Chapitre 10

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Grace monta jusqu'à l'appartement, ouvrit la porte et la claqua la bouche entre ouverte.
Savana quitta la télévision des yeux et prit une expression inquiète.
— Grace ? Tout va bien ?
— Monsieur Graïyos était là en bas de l'immeuble, il m'a raccompagné. Dit-elle en se laissant tomber contre la porte.
Savana sauta du canapé.
— Monsieur Graïyos ? Le vrai Graïyos ? Ici en bas ?
Grace hocha de la tête frénétiquement les yeux dans le vide.
— Il est venu à mon cours de danse et il m'a emmené manger dans un restaurant....le genre de restaurant où il y a sept couverts.
Savana poussa une exclamation de surprise en posant ses mains sur sa bouche.
— Mais c'est...oh seigneur mais c'est fantastique !
Grace posa sa main sur son front brûlant.
— C'est surréaliste et il ne faut pas qu'il me revoie !
— Hein ? Mais tu es complètement folle !
— Non je suis réaliste ! Ce n'est pas bien Savana !
Son amie frappa ses mains les ramena contre sa bouche avec un signe apparent de nervosité.
— Grace...grace...grace vient t'asseoir un peu.
Elle l'a suivi jusqu'au canapé et se laissa tomber dessus.
— Récapitulatif ! Roderik Graïyos l'un des hommes les plus convoités de New-York t'emmène au restaurent et tu ne veux pas le revoir ?
— C'est exactement ça Savana.
— Mais tu es tombée sur la tête !
Au contraire, Grace se sentait lucide avec les pieds bien ancrés dans le sol.
— Je suis lucide Savana et puis...Crois-moi, il est loin d'être comme sur les magazines, il est...extrêmement troublant.

Savana semblait sous le choc, assez pour perdre le goût à la réplique.
— Et nous n'avons pas le même âge ce qui renforce ma décision, cet homme n'en a rien à faire de moi, il n'a qu'à claquer des doigts pour avoir des femmes.
Grace se leva pour se mettre à la fenêtre, bras croisés.
Il y a quelques minutes de cela, elle se trouvait encore avec lui, sous le charme, alors qu'il l'informait fermement qu'il allait d'ici peu la contacter.
— Je sors avec un prof de maths je te signale. Lança Savana enfin sortie de sa torpeur.
— Il a quoi ? Vingt-sept ans ? Je t'en prie Savana n'essaye pas de me convaincre, je ne suis pas ce genre de fille.
Un courant d'air frais la fit frissonner.
— Et moi je trouve que cet homme ne te lâche pas depuis qu'il ta prise pour une journaliste, rétorqua Savana en se levant, C'est vrai quoi, quel genre d'homme laisserait les photos d'un tableau inestimable et confidentiel entre les mains d'une inconnue ?
Grace frissonna de nouveau et se retourna.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire qu'il a tout fait pour te revoir je parie même que le coup de retourner photographier le tableau était une ruse, il est très intelligent et sait parfaitement ce qu'il veut...Crois-moi Grace il est loin d'en avoir fini avec toi.
Elle quitta le salon en la laissant plantée là avec cette prédiction qui prenait les allures d'une réalité sans précédent.
Roderik observa le soleil rougeoyant descendre peu à peu, éclairants central Park et ses alentours. Il marcha devant les baies vitrées, torse nu, il s'était torturé le corps en faisant une bonne heure de musculation seul dans son bureau après avoir renvoyé ses employés. Il stoppa sa course folle et s'arrêta le menton levé, scrutant le paysage à la recherche de réponse.
Il se remit à marcher cette fois-ci tête baissée.
Il se demandait encore ce qu'il l'avait mis le plus en colère.
Le fait d'avoir fantasmé sur elle quand elle s'était levée du banc en lui dévoilant sa fine taille et sa poitrine parfaite ?
Le fait qu'elle n'avait pas mangé depuis des heures ?
Ou qu'elle se montre réticente à l'idée qu'il veuille la revoir ?
Les trois en réalité lui avaient grandement déplu.
Roderik grommela un juron.
Il pivota légèrement vers sa droite et prit son téléphone, il chercha son prénom déjà enregistré dans son répertoire depuis qu'il connaissait sa véritable identité.
Il appuya sur ce dernier bien décidé à obtenir ce qu'il voulait.
Il se remit à marcher devant la baie vitrée dans l'attente d'une réponse.
— Allô !
Roderik aurait voulu esquisser un sourire de satisfaction de l'entendre mais sa voix paraissait essoufflée.
— Où êtes-vous ?
Son petit souffle se coupa.
— Monsieur Graïyos ? Dit-elle d'une voix hésitant.
— Oui c'est moi, pourquoi vous êtes essoufflée ?
Une terrible image lui passa dans l'esprit, lui arrachant un grondement de mécontentement.
Était-elle avait un jeune homme ?
Dans un lit ?
Venait-il de couper un moment intime ?
— Oh je reviens de chez l'épicier, j'ai couru dans les escaliers.
Roderik ferma les yeux, soulagé et se laissa tomber sur le bord de bureau.
— Monsieur Graïyos ?
— Oui...mademoiselle Lynnshe ?
Sa respiration semblait s'apaiser.
— Je n'ai pas le souvenir de vous avoir donné mon numéro de téléphone.
Enfin il put esquisser son sourire de satisfaction.
— Non je l'ai eu avec mes propres moyens.
Elle se racla la gorge.
— Je vois j'aurais dû m'en douter.
— Alors ? Vous avez réfléchi ?
Elle ne répondit pas toute suite, Roderik se leva et se remit à marcher devant le soleil couchant.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée monsieur Graïyos. Murmura-t-elle d'une voix hésitante.
Roderik lutta contre les signes apparents d'une colère sur le point d'éclater.
— Et moi je pense le contraire, laissez-moi vous emmenez dîner mademoiselle Lynnshe.
— Je sors à peine de la faculté monsieur Graïyos. Protesta la jeune femme timidement.
Ainsi voilà le problème ?
Roderik ne niait pas leur différence d'âge, il s'était même fustigé pour ça. Elle sortait de la faculté sans avoir passé ses examens, pour raison personnelle.
Il l'a soupçonné d'avoir fait bien plus qu'un sacrifice, mais il n'en connaissait pas encore les raisons.
Il ferma les yeux.
Au diable la différence d'âge !
Seulement quelques années les séparaient et ce n'est pas ça qui allait l'arrêter !
— Peu importe d'où vous sortez mademoiselle Lynnshe acceptez ce dîner.
Il y mettait les politesses, les formes, ce n'était pas dans ses habitudes.
— Laissez-moi le temps de réfléchir s'il vous plaît.
Sa voix fut presque suppliante...
Roderik raccrocha avant de dire quelque chose qui aurait pu m'être en échec ses chances.
Si elle ne voulait pas venir à lui c'est lui qui viendrait à elle.

Un troublant milliardaireWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu