~ Chapitre 13 ~

1.1K 52 4
                                    

Cinq jours qu'on bosse comme des acharnés sur la chorégraphie et la chanson... Et ça commence enfin à prendre forme, même si ce n'est pas parfait. "Confia en mi" est définitivement terminé... Même si Jonas a toujours des choses à arranger. Mais je lui fais confiance. Concernant la chorégraphie, c'est plus compliqué que prévu... Brodway a de très bonne idées, tout comme ses élèves mais on trouve toujours des modifications à faire ici et là... J'ai l'impression de ne plus en voir la fin et mes journées me paraissent bien longue, entre les répétitions de danse, de chant pour le spectacle, plus les chansons de l'album qu'il faut continuer de composer. Ayant perdu l'habitude de travailler autant, la fatigue commence à se faire sentir rapidement et aujourd'hui particulièrement, j'ai les nerfs à vif, même si j'essaie de le montrer le moins possible, Pepe, qui était venu voir comment se passait les répétitions, m'en a fait la remarque. Depuis le jour où nous sommes sorti tout les deux, il vient toujours à un moment de la journée, pour différentes raisons plus ou moins plausible. Aujourd'hui, c'est pour le "fun". On a pu s'échanger deux ou trois mots, et j'avoue qu'on s'est peut-être un peu rapproché. C'est un bon ami. Même s'il continue de dire des choses parfois déplacé ou qui ont le don de m'agacer...
Appuyé contre le mur en face de moi, il nous regarde exécuté notre chorégraphie.
Je danse à en perdre haleine, jusqu'à ce que Brodway, qui nous fixe attentivement, arrête la musique.
- Je pense qu'on devrait s'arrêter là pour aujourd'hui.
- Quoi ?m'etonné je. Mais il n'est que deux heures... Ça fait 30 minutes à peine qu'on a commencé.
- Violetta, vous êtes crevé... On arrivera à rien vu comme c'est parti. Je pense qu'une après-midi de libre vous ferez à toute du bien... On a encore 4 jours de répétition et on est presque au points... Détend toi un peu, d'accord ?
Je soupire et quitte la salle commune que nous avons aménagé en salle de danse pour me diriger vers le studio ou se trouve mes affaires et donc, ma bouteille d'eau. Je prend rapidement une gorgée et manque de m'étouffer à l'entente de la voix de Pepe.
- C'est pas la forme...
Je me retourne en refermant le capuchon de ma bouteille.
- Tu peux pas prévenir quand tu entres ? J'ai failli m'en mettre partout...
- Ça aurait été drôle.rigole t-il.
- Garde tes remarques pour toi.grondé je en revenant sur mon sac pour y ranger ma bouteille. Je me détache les cheveux et, ayant oublié ma brosse, passe rapidement ma main dedans pour les discipliner un minimum.
- Tu comptes faire quoi cette après-midi du coup?
Je range ma serviette et passe une bretelle de mon sac sur mon dos avant de lui faire face.
- Je n'en sais rien et de toute façon, je ne vois pas en quoi cela peut te concerner.
Je le contourne mais il me rattrape fortement par le coude, me ramenant à ses côtés.
- Attend... Un de tes amis m'a chargé de te dire que ta présence lui serait très agréable cette après-midi... Et qu'il pense que ça pourrait te faire du bien de passer un peu de temps avec lui et de penser à autre chose que ton boulot...
D'un geste sec, je me dégage de son emprise avant de l'interroger du regard et attendant patiemment qu'il en dise plus sur ce soit disant "ami".
- Alcatraz n'attend que toi.declare t-il.
Je lève les yeux au ciel et souffle bruyamment.
- Je suis fatiguée... Il attendra.
Je m'en vais de la salle mais il me suit.
- Non... pas éternellement du moins...Je suis sûr que ça te ferait du bien...insiste t-il.
Je m'arrête au milieu du couloir, hésitante.
