Au milieu de la fin

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Elle n'avait jamais eu de petit-ami. Pas que cela lui fasse quelque chose. Elle n'avait jamais réellement compris cette obsession qu'avaient les filles avec les garçons. Pas qu'elle soit lesbienne, elle était sûre d'être hétéro depuis qu'elle était tombé de Peter Jonhson, un fils de Poséidon dans un livre racontant sa vie en tant que demi-dieu. C'était peut-être un peu particulier comme amour mais c'est ce qu'elle avait de mieux. Alors que les autres filles bavaient sur des garçons parfaitement réels, elle sauvait le monde au côté de plusieurs garçons toujours aussi attirant les uns que les autres. Pas qu'elle soit le genre de fille à attendre la fin des études, si elle tombait sur un gars bien elle ne dirait pas non. Mais cela n'était jamais arrivé. Et avec toute l'honnêteté du monde, cela ne lui faisait rien, elle n'avait jamais été le genre de fille "Il me faut absolument un copain et une personne qui prenne soin de moi et m'aime sinon je ne me sens pas aimé et complètement moins que rien" ; si c'était ça être adolescente elle préférait passer son tour.

Ce n'était pas non plus une chose à laquelle elle réfléchissait habituellement. Mais comme sa mort approchait, lors des longues marches pour fuir elle faisait mentalement la liste des choses qu'elle n'avait pas fait durant sa courte vie.

Ah oui, parce que c'était la fin du monde. Plus comme la fin de l'espèce humaine. Un peu comme un remake de l'extinction des dinosaures, mais pour l'espèce humaine. Ou comme dans la cinquième Vague mais sans les extraterrestres. Elle aimait comparer ce qui lui arrivait avec tous les récits apocalyptiques qu'elle avait pu lire ou entendre. C'est ce qui l'empêchait de devenir folle lors de toutes ces longues marches à la recherche d'un camp de réfugiés, c'était comme retrouver un vieil ami réconfortant, ça évitait de trop penser à la solitude.

Oui, la folie. C'était elle sa nouvelle ennemie. Finit le bon vieux temps où les seules personnes dont elles devaient se méfier étaient les filles qui se moquaient de son style vestimentaire masculin. (D'ailleurs ce style avait été bien pratique quand il avait fallu fuir, les gros sweats trop grand ainsi que les jeans et les baskets étaient beaucoup plus pratiques pour fuir.) Maintenant elle devait lutter contre la solitude. Elle avait perdu de vue son père, sa belle-mère ainsi que ses deux demi-frères lors du tremblement de terre qui avait secoué son dernier camp de réfugiés. Elle avait attendu, pleuré, crié, supplié tous les dieux qu'elle connaissait, mais jamais elle n'avait aperçue leurs corps, morts ou vifs. Après deux jours à patienter dans les décombres au milieu de l'agitation, des gens qui cherchaient de quoi survivre avant de fuir de nouveau, les gens qui cherchaient des proches et finissaient par enterrer des corps, elle avait décidé de partir. Sans doute ne les reverrait-elle jamais. Mais elle ne pouvait pas attendre la mort, alors elle s'était forcé à retrouver des forces. Puis elle avait, par miracle, retrouver son sac. Elle avait rajouté à l'intérieur quelques vêtements chauds trouvé parmi des sacs que personne n'était encore venu récupérer. Elle avait un ordre de rangement très précis pour optimiser l'espace au maximum.

Elle suivait le cours d'une rivière depuis sept jours. Ce disant que là où il y avait de l'eau il y avait de la vie. Peut-être cette rivière menait à un campement si l'eau y était assez abondante. Puis l'eau y était plutôt claire, elle la buvait donc sans trop se poser de questions, sinon c'était la mort assurée. Et puis cela lui permettait de se décrasser de toute la transpiration et de la terre accumulées pendant la journée. Tous les soirs un peu avant le coucher du Soleil elle dénouait le manteau autour de ses hanches, l'étendait par terre et les épaules douloureuses déposait enfin le sac à terre. Elle décoinçait son poignard de sa ceinture. C'est sûrement la chose la plus précieuse qu'elle avait sur elle. Ca aussi elle l'avait trouvé dans les débris. Il avait l'air en bronze, peut-être un collectionneur qui avait pris ça en fuyant car c'était sa meilleure arme. Maintenant c'était sa seule arme. Puis elle se lavait du mieux qu'elle pouvait dans la rivière, quand le fond le lui permettait seulement. Elle trouvait ensuite des branches mortes et allumait un petit feu, à ce moment là le soleil n'était toujours pas couché, les bois n'était pas sûrs, il ne fallait pas se faire repérer. Elle faisait cuire un peu du peu de nourriture qu'elle avait put emporter. Une fois la nuit tombée elle éteignait le brasier. S'enroulait dans le petit sac de couchage, en haut d'un arbre si possible ou sous les feuillages. Et le lendemain elle se levait, remplissait sa bouteille et reprenait la marche, implorant à la douleur de ses pieds de se taire, alors qu'elle faisait la liste mental de ce qu'elle n'avait pas put faire.

L'Orage et l'OcéanWhere stories live. Discover now