Tome 2 ~ Chapitre 18 _ Tini

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Perdue dans mes pensées, je reste longuement le front collé contre le petit hublot de l'avion. La voix d'une hôtesse de l'air nous informe qu'il nous reste encore une heure de vol. Une heure. Soixante minutes avant d'atterrir.
J'aimerai soudainement faire demi tour et rejoindre Moufle. M'enrouler dans ma couette et manger. Manger des tonnes de chips. Barbecue, paprika, poulet braisé...
Mon dieu, je suis en train de tomber dans le cliché de la femme enceinte.
Une main sur mon ventre encore plat, je redoute les moments à venir...
Que va penser Leon face à cette nouvelle ? Nous avions déjà eu l'occasion de parler de « bébé » , et ce, à plusieurs reprises... Je me souviens qu'il avait était plutôt clair: ce n'était pas envisageable pour le moment.
Néanmoins, je me suis autorisée à inventer le contraire...

"- Leon, je suis enceinte.
- Oh, mon coeur, c'est fabuleux !"

Suivit d'une longue déclaration, où il me réconforterait, me rassurerait, et me dirait que tout irait pour le mieux. Je sais très bien que ce serait incroyable qu'il réagisse ainsi, et qu'il y a très peu de chance que cela se produise. Ce serait trop beau...
Donc, je me prépare psychologiquement à le seconde alternative, beaucoup plus pessimiste mais aussi beaucoup plus probable: celle où il n'accepterait pas cette enfant.
Ma plus grosse hantise serait qu'il s'énerve et me pose un ultimatum. Lui, ou le bébé. Serai je capable de choisir ? Je n'en sais rien.
Dans un cas comme dans l'autre s'ensuivrait un long dialogue sur ce même sujet qui me tracasse depuis que Ludmila m'a conduit à y penser: l'avortement.
Si par miracle Leon se montre heureux de cette nouvelle, la question ne se posera pas.
Je le garderai parce que, même si je suis inquiète et réticente à l'idée d'avoir un enfant, savoir que je serai soutenue à cent pour cent dans cette petite épreuve me réconforterait.
Et s'il venait à refuser... Je continuerai à y réfléchir. Au fond, j'ai envie de ce bébé. Mais serai je vraiment capable de l'assumer ? Suis je prête à devenir maman ? Comment le savoir ?
Être mère demande du temps, du dévouement... Mais avec le métier que j'ai, je n'en aurais pas. Ou pas assez. Et alors un autre choix s'imposerait : ma carrière, où le bébé ?
Et je sais pertinemment que je choisirai le bébé. Et même si je continue ce que je fais, ce ne sera plus comme maintenant. J'aurais cette grosse responsabilité en plus sur les épaules, et qui pèserait lourd, surtout si Leon ne me soutient pas.
Avoir cette enfant signifierait tellement de chose... Moins de liberté, moins de voyages et de tournées sûrement, et moins de temps pour moi et mes passions...
Et d'un autre côté beaucoup plus de joie, de rire, de bonheur, de partage, d'inspiration, de câlins... Et d'amour.
Un sourire inattendu apparaît sur mes lèvres, alors que je me vois dans mon salon, un bébé dans les bras, Moufle à mes pieds, muni de son habituel regard empli d'innocence... Mais l'absence de Leon dans ce beau portrait me ramène durement à la réalité.
Pour conclure, je ne suis pas pour l'avortement, comme je ne suis pas contre... Cette décision n'est juste pas à prendre à la légère puisqu'elle pourrait changer le cours de ma vie.
Tout me paraît tellement compliqué... Et encore irréaliste.

J'ai pris l'avion hier soir, après avoir eu, dans le courant de l'après midi, les résultats d'une prise de sang qui confirmait ma grossesse. Il n'y avait plus vraiment de doute à avoir à vrai dire. Ce dernier test n'était qu'une preuve de plus, à mon grand désespoir.
Que Ludmila ai été présente m'a aidé à ne pas flancher à la vue des résultats.
J'avais voulu attendre les résultats de cette prise de sang avant de faire quoi que se soit à propos de Leon. Je n'ai pas eu le courage de l'appeler. Heureusement que Ludmila m'avait freiné dans mon élan deux jours auparavant, alors que je venais de découvrir ces deux insolentes barres roses.
Je n'aurais pas pu lui dire. Pas de cette façon. Ça me paraît juste irrespectueux de lui annoncer ça sans l'avoir en face de moi. Ce ne sont pas des choses qu'on transmet aussi simplement, par un simple coup de fil...
Ni une, ni deux, j'ai donc recherché un billet pour L.A. Ludmila s'est occupé pendant ce temps de me trouver un moyen de transport une fois là bas. Pour ce qui était de Juan, je pouvais oublier, il devait être trop occupé... Sinon, il me reste le taxi. Ça ne me dérange pas non plus.
Ludmila eu une autre idée et me surprit quand elle m'annonça que ce serait Francesca qui viendrait me prendre à l'aéroport. J'avais complètement oublié qu'elle se trouvait encore à Los Angeles. J'en fus très heureuse.
Et pour ce qui est de convaincre Cassandre de me laisser partir, ce ne fut pas un réel problème. Je lui ai simplement dit que je voulais rendre visite à Leon. Elle me laissa une semaine, pas plus, car elle me prévoyait quelque chose pour mon retour. J'ai hésité à lui parler de ce qui m'arrivait... Et au final, je me suis ravisée. Pour l'instant, personne n'avait vraiment besoin d'être au courant.
À part un, dont la réaction me rends de plus en plus nerveuse.
Je me tortille sur mon siège, me demandant ce que je faisais là et pourquoi je n'était pas resté encore un peu à me lamenter sur mon canapé...
On nous demande bientôt de nous attacher, en prévision de l'atterrissage.
Je suis à la fois heureuse et stressée de savoir que ce vol se termine...

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Where stories live. Discover now