- Allons-y...cédé je face à son regard presque suppliant.
Je me demande pourquoi il se montre autant persistant à l'idée que monter à cheval me serait bénéfique... Nous allons dire au revoir à tout le monde puis sortons de l'appartement. Direction les écuries. Dans la voiture, un silence de plomb nous entoure, jusqu'à ce que Pepe me propose un jeux.
- Je te pose une question, et t'es obligé de dire la vérité. Puis, c'est à ton tour.
- Sérieusement ? T'as rien de plus original ?
- Pas vraiment. Oh moins, on apprendra à en connaître un peu plus l'un sur l'autre.
- Ok, je commence.fais je rapidement. Pourquoi cherches tu absolument à vouloir me connaître justement ?
- Tu vois que finalement, il est pas si nul que ça mon jeu... Vu la façon dont tu t'es lancé.
Il se concentre à prendre le croisement puis me répond :
- Parce que... Tu es toi. Intrigante. Malgré le fait d'être une chanteuse internationalement connu, tu restes... Une fille plus que normale. Et j'en ai connu qui se la jouait alors qu'elle n'avait jouer que dans deux ou trois film. Et peut-être aussi parce que tu es bien la seul qui m'ait refuser mon numéro. Sans parler du fait que tu sais me remettre à ma place. Tu as un certain caractère, de bonnes valeurs et ça me plaît... Sans oublier que tu es plutôt canon.
Je me sens légèrement cramoisir des joues.
- Ok... Rien que ça...murmuré je, ironique. Bon, à toi.
Il se mord la lèvre, en pleine réflexion, fixant la route avec attention. On a le temps de crever avant qu'il pose sa question... Je reprend ma bouteille et la porte à mes lèvres.
- J'ai une chance ?
Cette fois, je m'étouffe pour de bon.
- Quoi ?m'étranglé je.
- Est ce que j'aurais une chance que tu sortes un jour avec moi.
Je referme ma bouteille et la range, secouant négativement la tête.
- Jamais. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je porte une bague de fiançaille... Et je l'aime, il n'y a aucune chance que je le lâche pour toi ou n'importe qui d'autre. Alors n'espère même pas et tâche de garder tes distance et de te faire à ton rôle de simple ami. Ou c'est moi qui m'occuperai de mettre de la distance entre nous.le menacé je, très sérieusement.
Il déglutit et hoche la tête. Nous arrivons dans l'allée du petit haras.
- Leon a de la chance de t'avoir.souffle t-il, d'un ton plutôt déçu.
Alors qu'on se soit garer, je pose une main conciliante sur son épaule.
- Tu trouveras celle qu'il te faut... Comme lui et moi nous sommes trouvés. Soit patient.
Il me sourit et opine. Nous sortons de la voiture.
Je commence à aller vers l'écurie mais il m'arrête. - Il est dans les prés.
Nous y allons donc, passant derrière l'énorme bâtisse en pierre. À l'arrière s'étendent devant moi une quinzaine de petit enclos. Et comme prévu, le cheval noir se trouve dans l'un d'eux... Le plus proche de nous. Sa robe est terne, et plutôt sale, on peut deviner qu'il s'est amusé à aller se rouler dans la boue.
- Je reviens...me prévient soudain Pepe.
Il disparaît derrière le bâtiment et je me retrouve à nouveau seule devant Alcatraz. Je m'approche et vient m'accoler à la barrière. Le cheval plante son sombre regard dans le mien avant de baisser à nouveau la tête dans l'herbe, sans m'accorder la moindre importance. Je ne connais pas grand chose aux chevaux... Tout ce que j'ai pu apprendre se trouvent dans les rares bouquins que j'ai eu l'occasion de feuilleter à leur sujet. Pepe reviens, un accessoire et des bottes en caoutchouc verte dans une main, une boîte dans l'autre.
- Mets ça.ordonne t-il en me tendant les bottes. Elles devraient t'aller...
Je soupire.
