Chapitre 4

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Leeroy marchait à présent avec bien plus d'assurance (et d'aisance) sur le gaillard avant de son navire, le Baradkhan Fortune. Après tout, il n'était pas n'importe qui : il était le descendant d'une lignée de fins marins, aventuriers, combattants.

Quelque part, il se sentait soulagé de constater que le roi Mariid ne l'avait pas nommé capitaine sur un coup de tête absurde comme il lui avait semblé.

Toutefois, Leeroy n'avait en commun avec ses parents que le nom, et il devait bien avouer que ses connaissances en matière de navigation étaient à peu près nulles. Mais il n'avait pas envie que ce genre de pensées négatives viennent entacher cette belle journée sur cette mer à perte de vue. Il devait bien avoir cela dans le sang, être prédisposé à un avenir glorieux sur les océans.

Même la mine sombre du chef de garde qui l'observait au loin n'eut pas raison de sa bonne humeur. Néanmoins, lorsque ce dernier s'approcha de lui à grands pas, Leeroy tressaillit légèrement et son sourire disparut aussitôt.

— Qu'y a-t-il encore ? Une nouvelle fausse accusation sur ma personne ? s'emporta aussitôt Leeroy.

— Il n'y a pas assez de vent et les météorologues Mariids s'accordent pour dire que le temps va rester comme cela pendant au moins trois jours, nous devons surveiller notre consommation d'eau potable, lui avertit le garde en ignorant la remarque.

De toute évidence, cette journée était un peu trop belle. Et cela n'était pas bon signe en pleine mer.

— Très bien.

— L'ordre doit venir du capitaine.

Leeroy soupira. Il se demandait d'après quel stupide code hiérarchique ce genre d'absurdité était demandé.

— Le chef de la garde du Roi ne peut pas donner un tel ordre et espérer que les Hommes lui obéissent, précisa Darius, devinant les pensées de Leeroy.

La remarque du chef de garde eut tôt fait de galvaniser la vanité de Leeroy. Ces Hommes allaient lui obéir, mais pas à Darius.

C'est avec un air satisfait qu'il demanda à ce que les réserves d'eau soient surveillées et que les rations soient réduites. Cela n'avait pas l'air de réjouir les membres d'équipage, mais Leeroy n'y accorda que peu d'importance.

Il se croyait enfin libéré de son devoir lorsque le chef de la garde royale resurgit devant lui, lui arrachant un nouveau soupire.

— J'avais dit que je t'apprendrais. Les leçons commencent dès aujourd'hui.

Leeroy avait presque oublié ce détail. Il prit son visage entre ses mains, fort ennuyé par la perspective de passer un long moment en la compagnie de ce Mariid bourru et acariâtre.

— Mon offre n'en était pas une, il n'est pas possible pour toi de refuser si nous ne voulons pas essuyer une mutinerie dès la première semaine de navigation, averti Darius d'un ton cinglant.

— Et combien de temps tout cela va-t-il encore durer ? demanda Leeroy.

— Deux bons mois de traversée si le temps est avec nous. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd'hui, répondit le garde en contemplant les voiles dépourvues d'ondulations.

Un troisième soupire, bien plus las, fut soutiré à Leeroy. Toutefois, il se résigna à suivre Darius jusqu'à leurs appartements, bien décidé à quitter ce navire avec le trésor du Roi à la première occasion.

***

Cela faisait à présent plus d'une heure que Darius lui enseignait les bases de la navigation. Leeroy s'était vite rendu compte que cela n'allait pas lui plaire du tout. Non pas que le garde fut un mauvais professeur, toutefois, il se montrait sévère et très strict. Les quelques tentatives d'humour de Leeroy à propos du nom de certains cordages ne réussirent pas à lui décrocher le moindre sourire. Au contraire, ses traits se voyaient durcis et son humeur un peu plus massacrante. Leeroy renonça très vite à renouveler une tentative pour rendre l'atmosphère moins pesante.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirWhere stories live. Discover now