Chapitre 20

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Les rivages de Sandorn étaient bruyants et sales. Le monde y grouillait comme les rats envahissaient les ruelles de Stingray Enclave. L'air était chargé des relents de la mer et empestait la carcasse de poisson. Malgré tout, Leeroy éprouvait une joie profonde à voir toute cette foule bigarrée de marchands venus des quatre coins des océans et à respirer l'arôme saturé des ports.

Le chantier naval se trouvait non loin d'un étroit estuaire. Leeroy reconnut le Baradkhan Fortune en cale sèche entouré d'une vingtaine d'ouvriers au travail. Même au milieu de tout cet exotisme ambiant, le navire royal se distinguait par son originalité et son allure.

Mais Leeroy n'en avait que faire de l'avancée des réparations du navire. Ses préoccupations étaient tournées vers Darius et rien d'autre. Il en avait presque oublié la présence du Selkie.

— Votre Altesse.

Un rapide coup d'œil en arrière lui fit comprendre que Sith s'était courbé avec respect. Il devina plus qu'il ne vit le roi Mariid.

— Leeroy, je suis heureux de vous voir sur pied.

Le monarque portait un pantalon sous sa tunique blanche, une tenue plus appropriée aux voyages ou aux longs déplacements. Sa garde rapprochée se tenait à un mètre à peine d'eux. Leeroy se demanda si le départ n'était pas plus proche qu'il ne le pensait.

— Je suis prêt à reprendre la route, se contenta de répondre Leeroy.

Il sentit Sith Bretha frémir à ses côtés de son manque de politesse envers le monarque. Leeroy n'en avait cure, il se sentait toujours pris par une colère irrationnelle suite à son alitement.

— Voilà une nouvelle bien agréable à entendre.

Farhang Navdar offrit à Leeroy un sourire chaleureux. Peu accoutumé à autant de démonstration de sa part, Leeroy regretta de ne pas avoir usé de titre pour s'adresser à lui.

— Pardonnez-moi mon Roi, se reprit-il, mais je voudrais m'entretenir avec Darius. Sauriez-vous où il se trouve en ce moment ?

Le monarque reprit son expression stoïque et impénétrable.

— Il vous est précieux, n'est-ce pas ?

Surpris, Leeroy eut un léger mouvement de recul. Du coin de l'œil, il vit que le jeune garçon de chambre tâchait de s'effacer, comme les bons serviteurs étaient supposés le faire.

Avant même qu'il n'ait eu le temps de reprendre ses esprits pour répondre, le Roi poursuivit :

— Les auras ne mentent pas.

— Sauf votre respect, vous disiez méprendre la haine et l'affection.

Farhang Navdar eut un petit rire devant l'audace dont faisait preuve Leeroy.

— Dans votre cas, faire la différence entre les deux importe peu.

Leeroy n'était pas sûr de comprendre où le monarque voulait en venir. Aussi, il se demandait si le Roi parlait aussi bien pour lui que pour Darius. Était-il en train de supposer que l'aura du chef de garde pouvait exprimer le même sentiment ? À cette simple pensée, le corps de Leeroy se réchauffa. Une douce chaleur faisait picoter l'extrémité de ses doigts. Mais il préféra chasser bien vite cette pensée.

Il comprenait mieux à présent pourquoi le roi Mariid s'était aussi rapidement mépris sur la relation qu'ils pouvaient entretenir tous les deux. Leeroy ne voulait plus feindre ne pas avoir été attiré par le Mariid bourru depuis bien longtemps.

Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des MeidhirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant