Chapitre 11

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Chaussettes remontées jusqu'à ses cuisses, chemise ample, short de nuit, Grace s'était étalée sur le canapé devant la télé pour faire passer ce troublant chagrin qui l'assaillait depuis que le mystérieux monsieur Graïyos lui avait raccroché au nez sans qu'elle puisse dire quoi que ce soit d'autre. Elle avait tenté de percer le mystère mais en fut vite la conclusion suivante :
Il s'était lassé...voilà pourquoi il avait raccroché.
Il était temps pour elle de tourner la page et c'est devant un bon film à l'eau de rose qu'elle avait l'intention de commencer.
Elle resta immobile la tête légèrement inclinée en avant quand le héros du film avait commencé sa déclaration d'amour. Elle mâchouilla son popcorn en faisant quelques petites pauses de façon à entendre son discours émouvant et totalement romantique.
Quand il eut presque fini, Grace se mit à gémir de désespoir par tant de romantisme et prit une poignée de popcorn pour la mettre dans sa bouche, la moitié était tombée sur elle, sur les côtés, elle n'y avait fait guère attention et resta figé sur le téléviseur pour ne pas rater le baiser tant attendu. Elle récupéra tout de même un popcorn qui s'était glissé dans son cou avec une moue aux lèvres.
Quelques coups déterminés à la porte la sortirent de ses rêveries, Grace se leva du canapé en trainant des pieds.
Elle défit le verrou et ouvrit, elle se figea instantanément avec une expression d'horreur, une exclamation aiguë sortit de sa bouche.
Roderik Graïyos qui il y a deux heures lui avait raccroché au nez était là devant sa porte avec des paquets dans les bras. Lui l'a dévisagé de la tête aux pieds avec une expression éloquente due à sa tenue et quant à elle, Grace le dévisageait effarée, son cœur se mit de nouveau à battre à l'allure d'une course de chevaux.
— Bonsoir mademoiselle Lynnshe. Sa voix fut d'une sensualité déstabilisante, Grace déglutit, consciente que la prédiction de Savana s'avérait être vraie.
Deux choix s'imposaient à elle.
Le premier était de lui claquer la porte au nez.
Le deuxième, faire mine d'être complètement désintéressée de la situation.
Mais une bouffée de chaleur la saisit devant ce mâle viril et imposant qui fut plus prompt qu'elle et pénétra dans son appartement sans la quitter des yeux. La bouche sèche, elle le regarda entrer dans le seul endroit où elle pensait encore se sentir en sécurité. Il posa sa main libre sur la sienne qui était crispée sur la poignée de la porte et lentement la referma à sa place.
— Je vous dérangeais peut-être ? Demanda-t-il d'une voix envoutante.
Au prix d'un effort surhumain, elle jeta un coup d'œil à la télévision. Le générique de fin du film défilait sur l'écran.
— Je...je regardais un film romantique. Parvient-elle à dire en relevant la tête tandis qu'il retirait sa main de la sienne.
L'homme haussa l'un de ses sourcils épais et pointa du doigt ses cheveux.
— Romantique hum ? Murmura ce dernier en retirant quelque chose dans ses cheveux.
Il se retrouva avec un popcorn entre les doigts et jaugea ce dernier d'un air amusé.
Confuse, elle lui prit des mains et le jeta par-dessus son épaule. Un geste ridicule qui ne manqua pas de l'amuser.
Les joues cramoisies, Grace tira sur sa chemise et sur son short.
— Que faites-vous ici monsieur Graï.....
— Et bien comme vous refusez de venir à moi...c'est moi qui viens à vous. Coupa-t-il en jeta un coup d'œil à son appartement.
Roderik avait tout imaginé, mais pas la découvrir en pyjama, popcorn dans les cheveux, laissant ses petites cuisses nues se dévoiler à lui de la plus innocente des manières. Visiblement, elle ne s'attendait pas à recevoir qui que ce soit, ce qui détendit un peu ses nerfs. Tel un petit chaton apeuré, elle regardait autour d'elle, à la recherche d'un abri, ce qui ne faisait que renforcer son envie de rester encore et voir ses beaux yeux se perdre encore...
Un brûlait d'envie de glisser son pouce sur ses lèvres et tracer la courbe fine de sa mâchoire. Il serra les paquets qu'il tenait dans sa main et eut soudain honte de son comportement. En règle générale aucune honte le traversait, aucune pitié...mais son petit air mortifié l'avait ému.
Lui ému ?
— Je vous ai dit que j'allais réfléchir et vous m'avez raccroché au nez. Rétorqua la jeune femme avec une petite pointe d'énervement dans la voix.
Ainsi il l'avait irrité en lui raccrochant à la figure.
Roderik réprima un sourire et passa à côté d'elle pour déposer les paquets dans la petite cuisine.
— Je ne suis pas patient, alors me voilà.
Grace en resta incrédule et vibrante d'une sensation étrange. Sans la quitter du regard il déposa les paquets puis retira sa veste, dévoilant l'épaisse masse de muscles coincés dans cette chemise noire, dont les deux boutons du haut étaient déboutonnés dévoila une légère toison aussi noir que ses cheveux.
Une seconde, mais plus intense bouffée de chaleur la traversa.
— J'espère que vous avez faim.
— Mais je..j'ai déjà mangé.

