Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 32

Le Roi fit son entrée dans la grande salle du banquet. Sa venue était accompagnée de trompettes. Les convives s'étaient tous levés comme d'un seul homme pour se courber et Leeroy les imita. Farhang Navdar avait repris son visage lisse de marbre impénétrable.

Il prit place en bout de table, Darius à gauche. La place à sa droite demeurait vide et Leeroy supposa qu'elle était anciennement occupée par le traitre Sefekh Ruta. Les Mariids demeuraient dans un silence respectueux. Le Roi leva une main et tous se rassirent. Seul le monarque était resté debout devant sa chaise aux allures de trône.

— Merci à tous d'avoir répondu présent à mon appel en ce jour de célébration. Le cinquante-huitième cycle vient de prendre fin et je vous annonce avec soulagement que l'Hurleblast a été une fois de plus repoussé.

Avec une synchronisation parfaite, toute la tablée se mit à applaudir. D'un geste de la main, le Roi y mit fin.

— Mais ce cycle ne ressemble à nul autre. Pour la première fois, le sang n'a pas été versé. Souvenez-vous des paroles de l'Oracle avant notre départ. « Prenez garde, le vent tournera ». Nous avions interprété cela comme un mauvais présage. Je peux aujourd'hui vous assurer avec une immense joie que les paroles prophétiques étaient annonciatrices de renouveau. Aujourd'hui, nous sommes les pionniers. Nous assistions à l'avènement des héros modernes qui ont su se défaire des chaînes du passé.

Le regard du Roi se tourna fugacement vers Leeroy. Ce dernier écarquilla grand les yeux. Il se souvenait de ces paroles pour les avoir prononcées sur le Baradkhan Fortune lors d'une discussion avec le monarque. Farhang Navdar l'avait écouté et compris.

Le discours du Roi prit fin et le repas débuta. Leeroy n'avait jamais vu ni goûté des mets aussi délicieux, pas même sur Halis. Les serviteurs du palais s'enchaînaient dans un ballet aérien pour leur servir des quantités astronomiques de nourriture. Les Mariids riaient et s'enivraient dans une bonne humeur propice aux célébrations.

Le banquet ne prit fin qu'aux petites heures de la nuit. Leeroy avait mangé plus que de raison et avait ri de l'humour étrange du ministre des Affaires étrangères. Au fil des heures, les Mariids se dévoilaient peu à peu et n'étaient pas ces êtres rigides et froids présentés par la plupart des Hommes que Leeroy connaissait. Darius s'était peu exprimé, mais son sourire n'avait pas quitté son visage tout au long de la soirée.

Plus tard, Leeroy rejoignit ses appartements, déçu de n'avoir pu que peu converser avec Darius. La plupart des politiciens présents à ses côtés lui avaient témoigné le plus grand intérêt et ne lui avaient laissé que peu de répit.

À présent, il était dans cette vaste pièce qu'était sa chambre, envahi par une étrange solitude. Tout au long de son aventure, il avait été entouré. L'intimité n'étant que peu présente à bord d'un navire. Tout comme le calme. Mais ici, dans le palais, tout était si silencieux.

Du moins, jusqu'à ce que des coups frappés à sa porte le saisirent. Le personnel ne prenait pas la peine de frapper. Intrigué, il invita son visiteur à entrer.

Son cœur fit un saut périlleux dans sa poitrine lorsqu'il vit Darius apparaître derrière la porte.

— Darius ?

Il referma doucement la porte derrière lui. Sans un mot, il s'approcha de Leeroy pour finalement s'asseoir sur le bord du lit. Surpris, Leeroy ne tarda pas à le rejoindre.

— Darius ? répéta-t-il.

— J'ai cette très étrange impression de devoir être redevable pour chaque heure que je vis. Comme si je n'étais qu'un imposteur en sursis. J'ose à peine respirer.