Chapitre 3

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« I wish I could wake up with amnesia and forget about the stupid little things. »





Il pleut. Les fines gouttes d'eau tombent inlassablement sur la ville depuis que je suis debout, depuis environ une heure et demie par conséquent. J'ai l'impression que ce mauvais temps ne finira jamais. Joséphine et Abigail sont occupées avec mes cheveux et mon maquillage pour ce déjeuner matinal ; il est neuf heures et dix-sept. J'aimerais mieux rester dans mon lit jusqu'à midi, mais ma mère a organisé un rendez-vous entre Gabriel et moi pour dix heures. Je n'ai aucune envie de le voir. Mais une fois de plus, je n'ai pas le choix.

« Voulez-vous des boucles ? » La voix douce de Joséphine résonne dans mon dos, me sortant de mon état songeur. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'elle parle de mes cheveux.

« Non. Laisses-les lisses et lâchés. » Joséphine paraît septique mais me voyant parfaitement sérieuse, elle acquiesce et avec précaution, elle passe la brosse dans mes cheveux bruns pour les démêler. Je sais que la mode en Espagne consiste à ce que les femmes aient les cheveux coiffés en un chignon, mais je veux vraiment contredire tout ce que ma mère souhaite.

Un sourire discret joue sur les côtés de mes lèvres lorsque je me répète silencieusement dans ma tête chaque étape de mon plan que j'ai mis en place la nuit dernière. Je n'ai pas réellement dormi ; résultat, Abigail doit travailler très vite pour améliorer mon teint et cacher les importants cernes noirs sous mes yeux fatigués.

La nuit dernière, quand je pensais à écrire la première lettre pour Harry Styles, je me suis trouvée face à un petit dilemme ; page blanche. J'ai tenté une dizaine de fois d'écrire même juste quelques mots mots plaisants, mais rien n'a été à la hauteur de mes attentes. J'ai alors abandonné, décidant de le faire plus tard. J'ai ensuite passé la nuit à faire les cents pas dans ma chambre, échafaudant un plan pour soudoyer Gabriel. J'ai travaillé dessus pendant des heures, il n'y a donc pas de raison pour que ça rate, n'est-ce pas ?

Joséphine termine de brosser mes cheveux et d'y appliquer un soin, dans le but de les faire briller de tous leurs éclats, alors que Abigail ajoute une dernière couche de blush sur mes joues légèrement creuses.

« Vous devriez penser à vous nourrir, Miss Mary. »

« Je me nourris, Abigail. »

« Si vous me le permettez- »

« Assez. » Mon ton est sec. Je soupire. Ça ressemble à ma mère. Et je déteste ma mère. Je ne veux pas paraître comme elle, ni parler comme elle. « Excuse-moi, Abigail. Mais ne t'inquiètes pas, je me nourris assez. » Elle hoche simplement de la tête, mais je sais qu'elle n'en croit pas un mot.

« Vous pouvez y aller, je vais finir moi-même. » Les deux femmes s'échangent un rapide coup d'œil, pesant le pour et le contre de ma demande. Je lève sans discrétion les yeux au ciel, croisant leurs regards dans le miroir en face de moi. Elles comprennent rapidement que je ne suis pas d'humeur et elles me laissent après avoir baissé leur tête comme un signe de soumission. « Quelle stupide règle, » je pense à voix haute.

Je me lève dès qu'elles partent et j'ouvre la porte de mon large dressing pour en sortir ma robe préférée ; une bleue qui s'arrête juste au-dessus des genoux. Elle a des manches trois-quarts, le tissu est fin et richement brodé par des mains expertes ; elle ne couvre pas totalement mon dos, révélant ainsi un peu de ma peau. Mère hait cette robe. Trop osée, dit-elle. Pas digne d'une fille de mon rang. Elle a même utilisé l'expression « robe de prostituée ». Mais je ne me préoccupe pas de ce qu'elle pense. J'adore cette robe, et j'ai bien l'intention de la porter ce matin.

Hello // VF  [H.S] (En pause)Where stories live. Discover now