Hello // VF [H.S] (En pause)

Chapitre 1

« You've been taking up my mind with your little white lies. »

Je soupire, assise à ma coiffeuse. Depuis déjà dix minutes, Joséphine essaye de dompter ma chevelure indisciplinée pour la rendre présentable ; en vain. Je l'entends murmurer quelques paroles, et je suppose qu'elle est désespérée à l'entente des gémissements plaintifs que je perçois une seconde plus tard. Je force donc un sourire et lui demande de me laisser seule. Elle acquiesce doucement avant de disparaître pour se charger d'une nouvelle tâche ; dans la cuisine probablement. Mes yeux rencontrent mon reflet dans le miroir et, soupirant pour ce qui semble être la centième fois de la matinée, je souffle sur une mèche rebelle qui tombe sur mon front. Pendant quelques secondes ensuite, il n'y a aucun mouvement, aucun son, comme si le temps s'était arrêté. Je passe juste en revue mon reflet. Je me reconnais à peine. Mes joues sont creuses et mon teint est pâle, tellement pâle que je semble ne pas avoir dormi depuis des jours. Mes cheveux sont ternes ; ils n'ont plus cette brillance, qui me valait en général toujours des dizaines de compliments.

Finalement, je ramène mon attention sur mes cheveux et les torsade en un élégant chignon. Je fronce les sourcils, saisissant de mes mains la belle broche que ma mère m'a offerte pour mon vingt-deuxième anniversaires qui a eut lieu il y a cinq mois de ça. Je fixe le bijou pendant un moment et hausse les épaules avant de l'accrocher dans mes cheveux. Cela devrait faire l'affaire, me dis-je. Après ça, j'applique une crème hydratante sur ma figure blanche, habille mes oreilles de mes boucles d'oreilles favorites et vaporise mon cou deux fois de mon parfum pour les occasions spéciales. Si Gabriel De Los Rios ne succombe pas à mes charmes, je risque gros.

« Mary, que fais-tu ? » J'entends la voix aigüe de ma mère provenir du couloir ; elle arrive vite dans ma chambre, les mains posées sur les hanches. « Pourquoi n'es-tu pas encore habillée ? »

« Je peux porter ma robe bleue ? » Je demande, battant mes cils dans l'espoir de la persuader. J'insiste sur le mot 'dans l'espoir' puisque souvent, trop souvent, il est inutile de discuter les ordres de ma mère. Quelques soient les arguments que je m'efforce à lui fournir, ça ne la fait jamais changer d'avis. Parfois, mais rarement, je considère ce trait de caractère comme une qualité ; mais les trois quarts du temps c'est un défaut dont ma mère ne semble pas vouloir se débarrasser.

« Bien essayé, Mary. » Elle secoue sa tête avec désapprobation ; puis elle s'exclame subitement, me faisant sursauter de surprise dans mon fauteuil style Louis XVI. « Mon Dieu, tes cheveux ! Que diable Joséphine a-t-elle fait avec ? Mets ta robe maintenant, nous allons arranger tout ce désordre avant que les De Los Rios arrivent. » Ma mère fait des gestes imprécis avec ses mains et ses bras alors qu'elle s'approche de moi ; le seul résultat qu'elle obtint de ma part est le redoublement de mon agacement. Elle désire une fois de plus tout contrôler.

« Mère, je crois sincèrement que ce ne sera pas nécessaire. » Je rencontre son regard dans le miroir et elle ne tente même pas de cacher son impatience.

« Bien sûr que ça l'est, mon enfant ! Tu dois user de tes charmes sur Gabriel, et tu sais très bien que pour mettre un homme dans ta poche, tu as juste à être généreuse avec tes atouts. » Elle rajoute ensuite un clin d'œil séducteur et je grimace à cette allusion prévisible de sa part (elle pense que les courbes sont tout ce que les hommes regardent).

Alors que je retombe dans mon fauteuil, je laisse un bruyant et très exagéré soupir passer entre mes lèvres ; c'est un signe que mon humeur est en déclin. Je vois dans le reflet de la glace qu'elle lève les yeux au ciel pour la énième fois, avant de m'ordonner de me lever et d'aller m'habiller de la robe choisie. Son ton est sec et tranchant. Autoritaire. Menaçant, presque.