10. Les tourments de Ciel

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L'heure du repas a rapidement sonné. Yanos est resté avec moi dans ma chambre, bavardant de tout et de rien, jusqu'à ce que quelqu'un toque à la porte. Fantine est apparue sur le seuil de ma chambre, à ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur.

— Fantine !

— Mademoiselle, je suis désolée de mon absence, je suis tombée horriblement malade...

— Oh, ce n'est rien voyons, je ne vais pas te blâmer. Tu vas mieux ?

— Oui, merci. Bonjour monsieur, ajoute-t-elle avec un signe de tête à l'encontre de Yanos.

Il lui répond évidemment par un sourire – je crois qu'il ne sait faire que ça.

— Je suis chargée de vous habiller pour le repas, dit-elle en posant ses yeux à nouveau sur moi.

— Je vous laisse, dans ce cas, murmure Yanos en se levant.

Il commence à partir, mais je lui attrape le bras.

— Oui ?

— Attends-moi derrière, s'il te plaît.

Une lueur apparaît dans ses yeux, et il hoche la tête, le coin des lèvres taquiné par la joie. Je le lâche, il sort de la pièce, fermant la porte avec soin.

Fantine se tourne vers moi et me dévisage en haussant un sourcil.

— Quoi ?

— Se passerait-il quelque chose entre ce garde et vous ?

— N... non, absolument pas. Il n'y a rien. C'est un ami.

— Un ami...

Elle n'insiste pas plus, et se dirige vers mon armoire imposante, un rictus amusé fendant son visage.

— Y a-t-il une robe que vous souhaiteriez porter plus qu'une autre ?

Je lance un coup d'œil parmi mes innombrables tenues, mon regard étant attiré par un tissu rouge en velours. J'extirpe la robe d'entre les autres et la place face à mon corps pour admirer le rendu. Elle possède un col échancré, orné de broches en or et de fleurs, puis marquée à la taille d'une ceinture en métal. Elle traîne jusqu'au sol qu'elle effleure dans un bruissement agréable.

— Elle est ravissante ! s'exclame Fantine.

— J'aimerais la porter.

— Bien... Mais d'abord, au bain !

Elle m'accompagne dans la salle de bain et répète la même opération que la dernière fois. Ni une, ni deux, je plonge dans l'eau chaude en un rien de temps, soulagée de ce confort.

C'est agréable, vraiment agréable. À la campagne, on se nettoie dans les rivières glacées – pas le temps de se faire chauffer un bain, là-bas. Je comprends mieux pourquoi les bourgeois sentent toujours bon. À leur place, je passerais ma journée dans la mousse.

Fantine ne me laisse pas de répit, elle applique du savon sur mes cheveux et les frotte avec énergie. Je me laisse faire, docile, savourant le moment presque avec euphorie.

Après m'avoir lavé le corps et m'être rincée, je me suis enroulée dans mon saut-de-lit, puis me suis faite pousser jusqu'à mon armoire. Fantine m'a aidée à m'habiller, elle m'a même mis un corset. J'ai cru qu'elle plaisantait lorsqu'elle avait serré les coutures ; mais non, apparemment c'est normal d'étouffer à moitié. Elle a quand même accepté de les relâcher légèrement, prétextant que c'est la première fois que j'en porte un. Puis j'ai enfilé ma fameuse robe, douce comme les nuages, de la même couleur que le sang.

Fantine m'a tendu des souliers noirs, puis elle m'a parée d'un collier – en or, évidemment – au bout duquel pend un cristal transparent en forme de goutte. Je lui ai demandé quel genre de pierre est-ce, et j'ai failli m'étouffer en entendant la réponse.

Les Derniers DragonsWhere stories live. Discover now