Chapitre 8

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Quarante-huit heures après, Roderik n'avait toujours pas faire partir la jeune femme de son esprit au point de le distraire dans son travail. Il s'était conduit comme un véritable homme des cavernes en la laissant plantée devant l'accueil.
Il ne s'était même pas retourné.
— Roderik ? Tu m'écoutes ?
La voix de Kurt l'extirpa de ses pensées.
— Hum ?
— Tu m'écoutes ?
Roderik planta son regard dans le siens et prit une gorgée de son whisky.
— Pardon, j'étais ailleurs.
Kurt leva un sourcil interrogateur.
— À cause d'une femme ?
Roderik se laissa tomber sur le dossier de la banquette du restaurant. Son corps s'était tendu comme une arbalète.
— À cause d'une jeune femme. Rectifia Roderik en expirant bruyamment par le nez.
Kurt semblait surpris, mais resta sur ses gardes.
— Vraiment ?
Il cessa de faire tourner son verre et resta les yeux rivés dessus, comme si ce verre lui apporterait des réponses.
— Elle s'est trouvée dans mon bureau là où je ne m'y attendais pas et c'est fait passer pour la journaliste du Daily New.
Kurt ne put cacher sa surprise.
— Et bien elle n'a pas froid aux yeux !
Il releva la tête.
— Au contraire tu te trompes elle ne ressemble pas à une femme prête à tout, elle voulait simplement aider son amie.
Kurt retira le sourire qu'il arborait devant son regard glacial puis répondit avec plus de délicatesse :
— Et donc ? Pourquoi tu te tracasses ?
Tracasser n'était pas le mot exact pour définir la situation.
— Je ne pas... je suis troublé pour tout te dire.
— Toi ? Troublé ? Roderik tu me fais une blague ? S'exclama son associé en peinant à y croire.
Roderik se passa une main sur le visage.
— Non je ne plaisante pas ! S'emporta-t-il en serrant le poing.
— Pardon excuse-moi c'est juste que ta confidence me laisse sur les fesses, depuis que je te connais, tu restes de marbres même quand il s'agit d'une femme.
Il avait raison et c'était bien ça le plus terrible à supporter. Les médias avaient prétendus qu'il était sans cœur.
Il avait appris à forger son caractère pour que personne ne puisse l'atteindre physiquement comme mentalement. Il savait de quoi il était capable, son passé entaché par ses parents l'avait littéralement fermé, parfois, il se montrait violent.
— Elle est très loin d'être comme les femmes que j'ai fréquenté Kurt et c'est pour cette raison que je me dois de rester à ma place avant que je...
Il s'arrêta et serra les dents.
— Je te connais et....
— Non, coupa Roderik soudain énervé la main crispée sur son verre, c'est là que tu te trompes Kurt tu n'as aucune idée de qui je suis.
Son associé baissa la tête en réajustant les manches de sa veste.
Roderik passa un coup d'œil nerveux autour de lui et se pinça les lèvres.
— Oublie ce que je viens de te dire Kurt, ma vie personnelle ne regarde personne d'autre que moi.
Il écarta la coupe de sa veste et posa son avant-bras sur la table avec nonchalance.
— Reprenons si tu le veux bien.
Kurt reprit la conversation pendant que Roderik faisait semblant de l'écouter, en réalité, il connaissait ce dossier par chœur. Ce genre de conversation l'agacé au plus haut point, mais se contenta de hocher de la tête en silence. Il se faisait tard, Roderik regarda sa montre plusieurs fois avant de couper court à cette conversation lassante. Il quitta les lieux après l'avoir salué et monta dans sa voiture, pressé de rentrer chez lui.
Quand ce fut le cas, Roderik resta un moment bloqué devant l'entrée de sa villa, plongée dans le noir. Il retira sa veste et la balança sur le canapé, il desserra sa cravate et la tira d'un geste sec avant de se laisser tomber sur son fauteuil préféré. Il tapota son index contre l'accoudoir les lèvres serrées.
Où était-elle ? Que faisait-elle ?
Voilà les questions qui terrassaient son esprit depuis vingt-quatre heures.
Il inspira en pesant le pour et le contre d'une éventuelle retrouvaille. Le contre gagnait haut la main. Il désirait la revoir, au prix d'une lutte acharnée. Il voulait revoir ses yeux vairons et son petit air perdu qui lui arracha un sourire en coin.
Mais avait-il le droit de faire ça ?
Avait-il le droit de plonger cette jeune femme dans son univers enténébré ? Par pur égoïsme ?
Roderik se leva du fauteuil prêt à prendre le risque, seulement pour la revoir.
Ne serait-ce qu'une fois.
Grace quitta des yeux un instant les enfants pour jeter un œil à la pendule qui affichait onze heures douze, c'est la première fois qu'elle se montrait impatiente de les quitter pour partir manger quelque chose. Savana l'avait prévenu et pourtant, elle n'en avait fait qu'à sa tête résulta son ventre était noué et sa vision devenait trouble.

Elle inspira en seretenant à la barre puis afficha un grand sourire quand lapetite Saddy se retourna les mains en l'air.
Grace leva sa main.
— Et on redescend lentement puis on remonte toucher le ciel.
Les dix petites filles en tutus roses exécutèrent ses mouvements avecmaladresse.
— Pied vers l'extérieure Marguerite. Dit-elle en l'aidant.
Elle passa à côté de la barre pour les aider.
— On se prépare, les bras en rond vers le bas et on remonte toucher lesciels.
La sonnerie mit fin aux cours.
Grace avait l'impression qu'elle venait de donner un cours aux quatrièmesannées. Les petits de petites filles se mirent à courir dans la salle entournoyant vers leurs mamans.
Mais une était restée à la barre en sautillant.
— Marguerite ? Ta maman n'est pas là ?
— Elle a dit qu'elle aurait cinq minutes de retard.
Sa petite main s'était accrochée à sa jambe.
— Très bien alors nous allons attendre toutes les deux.
La salle fur rapidement vide alors que la petite Marguerite continuait de faireses exercices.
Elle était la plus jeune de la classe et du haut de ses six anselle était déterminée à dépasser ses camarades.
— Pointe vers l'extérieur mon ange.
Elle fronça ses petits sourcils et replaça sa pointe.
Roderik traversa le couloir en jetant des coups d'œil dans chaquesalle. Il ne pensait pas retrouver la jeune femme dans une école de danseclassique.
Une bonne dizaine de jeune femme étaient rassemblées dans une salle. Ils'y arrêta pour observer toutes les jeunes filles.
Elle n'y était pas.
Roderik commençait à reconsidérer les capacités de son détective quijusque-là ne s'était jamais trompé.
— Merci Grace !
Roderik tourna sa tête en direction de la petite voix.
Une petite fille sortit d'une salle vêtue d'un tutu rose pâle tenant la main desa maman.
— C'est le cours le plus chouette maman !
— Je veux bien te croire ma chérie.
Il les regarda partir avant de prendre la direction de la salle.
Il s'arrêta devant la vitre un peu sale et la vit, en justaucorps noir, pointeaux pieds, un léger tissu rouge cachait haut de ses cuisses.
Il se raidit entièrement.
Une belle natte tressée avec minutie retombait le long de son épaule.
Elle prit place sur le banc pour retirer ses chaussons de danse.
Roderik décida de faire son entrée avant que la raison ne lui ordonne defaire demi-tour.


Un troublant milliardaireWhere stories live. Discover now