Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 16

Darius avait vu juste puisque deux jours plus tard, leur nouvelle destination se dessinait à l'horizon. Ils étaient sur le point d'accoster sur l'île de Sandorn, une île marchande à l'Est. Ils étaient toujours sur la mer de Gravos et dans la région d'Uriann, mais la frontière avec la région de Khatun n'était pas loin, si bien que le physique des Hommes y était semblable. Ils étaient plutôt petits et trapus, leurs cheveux étaient d'un noir brillant et leur peau avait la couleur du sable. Néanmoins, l'équipage du Baradkhan Fortune se fondrait parfaitement dans la masse. Il n'était pas rare de voir à Sandorn des commerçants de Daghan, de Stingray Enclave, de la région de Khatun ou même des Mariids venus tout droit de la mer de Zairifeh, tout au Sud.

L'île avait été conçue pour faciliter le commerce, cela ne faisait aucun doute. Plusieurs ports longeaient la côte et les larges baies pouvaient sans mal accueillir de grandes embarcations. D'ailleurs, de nombreux navires aux tailles et aux formes étranges s'y trouvaient. Leeroy avait l'habitude de voir des bateaux étrangers au port de Stingray Enclave, mais jamais encore il n'avait vu autant de diversité au même endroit et au même moment de l'année. Depuis le pont du Baradkhan Fortune, il voyait des jonques aux voiles rouges venant probablement de Khatun, des embarcations de taille démesurée aux figures de proue représentant le Kraken, provenant de Khan Adasi, des galions en bois jaune plein de rhum de Yarvih.

Mais leur navire royal ne passa pas totalement inaperçu pour autant. Il était dans un état lamentable. À quais, une escorte de guerriers sandornais les attendait. Ils étaient reconnaissables grâce à leur armure lamellaire en cuir souple. Lorsque le Roi Farhang Navdar descendit du navire, l'escorte se mouva comme un seul homme pour créer un passage. Le monarque Mariid traversa la haie d'honneur et s'arrêta quelques instants à la hauteur de celui qui semblait être leur général. Il le salua d'un bref signe de tête avant de poursuivre sa route. L'escorte ne tarda pas à trouver sa place tout autour du Roi. La garde rapprochée Mariid ouvrait la marche. Leeroy se tenait derrière le monarque, impressionné par cet accueil.

L'escorte les guida jusqu'au palais de bois rouge qui surplombait les alentours de la ville. Leeroy n'avait que peu vu la cité, ils s'étaient contentés de la longer.

Ils gravirent les hautes marches qui menaient jusqu'au palais et pénétrèrent son enceinte lorsque les portes s'ouvrirent pour eux. Avec l'escorte sandornaise et la garde rapprochée du Roi, Leeroy ne pouvait pas bien voir vers qui ils se dirigeaient. Ce n'est qu'une fois devant le trône qu'il vit le visage du roi de Sandorn. En fait, il avait entendu dire qu'il n'avait pas réellement le titre de roi, mais il était plutôt l'équivalent du chef de clan, comme dans la région d'Aanartok chez les Hommes du Nord.

Ce qui le frappa en premier fut la jeunesse du dirigeant. Leeroy ne pouvait affirmer qu'il avait quitté l'adolescence. Son expression mauvaise le vieillissait d'au moins dix ans.

Comme la plupart des sandornais, il avait les cheveux d'un noir profond et brillant aux reflets bleutés. Sa peau était teintée de cette même nuance d'ocre. Ses yeux mauvais étaient comme deux fines lames qui fendaient son visage et sondaient sans pitié l'assemblée.

Leeroy n'eut pas une première bonne impression de ce dirigeant bien trop jeune et à l'air bien trop féroce pour être considéré comme un allié fiable. Il tenta d'apercevoir l'expression du monarque Mariid, curieux de voir sa réaction. Mais il ne put voir que son dos droit et large lorsque sa voix s'éleva enfin.

— Je me réjouis de vous voir tout adulte et puissant que vous êtes devenu, Beron Hektorn. Je vous remercie également pour cet accueil. Néanmoins, je dois partager ma crainte par rapport à l'absence de votre père Habron Hektorn sur le trône.