Chapitre 8

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Cela faisait à présent plusieurs jours qu'ils étaient en haute mer. Leeroy commençait à doucement s'habituer au tangage du navire et au bois constamment humide du pont. Mais ce qui le surprenait le plus, c'était ce nouvel attrait qu'il s'était trouvé pour les leçons de Darius. Elles étaient toujours aussi difficiles et elles comportaient toujours autant de noms compliqués et impossibles à retenir, toutefois, il n'y allait plus le pas trainant.

La matinée était fraîche et l'équipage plutôt efficace. Après avoir senti l'air iodé sur le gaillard avant, Leeroy se dit qu'il était temps de retrouver le garde royal pour les leçons devenues quotidiennes. Il avait réussi à se convaincre qu'elles étaient importantes pour sa couverture à bord. Après tout, il devait gagner la confiance du Roi. Cela pouvait toujours être utile pour lui dérober ses parures.

Il fois qu'il eut atteint ses appartements, il salua le Mariid qui l'attendait déjà.

— Je vois que tu viens de plus en plus tôt, remarqua Darius. Je n'ai même pas encore terminé de préparer la leçon d'aujourd'hui.

— Je m'ennuyais sur le pont, mentit Leeroy.

Il ne voulait pas avouer qu'il était impatient. Au fond, il n'avait aucune raison de l'être. Darius ne s'était plus montré aussi détendu depuis cette nuit dans la taverne de la ville de Daghan.

L'enseignement débuta et Leeroy s'efforçait de l'écouter avec attention. Sa couverture était en jeu, se dit-il. Il était parfois difficile de suivre le garde royal dans ses explications trop complexes. La leçon du jour portait sur les instruments de navigation et Leeroy, d'un naturel curieux, s'était toujours demandé comment utiliser un astrolabe.

Le peuple Mariid était célèbre pour ses astronomes de renom et ses artisans talentueux. L'astrolabe que lui montrait Darius était un chef d'œuvre à lui tout seul. Il était fait d'or brut, et ses différents plateaux, les tympans aux motifs complexes, étaient incrustés de pierres précieuses. L'instrument avait l'air très ancien.

— Puis-je ? demanda Leeroy.

Il avait toujours été fasciné par ce qui était brillant, coûteux et précieux. Enfant déjà, il escaladait la façade de la demeure du gouverneur pour observer à la dérobée les quelques objets de valeur qu'il possédait. Quand il le savait parti en voyage, il se risquait à lui voler quelques pièces et plus tard, une longue vue incrustée d'or qu'il avait ramené d'une de ses expéditions.

Devant sa main tendue, Darius hésita un instant avant d'y déposer l'instrument de mesure. Dans son geste, leurs mains se frôlèrent et Leeroy se força à réprimer un frisson. Le Mariid l'impressionnait peut-être plus qu'il ne l'aurait cru.

Il fit pivoter l'objet entre ses mains avec précaution. Il ne put s'empêcher de se demander combien d'or il pourrait soutirer en le revendant au marché noir.

— C'est un bel ouvrage, n'est-ce pas ? demanda Darius.

Une fois de plus, Leeroy pouvait sentir toute la fierté du Mariid dans sa voix et son expression. Il ne pouvait que le comprendre, la réalisation était parfaite. Les Hommes étaient également connus pour créer de beaux instruments, efficaces, durables. Ils étaient une référence en matière de robustesse et de fiabilité. Toutefois, les Mariids avaient ce savoir-faire ancestral presque magique jusque dans le travail artisanal. Durant ses magouilles, Leeroy avait déjà eu la chance de tenir entre ses mains plusieurs instruments façonnés par ce peuple, et il devait avouer qu'il aurait bien aimé en garder quelques-uns pour lui, si son ventre ne criait pas tant famine.

— Je n'ai jamais rien vu de tel, répondit Leeroy. Il doit valoir une fortune.

— Sa valeur est inestimable. Il s'agit d'un instrument royal. Chaque pièce est unique et se transmet sur plusieurs générations. Celui-ci date du règne de Hashang et Farifthi. Tout ce qui a été conçu à cette époque est absolument somptueux. Avant cela, les Mariids préféraient se fier à la technologie des Hommes.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirWhere stories live. Discover now