Il s'arrêta de déballerses sacs et l'observa sévèrement.
— Le popcorn est une gourmandise un petit plaisir que l'on s'offre devantun moment de détente, ce n'est pas un vrai repas. Contre-attaqua cedernier.
Seigneur sa bouche était si crispée qu'elle avait dérivé, en se demandantquelle douleur elle pouvait prodiguer quand il les écrasait sur ses victimesféminines.
Il reprit sa tâche tout en gardant se petit rictus de colère sur le coin de seslèvres. Grace se mordilla sa lèvres inferieur et s'avançacurieuse de connaitre le contenu des sacs.
— Je suis sûre que des tas de femmes rêveraient de vous avoir pourcompagnie ce soir, pourquoi venir ici ? Alors que...
— Des tas de femmes sauf vous. Interrompit-il en plissa des yeux.
Heureusement, le plan de travail les séparait.
— Je me méfie de vous... Vous êtes troublant énigmatique ettrès intelligent, vous m'avez laissé photographier le tableau dansl'unique but de me revoir n'est-ce pas ?
Elle aurait cru qu'il nierait, mais au contraire, ses deux larges paumes seposèrent sur le petit plan de travail et il se pencha.
— Bien élucidé, mademoiselle Lynnshe. Chuchota-t-il d'unevoix dangereuse.
Donc Savana avait bien raison, il s'était servi du tableau dans l'unique but dela revoir.
Le fait qu'il s'intéresse à elle la rendit mal à l'aise.
— Donc...vous avez faim Grace.
L'intonation de sa voix sonnait comme un ordre, comme s'il voulait qu'elle aitfaim sans lui donner le choix.
Grace eut soudainement faim et hocha silencieusement de la tête.
Satisfait il se mit à chercher dans les tiroirs pour se saisir d'uncouteau. Quand il retroussa ses manches, elle se surprit àregarder ses avant-bras veineux à la pilosité égale à la toison que sa chemiselaissait entrevoir.
— Avez-vous déjà goûté à un Gyros Grace ?
Son prénom était sorti de sa bouche avec un accent troublant.
— Non qu'est-ce que c'est ? Parvint-elle à dire.
Il sortit des tas de bonnes choses sur la table et attira davantage sonattention. Surtout quand il découpa les oignons avec une précision à larendre jalouse.
— C'est une spécialité de mon pays.
Elle fit le tour du plan de travail pour l'observer sans prêter attention audanger.
— Je suis surprise de vous voir cuisiner. Avoua Grace en se grattantle bout du nez.
— Vous pensiez que peut-être que j'avais un personnel chez moi ? Quiexécute mes moindres désirs ?
— C'est exactement ça...
Il eut un sourire en coin.
— J'ai déjà des milliers salariés qui exécutent mesordres, inutile de faire souffrir plus de monde non ?
— Souffrir ? Pourquoi dites-vous cela ?
— Parce que des fois, je peux me montrer sévère et je ne le niepas.
Son regard parut s'assombrir.
— Pourquoi vous êtes dure avec vous-même ? Vous n'êtes pas fatiguéd'être toujours en perpétuelle tension, d'avoir ce besoin de...
— Tout contrôler ? Finit-il à sa place en quittant des yeux lesoignons maintenant découpés avec minutie.
Grace inspira en silence et hocha de la tête.
— Sans doute parce que j'ai dû me construire moi-même, sans exemple, j'aiappris à me battre pour obtenir la vie que j'aie.
Il s'interrompit en la dévisageant comme si le sujet était en train deréveiller en lui d'anciennes blessures.
— Et j'en suis heureux mademoiselle Lynnshe, je ne changerais pas,j'en ai besoin...
Grace fut enveloppée par son regard énigmatique, la détermination dans savoix signée l'arrêt définitif de cette conversation.

Un troublant milliardaireWhere stories live. Discover now