Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 2

Le lendemain, le soleil pointait à peine sur l'horizon que déjà Leeroy se trouvait devant l'auberge Jenkins. Il s'agissait d'un des établissements les plus luxueux de l'île, bien que ses heures de gloire dataient désormais d'une autre époque. Néanmoins, la devanture avait su garder un certain éclat, et les ornements baroques surplombaient toujours la porte avec grâce.

Leeroy s'étira le dos en réprimant un gémissement de douleur. La nuit n'avait pas été agréable. Couché à même le sol maintenant qu'il était privé de maison, il avait dû se façonner un lit de fortune dans un endroit qui se voulait tranquille. Et sur l'île, ce genre de lieux n'abondait pas.

Il contempla les colonnes ioniques un instant de plus, soupirant à la simple idée de passer une nuit dans l'un des lits de l'auberge.

Lorsqu'il pénétra l'établissement, l'ambiance lui rappela vivement où il se trouvait, et combien Stingray Enclave était devenu le repère de tous les rats.

Ici, les prostituées étaient simplement plus jolies, plus jeunes aussi, et l'alcool de meilleure qualité. S'il fallait avoir une bourse confortable pour jouir des plaisirs de l'auberge Jenkins, il ne fallait pas montrer patte blanche pour autant. Les truands étaient simplement vêtus plus élégamment.

Au fond de la salle de cabaret, Leeroy remarqua un petit attroupement d'Hommes qui étaient sans doute là pour les mêmes raisons que lui. Il décida de s'en rapprocher et reconnut sans aucun mal le chef de garde du Roi Mariid. Il était assis à une table, l'air toujours aussi sombre.

Leeroy dépassa deux ou trois bougres qui n'avaient certainement aucune chance d'être choisis pour accompagner le souverain dans sa mission et attendit son tour sans patience aucune. Le grognement du colosse qu'il avait tenté de dépasser le dissuada de réitérer.

Lorsque son tour arriva enfin, il vit les yeux du dénommé Darius se poser sur lui et son visage s'assombrir davantage, si tant est que ce fût possible.

— Suivant.

Sa voix venait de résonner, profonde et dure. Leeroy, abasourdi, dut réprimer l'homme derrière lui qui tentait de lui prendre sa place.

— Quoi ? Mais, attendez ! Le Roi en personne m'a demandé de venir ici ! Vous ne pouvez pas me chasser comme ça !

Leeroy s'était rapproché de la table et y avait posé ses poings, ce qui n'eut aucun effet sur le chef de garde.

— Le Roi n'est pas là aujourd'hui et je suis chargé de choisir les Hommes qui feront partie du voyage. Suivant.

Cette fois-ci, Leeroy dut mettre plus d'énergie pour repousser les hommes qui s'impatientaient derrière lui.

— Poussez-vous, bon sang ! Je n'ai pas terminé de parler !

Puis, il prit une chaise vide non loin de lui et la fit pivoter pour s'y asseoir, jambes écartées.

— Écoutez, j'ai eu un peu le temps de regarder les hommes qui ont répondu à l'appel. On ne peut pas dire que vous crouliez sous la qualité. La plupart des Hommes n'en ont rien à faire de ces histoires de Mariids, et je suis sûr qu'ils pensent que vous allez résoudre ce problème de monstre comme vous l'avez toujours fait jusqu'à présent. Mais regardez-les, ce ne sont que des vieillards ou des évadés de prison qui sont prêts à tout pour quelques piécettes. Avouez que je suis certainement le candidat le plus intéressant depuis le début du recrutement.

Cette fois-ci, Darius leva ses yeux sombres sur lui et sembla enfin le considérer. Devant son regard perçant, Leeroy dut se concentrer pour réprimer un frisson.