Chapitre 24

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Grace n'avait pas du tout la tête à faire des pointes et donner le cours de danse, mais le fit tout de même. Car les belles petites frimousses en tutus lui donnèrent la force d'oublier Roderik Graïyos, du moins pour les dernières minutes qu'ils restaient.
Après le cours, Amélia accourut vers elle et la prit par la main.
— Viens avec moi, il faut se réunir dans la grande salle !
Grace la suivit à contre cœur, elle fronça des sourcils quand elle découvrit une foule d'élèves et de professeurs dans la salle de danse principale.
— Que se passe-t-il ?
— Apparemment nous avons un nouveau directeur, il se présente là toute suite.
Grace se faufila avec elle dans la foule et posa sa main sur la barre loin du brouhaha.
En effet, un jeune homme s'était effectivement présenté, une présentation sous tensions.
— Merci qui ? Merci papa...Lança un élève à un autre.
Grace tendit l'oreille discrètement.
— Facile d'être directeur à vingt-six ans quand on est le fils d'un pauvre type qui ne sait même pas ce signifie danser. En avait dit un autre discrètement à sa voisine.
À mesure que son discours continuait, la salle se transforma en un terrain dangereux. Tous s'échauffèrent en poussant des exclamations négatives et furieuses.
Grace en avait assez entendu, elle se dirigea avec Amélia vers la sortie comme le reste des élèves et des professeurs tendus. Sauf quelque uns s'étaient mis autours du nouveau directeur artistique pour l'accueillir.
Grace croisa son regard sans le vouloir, ses cheveux blonds étaient plaqués en arrière, dès le premier coup d'œil, il ne lui inspirait pas confiance.
Elle s'empressa de détourner le regard et alla récupérer ses affaires.
Grâce au ciel, elle ne reviendrait que dans deux semaines.
Hélios l'attendait comme lui avait promis Roderik juste devant l'école.
Grace monta dans la voiture noire sans prêter attention aux regards portés sur elle. Naturellement la voiture ne passait pas inaperçue, mais avait-elle besoin de se cacher ?
— Belle journée n'est-ce pas ? Claironna Hélios en lui souriant dans le rétroviseur.
— Oui très belle Hélios ! Dit-elle en souriant.
— Monsieur Graïyos m'a chargé de vous raccompagner chez vous pour vous reposer un peu.
Grace aurait dû s'en douter.
— Je ne suis pas en sucre, vous savez ?
Il esquissa un sourire contrit.
— Pour monsieur Graïyos vous êtes le bouton d'une fleur encore fermée qu'il faut arroser tous les jours.
Glace gloussa.
— Voilà une belle métaphore Hélios.
Il se mit à rire à son tour puis reprit son sérieux. Il profita que le feu passe au rouge pour se retourner.
— Vous savez mademoiselle, je ne l'ai jamais vu comme ça. Confia-t-il le visage mélancolique.
— Vraiment ?
Il soupira.
— Il semble moins froid quand il est avec vous.
Grace frissonna, Hélios ne semblait pas vouloir lui en dire plus.
Il se remit droit et continua sa route. Songeuse, elle regardait le paysage défiler. Hélios la déposa juste devant l'immeuble, Grace monta les escaliers, toujours aussi interloquée par les courtes confidences du chauffeur de Roderik.
Quand elle passa la porte de son appartement, elle fronça des sourcils en découvrant deux valises posées près de l'entrée.
— Savana ?
Cette dernière apparut aussitôt un sourire radieux aux lèvres.
— Mais où est-ce que tu vas ?
— À Paris ! Tu as oublié ?
Grace se gratta le front en fermant les yeux.
Effectivement ,elle avait complètement oublié.
— J'ai tellement hâte d'y être ! Une semaine en amoureux dans la ville des amoureux si ce n'est pas romantique !
Grace força un sourire et déposa ses affaires sur le canapé.
— Tu n'as pas l'air contente pour moi.
— Si ! Bien sûr que si ! Désolé j'ai eu une rude journée pardon.
Elle se laissa tomber sur le canapé en soufflant.
Savana prit place à côté d'elle.
— C'est à cause de monsieur Graïyos ?
— Non...c'est enfin je ne sais pas.
Elle entoura son bras autour du siens.
— Pourquoi tu ne te laisses pas un peu aller Grace il a pourtant l'air d'être attaché à toi.
Grace voulait tellement la croire mais sa petite conscience lui criait de se méfier.
— Et si tout ça n'était pas réel ? Et si je me trompais ?
Savana leva les yeux au ciel et soupira.
— Crois-moi Grace, cet homme te dévore littéralement du regard !
Elle posa sa tête contre son épaule.
— Tu as peut-être raison, peut-être que je réfléchis trop.
Savana tapota sa cuisse.
— Oh que oui ! Et puis que risques-tu hein ?
Grace grimaça et se pinça la lèvre.
Elle risquait beaucoup....
Elle se leva en improvisant une petite danse, visiblement pressée de partir.
— Bien ! Il est temps pour moi de partir.
— Je suppose que ton prof est content de partir. Hasarda Grace en haussant un sourcil provocateur.
— Oh je t'en prie qu'est-ce que tu as contre lui ?
— Il ne m'inspire pas confiance simplement, je ne veux pas qu'il te brise le cœur.
Savana pencha sa tête sur le côté.
— Pour qu'il me brise le cœur faudrait-il déjà que je sois amoureuse non ?
Grace se demandait comment elle faisait pour ne pas s'attacher, comment elle faisait pour ne pas laisser les sentiments la perdre, comme elle l'était aujourd'hui.
— Tant mieux alors, je suis rassurée.
Elle fit la moue et prit ses valises.
— Je reviens samedi soir si tu as le moindre problème tu m'appelles et je saute dans le premier avion.
— D'accord amuse-toi bien.
Elle lui envoya un baiser de loin et quitta l'appartement.
Grace prit le petit coussin sur le canapé et le cala contre son ventre. Soudain, l'appartement devenait bien silencieux.

Un troublant milliardaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant