Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2

~ Chapitre 23 ~

Je raccourcis mes rênes et sert légèrement mes talons sur les flancs de mon étalon. Sachant ce que je voulais de lui, à ce simple signal, il bondit en avant et se lance dans une course effrénée. En équilibre sur mes étriers, je me penche sur son encolure et sans se faire prier d'avantage, il accélère. Les oreilles en avant, la queue en panache, il lance une légère ruade pour montrer son état de satisfaction et d'euphorie. Le sentier de terre que nous traversons défile à toute vitesse, le vent me fouette le visage, me pique les yeux, tellement que ma vue se trouble. Les foulées d'Alcatraz s'agrandissent encore. Ses sabots heurtent avec force et puissance le sol. Il avance avec entrain et assurance sur ce chemin qui semble sans fin

Tout finit par disparaître autour de moi. Je suis vite perdue entre ciel et terre. Les battements de mon coeur sont aussi rapide que la marche de ma monture.

Je m'accroche simplement à ses long crins noir, lui laissant un semblant de liberté. Cette liberté qu'il a la bonté de me faire partager. J'aimerai la ressentir encore longtemps... Toute ma vie si cela était possible.

Depuis que Pepe m'a appris à tenir en selle, je ne m'en lasse pas. Cette instant précis, où je me laisse aller au galop de ce cheval est devenu mon moment d'évasion dans la vie de fou que je mène ces derniers temps.

Je me redresse doucement sur ma selle, à contre coeur, et aussitôt, Alcatraz ralentit, le souffle lourd mais pressé de repartir, comme on le fait habituellement, après quelques minutes de marche au calme. Mais je lui fais faire demi-tour, ce qui le fait grogner puis s'arrêter net pour regarder dans le sens opposé.

- Pas aujourd'hui...soufflé je, aussi déçu que lui. Crois moi, j'aurais préféré rester sur ton dos, qu'aller à cette fête...

Je le pousse à avancer d'un claquement de langue et il s'exécute, après une légère hésitation. Je rentre sans me presser à l'écurie où Pepe est en train de brosser Chandelle, une jument alezane. Sans se retourner et continuant à s'affairer autour du cheval, il remarque :

- Vous êtes rentrés plus tôt que d'habitude, non ?

Je met pieds à terre et marche rapidement vers le box de mon cheval où je l'attache à l'entrée.

- Ouai et encore, je suis en retard. C'est l'anniversaire de Juan ce soir.expliqué je. Les Vargas organisent une petite fête... Où il n'est censé y avoir que leur famille. Mais mon producteur a tenu à ce que je vienne.grogné je en enlevant la selle du dos d'Alcatraz pour la mettre sur le portillon du box.

- Tu as l'air ravie...

- Tellement...ironisé je me mettant a retirer le reste de l'équipement.

Je prend rapidement une brosse et la passe un peu partout sur le corps de l'animal.

- Ça fait combien de temps ?

J'attends plus de précision, le regardant par dessus le dos du cheval.

- Leon. Ça fait combien de temps que tu ne l'as pas vue ?

- Depuis... Deux semaines. Mais je me suis encore fait refoulée...

- T'abandonnera pas...Je me trompe ?

Je passe derrière Alcatraz et lui balance la brosse qu'il rattrape de justesse.

- T'as tout compris Einstein ! Tu me le rentres ?demandé je en désignant rapidement l'étalon.

- J'ai pas le choix de toute...

- Non.coupé je en souriant. Merci, à plus !

Je prend mon sac se trouvant à la sortie des écuries à la volée, salut d'un geste de la main un employé, et court jusqu'à ma voiture. Je quitte le parking de l'écurie en trombe.