Disparition de Lestat

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Nous arrivâmes à grand galop dans la rue royale. Il suffit d’un mot soufflé pour que les chevaux stoppèrent net. Je regardais Louis. Nous allions devoir affronter ensembles Nicolas pour le bien de Lestat. Mais Louis n’était pas encore au courant. Où trouverais-je le courage de tout lui dire ? J’étais excité à l’idée de ce combat comme pouvait l’être un guerrier qui commençait son premier combat depuis longtemps. Le sang du gosse alimentait mon état mental. L’excitation me donnait des forces dont je n’aurais jamais espéré posséder. Je posais un regard étrange à Louis qui recula sous l’effet de ce regard des plus étranges.

« Qu’y a-t-il? »

« Je réfléchissais à ce que tu devras faire. J’ai peur que tu n’en ais pas le courage. Tu recules si facilement. »

« Merci de me montrer ta confiance ma chérie. »

« Ne me remercie pas. J’ai peur de devoir te forcer à quelques actes que tu ne souhaites pas faire. Il ne faudra pas m’en vouloir. »

« Mais de quoi parles-tu? »

« De rien. Allons montons. »

Nous laissâmes la voiture soufflant nos ordres silencieux aux chevaux. Ils se dirigèrent seuls dans la nuit, guidés par nos pensées. Je fus heureuse de retrouver la chaleur de notre foyer. Louis sentait l’air de la campagne. En temps ordinaire Lestat l’aurait aussitôt flair » et lui aurait fait une petite remarque que Louis aurait feint d’ignorer. Mais comme je m’y attendais Lestat n’était pas sortit de sa chambre. Il n’était nulle part dans l’appartement lorsque je passais en revue les salles. Mais dans sa chambre la fenêtre grande ouverte, les rideaux de soie blanche sous les lourds rideaux de velours rouge voletaient au gré du vent qui s’engouffrait dans la chambre. Lestat était sorti. Il n’y avait aucun mot laisser sur le lit. Je lui en voulais de me laisser dans l’obscurité de l’ignorance. Je sortis de sa chambre et adressait à Louis: « Lestat est sorti. »

« Grand bien lui fasse. Ca veut dire qu’il va mieux, non? »

« Louis! Il s’est enfui. »

« Lestat enfui? Mais c’est chez lui ici, il part quand il veut et il revient lorsqu’il le souhaite. De plus tu m’as bien dit qu’il n’était pas sorti chasser. Alors où est le problème. »

« Il n’allait pas bien du tout. Un problème le tourmentait et je parie qu’il est sorti allé le rejoindre. »

« Dis donc, le problème ne serait pas une jolie mortelle? »

« Non. Enfin, si elle est jolie mais elle n’est pas une simple proie. »

« Tu crois qu’il va faire d’elle l’une des nôtres? » s'inquiéta Louis.

« J’espère pas. Dis-moi comment on peut tuer un ancien amour. »

Louis me regarda surpris.

« Qu’est-ce que tu veux dire? Il… Non. Je ne comprends pas. »

« Je sais Louis. Lestat a de gros problèmes. Et je tiens à Lestat. Nous formons une famille et cette famille est mise en péril par cette mortelle. »

« Tu as prononcé le mot mortelle avec beaucoup de colère, qu’y a-t-il Claudia? Que t’a-t-elle fait? »

« Rien, rien pour l’instant mais je crains le pire. As-ton avis si je la tue, il en souffrira? »

« Claudia! C’est peut-être… »

« Quoi? Dangereux? Je t’en prie c’est une mortelle, une simple mortelle. Il faut que je le fasse, il ne le fera jamais. »

Louis me saisit par les épaules et me força à le regarder droit dans les yeux. J’y lis de la souffrance et de l’inquiétude. Il me souriait doucement.

« Claudia, il ne faut pas que tu fasses cela. S’il s’agit d’un amour de Lestat il faut le laisser régler ça tout seul, tu entends? Tout seul. Il a toujours eu ce goût pour la mise en scène, peut être t’es-tu trompé? »

« Non. Je sais ce que j’ai vu. Et ce que j’ai ressenti en elle. Elle veut le tuer. Et elle sait qu’il est un vampire, elle le sait! Il faut qu’elle meure. J’admets que ce sera dur pour elle, devoir la tuer, elle. Mais que ce soit clair, je n’ai pas le choix. Si je le fais c’est pour nous. Tu dois le comprendre Louis. Elle veut nous l’enlever. Et il en est hors de question. »

« Pourquoi? As-tu tant besoin de lui? Nous lui sommes devenus étrangers. Il ne représente rien pour moi. Pourquoi ne pas le laisser s’en aller? »

« Tu dis n’importe quoi Louis. Je l’aime autant que toi. Il ferait la même chose pour toi ou pour moi. Cesse de dire des bêtises et aide moi. »

« Tu comptes vraiment la tuer? »

« Oui. Oh, quelle idiote je suis, j’allais oublier! »

« Quoi? »

« Le prénom de Nicolas te rappèle-t-il quelque chose, Louis? »

« Nicolas? Non. »

« Tant pis. »

Je prenais ma veste. Il fallait que je retrouve Lestat et au plus vite. J’avais réalisé en quelques instants que peu importe ce que je pensais de lui, peu importe ce qu’il pouvait faire à des mortels que je ne connaissais même pas, ce qui m’importe vraiment c’est lui. Il fallait qu’il soit là pour que je puisse m’épanouir, me réveillé sans inquiétude, ne pas réfléchir à ce qu’on devra faire demain si on nous découvre, si des mortels décidaient de s’en prendre à nous. Je revivais sans m’en rendre compte. Toutes ces années où je m’étais demandé comment je vivrais si Lestat n’était pas là je sais à présent ce que ça serait. Horrible. Tout simplement, horrible.

« Attend Claudia. Tu ne vas pas aller à sa recherche ? »

« Si. Reste là et ne pose pas de question s’il te plait. (…) Tiens, tu n’entends pas une musique ? »

La musique en question était un concerto de Mozart au violon. C’était une musique si triste et pourtant touchante et envoûtante. J’eus soudain envie de chanter et danser. Je crois qu’en cet instant j’eus pu être une danseuse d’opéra. Je les comprenais. Je comprenais le goût du spectacle prononcé de Lestat. C’était si magnifique ! Je m’avançais dans la musique, je la suivais, sentais mon cœur battre à son rythme. Dieu existait, Dieu était musique. Je passais la porte sans entendre Louis ou du moins j’entendis sa voix mais pas les mots qu’il prononçait. Elle venait d’en haut ou elle s’élevait. Je montais l’escalier, lentement. Je sentais la musique toujours plus forte. Passais devant moi des cercueils, de si jolis cercueils. Mon esprit envoûté par la musique ne compris qu’à moitié qu’il s’agissait de la famille Matthew. Lorsque je fus dans leur petit appartement, j’ouvris la fenêtre. De là je vis en bas le corbillard. Je soupirais.

Claudia ChroniclesHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin