présenté il y a deux semaines, aujourd'hui alors que je cours dans cette forêt je voudrais ajouter qu'en plus de m'appeler Tara et d'avoir un âge. Je suis une jeune femme à qui on n'a pas demandé son avis, je suis tombée sur un homme, et quel homme ! Il a changé ma façon de voir les choses, je ne suis pas prête encore à remettre en question toutes les lois de l'humanité mais je suis prête à accepter.

Beaucoup disent que la première fois où un individu grandit c'est quand il accepte tout de la vie, non pas une ou deux solutions mais toutes celles qui suivent. L'acceptation est le symbole de la morale, c'est ainsi. Le monde est différent de ce que nous pensons et ça tout le monde a encore du mal à l'accepter, ce n'est plus mon cas, désormais, je ne vois plus pourquoi je me contenterai « de passer par la porte quand il y a une fenêtre ».

Ce que je veux plus que tout, c'est lui. Me retrouver avec lui et admirer son profil quand il regardera par la fenêtre, le voir en hiver quand il fait froid et que ses lèvres deviendront rouges. Apprécier qu'il me caresse le visage un matin d'été où le soleil commence à se lever, avoir ses yeux nuit qui absorbent des images de moi sans cesse car il a peur d'avoir oublié un détail. Aimer le voir jouer avec ses doigts quand il ne sait plus quoi faire de ses mains, qu'il sache que je le contemple timidement et qu'il me fasse comprendre qu'il me voit quand il remontera légèrement les deux commissures de des lèvres en dévoilant seulement la surface de ses fossettes. Sentir l'odeur de ses cheveux noirs qui s'accrochera à ma peau quand ses bras s'enrouleront autour de mon ventre pour le gâter du bout de ses doigts...

Ce sentiment qui est né en moi des années en arrière. Un sentiment qui m'avait manqué. L'endroit où tout à commencer, cet endroit où l'on avait scellé nos promesses. C'est à cet endroit-là que ma course s'achève, comment je le sais ? Je le sais c'est tout, n'est-ce pas Arès ? Même seule devant cette étendue d'eau jaune sans aucun indice, sans la moindre information et au beau milieu d'un vaste terrain je sais que c'est là. Cet endroit je l'ai reconnu car c'est le seul que je reconnais entièrement, c'est le seul qui n'a pas changé, tout y est. Chaque détail se trouve à sa place ... Quoiqu'il en manque un... Nous.

Je ne sais pas vraiment ce que je fais j'ai l'impression que quelque chose ou quelqu'un « me pousse à » retirer mes vêtements et m'avancer dans l'eau.

« -Arès est dans une bulle.»

Margareth avait parlé de ça, et Hunter aussi, donc j'imagine que si je me retrouve subitement à me déshabiller et entrer dans une eau froide c'est que la bulle où est enfermé Arès se trouve sous l'eau, en même temps je ne vois pas où ils auraient pu le cacher, il n'y a que des arbres et des pierres. Leur but était de se débarrasser d'Arès, en sachant que la bulle absorbe son énergie vitale même si ils avaient réussi à sortir il en serait mort car il n'aurait pas eu assez d'oxygène et de force pour remonter à la surface...

Mon corps entièrement dans l'eau je ferme les yeux et attends. Inutile de paniquer je sais qu'il est là mais je dois attendre. J'ai lu un livre il y a quelques années, un magnifique ouvrage mais sur toute l'œuvre je retiendrai une phrase en particulier, « deux personnes qui chuchotent, sont deux cœurs qui s'aiment ». Je ne sais pas si il m'aime mais une chose est sûre je l'entends, son cœur qui bat, doucement mais tellement fort. Suivant ses battements j'avance dans l'eau cristalline jaune, je ne sais pas exactement combien de temps ça m'aura pris mais que m'importe le temps que j'y ai mis quand enfin je vois cette bulle.


Il est là, recroqueviller comme un fœtus au fond de l'eau. Son visage est semblable à celui d'un petit ange et son corps est nu comme celui d'un nouveau-né pourtant je ne cherche pas à regarder son corps comme une femme regarde le corps d'un bel homme. Je le regarde comme une femme qui a peur pour un enfant, il est faible et j'ai peur, j'avais promis de ne jamais avoir peur mais c'est le cas pourtant. Comment vais-je faire pour le sortir de cette bulle sans mettre sa vie en danger, sans risquer de le blesser, aurais-je la force de le tirer jusqu'en haut ?...

Ces questions je ne devrais même pas me les poser, je vais le sortir de là mais avant je dois reprendre une bonne inspiration.

Quand s'est fait je replonge sous l'eau et nage jusqu'à cette fichus bulle. Une fois devant j'hésite à la toucher, elle m'a l'air épaisse et je n'aime pas du tout sa couleur kaki qui me rappel la pourriture... Arès est juste là...

Timidement je pose ma main sur la paroi de cette bulle, étonnamment ma main passe en travers c'est un bon début, cela signifie que je n'aurais pas à porter la bulle. Si ma main passe mon corps aussi le pourra non ? Déterminer je rentre tête la première dans cette sphère avant que mon corps entier n'y soit. Je me retrouve contre le corps d'Arès et l'envie de pleurer se forme au creux de ma gorge, enfin tu es avec moi Arès.

- Chaton...

Un hoquet de surprise m'échappe quand j'entends sa voix faible et que je vois ses paupières sont plus proche de la fermeture que de l'ouverture.

- Je suis là...

Un sourire se peint sur son visage et mes larmes quittent enfin le bord de mes yeux pour rouler sur mes joues.

- Je vais te sortir de là.

Maladroitement je passe son bras en travers de mon corps, je réfléchis quelques secondes avant de finalement poser une main sur sa joue et d'approcher mon visages du sien pour déposer un simple baiser sur ses paupières. Une fois que j'ai son corps correctement sur le mien je prends un appui sur mes jambes et pousse de toute mes forces dessus, il s'avère que sortir est beaucoup plus difficile que d'entrer.

La bulle nous retient mais je suis plus forte que ça, après tout ce qu'on a vécu je ne perdrai pas face à une bulle alors je pousse encore contre la roche sur laquelle reposait la bulle cette fois elle finit par céder et Arès tout comme moi sommes hors de danger, enfin presque... Avec le peu de force qui me reste mes jambes nagent vers la surface quand mes bras serrent Arès du mieux qu'ils le peuvent.

Même si mon corps n'en peut plus je prends sur moi et nous tir jusqu'à la surface.

Un grand bol d'air, voilà c'est exactement ce que je prends quand mon corps se trouve enfin en dehors de l'eau alors que je rame les quelques mètres qui nous sépare de la rive je sens l'euphorie m'envahir ; On a réussi.

Tant pis si je m'effondre sur la rive comme maintenant ça ne fait rien, Arès est sauf et reprend tout comme moi sa respiration comme si on avait été en apnée depuis des heures alors que dans la bulle il y avait de l'air. Mes jambes n'auraient pas pu supporter plus, ni mes jambes, ni mon corps ce qui est apparemment le cas d'Arès d'aussi.

End -2 !!! Avec un retour de notre Arès !




WOOD (EN RÉÉCRITURE)Onde as histórias ganham vida. Descobre agora