Tome 2 ~ Chapitre 19 _ Tini

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Leon regarde autour de lui, mal à l'aise et crispé. J'essaie de déterminer son humeur, mais rien pour l'instant. Il reste complètement impassible. Finalement, il se lève, pose quelques billets sur la table et prend ma valise.
Je n'ai pas d'autre choix que de l'accompagner. Nous sortons du restaurant sous un ciel qui s'est étrangement assombri et apparaît comme menaçant. Le vent s'est levé. On peut dire que le temps se prête à l'ambiance qu'il y a entre Leon et moi...
Un silence de plomb règne en maître. Il marche d'un pas sec et rapide, les yeux rivés au sol, traînant la valise comme un fardeau derrière lui. Maintenant que je l'observe mieux, il a l'air complètement sonné. Quant à moi, j'ai du mal à le suivre. Nous avançons dans les rues, bouchées par la circulation et empruntés par des personnes pressées de rentrer chez elles, face à l'orage qui semble se préparer. Je ne sais même pas où nous allons.
Je m'étais imaginée des scènes complètement catastrophiques, me préparant à celles-ci du mieux que je pouvais, pour finalement me retrouver face à la version personnifiée d'un mur ? Remarque, ce n'est peut être pas plus mal...
Et puis, allez savoir s'il ne sénervera pas une fois qu'on sera face à face pour parler réellement ?
Son mutisme me perturbe et m'exaspère néanmoins.
Je lui prend le poignet et l'arrête en plein milieu du trottoir, m'apprêtant à prendre la parole mais il le fait avant moi :

- Tu en es sûr ?questionne t-il d'une petite voix.

Il regarde le sol, puis les murs décrépit qui nous entoure, avant de revenir sur moi. Le malaise qu'il éprouve se ressent à des kilomètres à la ronde...

- Oui. J'en ai eu la confirmation hier...

Il déglutit et fuit mon regard pour la énième fois.

- Leon...

Il observe le ciel, plus pour se donner contenance, que par réel intérêt.

- On ferait mieux de... Partir. Il va sûrement pleuvoir. On en parlera une fois rentrer.

Une bourrasque de vent me fait frissonner alors que Leon m'a déjà tourné le dos. Je réajuste mon châle sur mes épaules dans un soupire puis me remets en marche. Une discussion des plus sérieuses et peut être mouvementées m'attendais...
Le plus gros était fait au moins: il le savait. Et en prime, je n'ai pas eu le droit à ce qu'il me fasse tout une scène dans ce lieu publique.
En route, je remarque que Leon montre de l'attention aux enfants qu'il croise, et aux femmes munies de poussettes. Il se prend d'ailleurs le pied dans l'une d'elle, et écarquille les yeux à la vue du bébé qui se trouve à l'intérieur. Je dirai même qu'il manquait de peu de lui vomir dessus. Il s'excuse dans un murmure à la mère et nous reprenons notre route.
Pendant tout ce temps, il ne souffle pas un seul mot.
Il ne fait aucune remarque à la vue d'enfants se disputant dans la rue sous le regard impuissant de leur père, ou face à une mère tentant vainement de calmer son bébé en pleure.
C'est dingue, j'ai l'impression que tout ces gamins ont choisi leur jour pour paraître détestables aux yeux de tout ceux qui les regardent... En particulier Leon.
Pourtant, celui ci se montre sur réserve. Aucune question comme « c'est vraiment ce que tu veux ? » n'est dite.
Juste un silence pur et dur et une observation minutieuse des familles qui l'entourent. Je le laisse à ses pensées, et respecte son silence. Je ne sais pas du tout ce que ça augure... J'espère que ce temps de réflexion l'aidera à digérer la nouvelle.
Nous arrivons, après une bonne quinzaine de minutes de marche, et deux étages à monter à cause d'un ascenseur en panne, dans son petit appartement. L'endroit est plutôt luxueux.
Leon laisse ma valise à l'entrée puis se dirige directement vers la cuisine, passant nerveusement une main dans ses cheveux. Bizarrement, je ne suis pas si anxieuse que ça à l'idée de lui parler. Je me rends compte que j'ai juste besoin de lui faire part de mes ressenties, j'ai besoin de son appui.
Toutefois, vue son état, ça m'étonnerait que j'arrive à l'avoir.

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Where stories live. Discover now