- Je suis obligée ? Elles sont bien mes baskets...
- Si tu veux colorer tes chaussures en marrons ou noires, pas de soucis, tu peux les garder... Sinon, je te conseille vivement d'enfiler les bottes... Puis, personne te verra...
À contrecœur, j'obtempère. Pepe me tend l'ustensile qu'il avait et qualifie de "licole", m'expliquant que cela sert à attraper le cheval. Nous entrons dans l'enclos et Alcatraz relève vivement la tête remarquant notre présence, et machouillant encore une énorme touffes d'herbe. Pepe s'arrête à une dizaine de mettre du cheval. Je l'imite.
- Alors... Il est casse pied à attraper. Mais c'est parce que personne n'a vraiment pris le temps de le faire... On lui court après à chaque fois. J'ai une théorie que j'ai utilisé avec ma jument, qui était comme lui à ses débuts, et ça a fonctionné alors pourquoi pas l'utiliser pour toi et lui... C'est simple: tu restes ici, licole en main. Tant qu'il ne bouge pas, tu ne bouges pas. Laisse le faire le premier pas. Et seulement après, tu pourras aller vers lui. Il faut que tu lui montres d'entrer que tu es de son côté, que tu es son amie. Lui courir après serait comme si on était que des potentiel prédateurs... Je vais m'éloigner un peu mais je reste derrière. Ça peut être long... J'espère que tu es patiente.
- Pas vraiment...
- Tu vas devoir prendre sur toi alors...raille t-il.
Je me concentre sur le cheval alors que Pepe se recul contre la barrière. Alcatraz me fixe pendant cinq minutes mais finit par replonger la tête dans l'herbe.
- Il se fout de moi ?ronchonné je. Comment veux tu qu'il vienne si déjà il ne me prête aucune attention...
- Bon, premièrement, boucle la. T'as pas besoin de parler avec les chevaux. C'est une des raisons pour laquelle j'apprécie particulièrement cette activité... Tu vas devoir travailler sur "toi" si tu veux obtenir quelques choses de sa part... Observe. Mais tait toi... Tu es sûr qu'il ne te prête aucune attention ?finit il par me questionner.
L'étalon arrache avec panache l'herbe et ne s'arrête pas de mastiquer, secouant de temps à autre la tête pour chasser les mouches.
- À part manger, il ne fait rien d'autre...
- Regarde ses oreilles. L'une d'elle est tournée vers toi, signe qu'il écoute tout ce que tu fais, chacun de tes mouvement est capté.
Je n'y avais pas pensé... Alors, je me tais et continue de le détailler. Les minutes s'écoulent lentement... Et plus le temps passent, plus l'attente me paraît pénible et insupportable. Je m'impatiente et commence à passer d'un pied sur l'autre, face à l'ennui. Au bout de trente minutes à piétiner sur place et à regarder l'animal manger (ce qui n'est pas une chose ultra passionnante), je me retourne.
- C'est bon, j'en ai marre...
Je rejoins Pepe qui affiche un sourire en coin. Je ne comprends tout d'abord pas pourquoi jusqu'à entendre le son régulier des quatre sabots se posant un à un au sol. Je n'ose plus bouger, ni même respirer. Je le sens tout prêt. Il passe son nez sur mon épaule et son souffle vient me chatouiller la joue. Je tourne doucement les talons pour me mettre face à lui et le caresse.
- Tu vois... Tu peux lui parler maintenant, le félicité pourquoi pas et doucement, passe lui la corde accrochées au licol autour du cou.
Je m'active avec des geste précis, calme et mesurée. Le cheval se laisse faire. Pepe me rejoint et me montre comment placer le licol puis nous le ramenons dans son box ou je passe le reste de l'après-midi à apprendre à le brosser et m'en occuper pendant que Pepe s'occupe de nettoyer des stalles. Ces quelques heures me permettent de penser à autre chose que mon spectacle...soit Alcatraz. Je m'amuse même à lui tresser la crinière. Une fois decrotté de la tête au pied, je prend un peu de recul pour observer mon chef-d'oeuvre. Et j'en suis fier. Je m'approche de sa tête et vais pour lui caresser le chanfrein quant une inscription sur la muserolle de son licol attire mon attention.
