Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2

Tome 2 ~ Chapitre 22 _ Tini

- Violetta ?

Le timbre de sa voix est clair et fort, ne laissant transparaître aucune émotion, aucun signe d'hésitation, ni de stresse évident.

- Leon.

Pepe me jette un regard en biais avant d'aller s'activer ailleurs pour me laisser un peu d'intimité.

- Comment tu vas ?

Ouah. Après deux semaines d'absences, c'est tout ce qu'il trouve à me dire ?

- Parce que ça te préoccupe maintenant ?rétorqué je amèrement.

Silence. Il soupire, puis commence, hésitant :

- Il faudrait qu'on se voit... J'ai terminé ma série de concert en Europe, comme tu dois peut être le savoir... Je suis à une heure de route de Buenos Aires actuellement, dans une petite ville... Tu es disponible ?

Pour que tu dénigres encore notre enfant ? Non. Je sers la longe de Mélodie entre mes doigts.

- Pourquoi voudrais tu qu'on se voit ? Tu as été clair, si c'est pour me rabâcher ce que tu m'as déjà dit et essayer de me faire changer d'avis, tu peux toujours...
- Violetta, je ne suis toujours pas prêt pour la paternité...

Je suis sur le point de raccrocher lorsqu'il continue :

- Mais sois bien sûr d'une chose: je t'aime. Écoute moi, te perdre est la dernière chose que je veux... J'ai passé les quatorze dernier jours à faire semblant de sourire, d'être heureux alors que je ne l'étais pas. Une fois hors de la vue des journalistes, j'airais comme une âme en peine dans ma chambre d'hôtel ! Je n'en peux plus de cette situation, de nous savoir aussi éloigner l'un de l'autre. Je n'ai pensé qu'à toi, à cette grossesse et à tout ce qu'elle signifie. J'en ai parlé avec Juan aussi. Des tonnes de questions me torturent l'esprit et je n'y trouve pas de réponse. J'y ai réfléchi pendant tout ce temps, je n'ai pas arrêté ! Je... Il faut qu'on en parle. J'ai été injuste avec toi, je le reconnais. Mais on a besoin de parler Tini, surtout après tout ce qu'il s'est passé.

J'inspire profondément en jouant nerveusement avec la longe du licol, ce qui ne semble pas embêter ma petite jument grise qui s'est presque assoupie. J'en émets un bâillement. Moi aussi, une sieste ne me ferait pas de mal...

- Très bien.

J'ai la légère impression de l'entendre étouffer un cri de joie. Mais ce doit être mon imagination. Il se racle la gorge et demande, sérieusement:

- D'accord, on pourrait se voir ce soir ? Dans un restaurant, celui que tu voudras.

Ce soir ? Je me mords la lèvre inférieur.

- Leon, je suis fatiguée... Peut être...
- Demain matin alors ?questionne t-il aussitôt. Au petit bar en face du parc, tu te souviens ?
- Oui. Pour neuf heures ?
- Neuf heures, j'y serai.conclut il avec détermination. À demain alors...
- À demain.

Je raccroche. Je me demande s'il est possible d'avoir des conversations plus froide que celle que je viens de vivre... Néanmoins, tout ce que j'éprouve par la suite est un immense soulagement. Il ne m'a pas oublié... Il est revenu. Il m'a dit qu'il m'aimait. J'appuie mon front contre celui de la jument en fermant les yeux, apaisée par le dialogue que je venais d'avoir avec Leon. Tout n'est peut être pas perdu finalement. Mélodie souffle bruyamment alors que je m'écarte.

- Tout va s'arranger...

La jument s'ébroue. Ses naseaux frémissent et elle me fixe avec cette même lueur innocente dans le regard. Une lueur trop innocente pour la chipie qu'elle peut être par moment. Malgré ça, elle est incroyablement attachante.