Mrs Matthews

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Lestat portait son peignoir en soie bleu-marine. Il accueillit le visiteur- la visiteuse serait plus juste- avec un large sourire.

 « Hello Mrs Matthew. Que nous vaut ce plaisir? »

Il était extrêmement aimable avec tous nos voisins. Il se montrait toujours très délicat avec ces dames et serviable avec les messieurs. Je me posais souvent des questions sur ce qu’il avait été de son vivant. Je l’imaginais garçon de café non sans sourire. Lestat n’était pas vraiment du genre à servir les gens, non ça n’avait pas dû être ça. Il n’aurait pas un si bon goût. Ou simplement avait-il affûté ses goûts lorsqu’il avait été fait vampire. Ce dont je doutais puisque Louis m’avait raconté que Lestat ne possédait rien vraiment à lui mise à part deux ou trois maisons en ruine, de mauvais investissement de l’argent qu’il volait à ses victimes. Mais revenons à ce qui nous occupe.

« My God, sieur Lestat. C’est affreux! J’ai besoin d’une aide. Oh mon dieu ! Il s’agit de mon fils. »

« Entrez donc. Ne restez pas là. » s'empressa-t-il de répondre avec un accès de bienveillance.

Lestat savait aussi se montrer sincèrement désolé. Peut-être l’était-il. Cela m’aurait étonné mais avec Lestat il ne faut jamais être sûr de rien. Il avait la manie assez agaçante de vous détromper à chaque fois que vous pensiez tout savoir sur lui. Il avait des gestes lents comme il convenait. Il se montrait vrai gentleman ce qui me rendit curieuse.

« Vous devez me trouver trop entreprenante mais il s’agit de mon fils. » s'excusa-t-elle.

« On le serait à moins à votre place, madame. »

« Comme vous êtes bon ! Je suis affreusement désolé de devoir vous demander ça mais il me faut votre précieuse aide. Voyez-vous mon fils est tombé malade et sa maladie a empiré. Je suis dans la pire des situations. »

« Je ne puis vous reprocher quoi que ce soit, vous êtes une mère inquiète pour son enfant. »

Je dus lever les yeux au ciel. En tous les cas il était très comique d’entendre Lestat dire ça ou se montrer aussi compatissant. Venant de la part d’un homme coupable de tant de massacre de gentille famille, je trouvais ça déplacé. Il se montrait si dur avec les mortels. Mais comme je l’ai déjà dit, Lestat est plein de surprise. Je supposais qu’il agissait ainsi pour de bonne raison.

« Oh monsieur ! Il faut que vous veniez. On vous dit médecin… » fit-elle, la voix tremblante d'émotion.

Lestat médecin ! Si elle n’était pas aussi éplorée et désespéré j’aurais cru qu’elle plaisantait. Mais non. Elle était de ces femmes qui font confiance aux ragots même si elle doit remettre la vie de son fils à, finalement, un inconnu. Je secouais la tête. Ce n’était pas bon du tout. A présent je me demandais comment elle réagirait au refus de Lestat.

« Je vous suis. »

Je manquais de crier de surprise. Lestat ne pouvait faire ça, il ignorait tout de l’organisme humain, il ne s’est jamais intéresser aux traités scientifiques et dédaignaient les médecins et leurs théories sur le corps humain. Décidément Lestat était bien étonnant ce soir. Je m’apprêtais à enfiler ma veste pour suivre mon père maléfique qui visiblement désirait s’improviser médecin. Une main blanche se posa sur mon épaule, lentement je me tournais et découvrit le visage paternel de Louis.

« N’y vas pas ma chérie. J’ai bien peur que Lestat ne fasse encore des siennes. Ce n’est pas un spectacle pour toi. »

J’avais envie de lui répondre que je n’étais pas une enfant, que je me fichais bien de ce dont il avait peur et que Lestat soit un menteur ne m’étonnait plus. Cependant je n’en fis rien. Je souris à Louis. Je crois que je ne lui répondais pas parce qu’il était gentil et doux avec moi et qu’après l’attitude de Lestat j’avais besoin de me sentir à l’abri dans un cocon avec une personne aimante même si elle était faible de caractère et qu’elle me prenait pour une enfant parce que j’en avais l’apparence.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now