- "Alcatraz Run".cité je. C'est son vrai nom ?
- Oui. Quand il est arrivé, il avait ce licol avec ce nom...
- Mais personne n'est venu le demander ?
- Non. La propriétaire du lieu l'a trouvé derrière les écuries, en compagnie de ses autres congénères. Elle a laissé des annonces mais personne n'est jamais venu le réclamer.
- Et elle a fait des recherches sur ce cheval ?
- Pas vraiment. Elle a prévenu les autorités et a fait tout le nécessaire pour retrouver ses vrai propriétaire mais personne ne s'est manifesté. On lui en a donc donné la garde. Depuis, Alcatraz est ici.
Je hoche la tête avant d'annoncer que j'allais finalement partir, après avoir considéré l'heure plutôt tardive. J'embrasse Alcatraz sur le bout du nez, avant de le rentrer dans son box puis salue Pepe de la main. Il m'arrête alors que je m'apprête à sortir.
- Tini, tu devrais venir t'occuper de lui un peu plus souvent. Juste le brosser. Personne ne s'en occupe vraiment ici. Il a un caractère bien trempé et même moi j'ai du mal à l'apprécier par moment... Mais vous avez l'air de bien vous entendre. Accorde lui juste 30 minutes de ton temps tout les deux à trois jours... L'écurie est toujours ouverte et une clé se trouve sous le pots de fleur, à l'entrée, si jamais le portail est fermé...
Je lui lance un regard plein de reconnaissance.
- D'accord...
Il retourne à sa tâche.
- Pepe...l'interpellé je.
- Mmh ?
- Merci.
Je le vois me rendre le sourire que je lui lance, avant de quitter l'endroit.
Après avoir _ à mon grand soulagement_ re-enfilé mes baskets, je prend la direction de chez moi, heureuse de l'après-midi que je viens de passer. Pepe avait finalement raison, j'avais besoin de m'éloigner des répétitions et de tout ce qui pouvait toucher à ma vie cotidienne... Et revenir ne pourra me faire que beaucoup de bien. Mais je vais devoir bien vite replonger dans la réalité des choses qui sont plutôt complexe en ce moment...
À commencer par rentrer et reprendre la réflexion au sujet, qui, je pense, va vite me prendre la tête: les préparatifs du mariage. On est allé manger chez mon père et Angie il y a deux jours et plusieurs questions se sont bien vite posé. On y réfléchit calmement avec Leon en ce moment... On aimerait quelques choses de simple, et discret... Mais ce n'est pas vraiment l'avis qu'à mon père, et encore moins Ludmila, qui s'est mise en tête de devenir notre organisatrice de mariage. Et si on la laisse faire, on est parti pour faire une fête immense, dans un château, avec environ 1500 invités... Soit tout ce qu'on ne veut pas. Seul Angie nous soutiens dans notre point de vue et je ne l'en remercierai jamais assez. Un mariage n'est pas forcé d'être grandiose... J'y pense, on a même pas encore réussi à se fixer de date précise...
Je n'ai pas vu le trajet en voiture se passer, mille et une question me traversant l'esprit à vive allure... Je me demande si je n'aurais pas dû rester aux écuries, loin de tout problèmes... Je broie du noir à cette pensée et me gare devant la maison. J'entre par le portillon, traverse le jardin et alors que j'allais ouvrir la porte, une fille le fait à ma place, ressortant de l'habitat. Malgré ses lunettes de soleil, ses cheveux bruns désormais partiellement teint en blond et un style beaucoup plus féminin qu'auparavant, je reconnais cette personne au quart de tour: Lara.

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Where stories live. Discover now