révélations

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« Je me demande si tu t’en es rendu compte. » demanda, songeur, Nicolas.

« De quoi? » répliquais-je d'un ton sec, lassée.

« Ton repas… Il n’avait pas un petit goût étrange? » insinua-t-il.

« De quoi parles-tu? Dis-moi où est Lestat! »

« Allons, je ne vais pas te donner la solution si facilement. Et puis, je doute que tu puisses faire quoi que ce soit. Je t’ai empoisonné. »

« C’est impossible! »

« Je t’ai suivit et j’entendais tes pensées, j’ai su que tu allais dans ce bar. J’ai dû tous leur faire boire de l’absinthe, et comme tu le sais ses effets se ressentent sur ton sang. Tu dois commencer à le sentir, non? »

« Comment as-tu? »

La jeune femme caressa mes boucles. J’eus un vertige. Mais je ne pouvais pas avouer qu’elle m’avait eu. Lestat comptait sur moi. Je ne pouvais pas me laisser faire. Mais l’absinthe agissait comme un poison annihilant mes défenses et mes pouvoirs surnaturels. Je redevenais aussi fragile qu’une enfant mortelle. Elle me saisit le bras et la nuque. Elle me souleva du sol littéralement. Elle paraissait, soudain, tellement forte. Peut-être ma vision était-elle déformée par l’absinthe ? Mais je ressentais son pouvoir, sa force. Il y avait quelque chose en elle ou en lui de puissant et irradiant de pouvoirs.

« Maintenant chérie, tu vas m’aider à concrétiser ma vengeance. »

Elle me força à la suivre dans la crypte de l’église. J’essayais de lutter mais plus je croyais user de ma force plus je la perdais. La crypte était humide, noire, et empestait la mort. Lestat y gisait à moitié inconscient. Il n’était retenu par aucun lien, il n’y en avait pas besoin. Elle me plaqua contre un énorme pilier. Le contact était froid et blessait ma peau de vampire fragilisé. Elle souriait comme si elle était sur d’elle, qu’elle avait un plan. Et c’était peut-être ça le plus inquiétant.

« Que lui as-tu fais? Tu n’es qu’une petite idiote de mortelle! »

« Une petite idiote qui a réussit à mettre deux immortels KO. Je crois que je suis plus qu’une simple petite idiote de mortelle? » répliqua-t-elle en souriant.

« Qui es-tu pour lui? »

« Oui je suppose qu’il ne t’a rien dit. Comment aurait-il pu t’en parler? J’imagine ça ‘Hé ! Chérie j’ai tué mon meilleur ami’. »

« Non. S’il vous a tué c’est… vous êtes vivant!! »

« Oh que si qu’il m’a tué! Je suis revenu d’entre les morts pour prendre ma revanche. Et grâce à toi elle en sera sublimée! Par ta mort… »

Je frissonnais. Elle avait l’air sérieux. Elle était la concrétisation de la peur qui me tenaillait. Je croyais ne rien craindre. Je pensais qu’à présent j’étais sensible, fragile. Je sentais l’odeur de l’encens, la messe! Elle allait commencer!! Je me sentais profondément idiote. Elle m’avait piégé comme une débutante. Le brouhaha des fidèles pénétrait dans mon cerveau, me paralysant le peu d’énergie qui me restait. J’avais envie de pleurer de me sentir si idiote. Elle s’était montrée infiniment plus intelligente que je ne l’aurais cru. Mais je commençais à penser qu’elle était actuellement un homme, Nicolas.

« Je crois que la petite explication a été assez longue. Il est temps de passer aux choses sérieuses. »

« Attend! » m'exclamais-je.

« Quoi? Que suis-je sensé attendre? J’en ai assez de ta petite bouille de poupée, de ton teint de fantôme! Tu sais quel sorte de monstre tu es? Quelle horreur tu représentes à ses yeux? »

Des larmes de sang coulaient sur mes joues. Elle les écrasa avec un air profondément dégoûté comme si mon sang de vampire était une insulte à son humanité. Mais elle avait été vampire ! Elle avait sûrement aimé ça, tout le monde aime ça. Il n’y avait qu’une loi avec le vampirisme, c’était le plaisir. Qui pouvait dire qu’il renonçait au plaisir ? Je n’en voyais pas un.

« Etre un vampire a été la chose la plus horrible de ma vie ! Crois-tu que tu es heureuse ? A tuer pour vivre, vivre pour l’éternité, jamais de fin à la douleur, pas de repos pour la guerrière. Non, être vampire ça n’est pas une chose qui rend heureux. Si c’est ce que tu crois, tu es complètement dans le faux. »

Il s’était tourné vers Lestat avec un sourire franc. Il se réjouissait de me blesser. Je n’étais pas aussi blessé qu’il ne l’espérait, je savais que Lestat ne pensait pas cela. Mais pourquoi Nicolas faisait-il tout ça? Je tournais dans ma tête la question. Le sol me paraissait si dur. J’avais soudain envie de ne plus m’intéresser à rien, de vider mon esprit. Il fallait que je réfléchisse. J’avais l’impression de ne plus rien savoir.

« Je… Je voudrais savoir ce que vous ressentez à propos de Lestat. » demandais-je, c'était presque une supplique.

« Qui te dis que j’ai envie de te le dire? Lestat m’a tué c’est aussi simple que ça. »

« Non ça ne l’est pas. Vous lui en voulez pour une raison bien plus forte. Je sens votre haine, elle est si forte. »

« Il m’a trahit. Je ne croyais qu’il serait perdu, qu’il serait comme moi! Mais ça été le contraire! Il a brillé tel une lumière alors que moi je sombrais. Et lorsqu’il l’a eu, il n’a pas voulu le partager, il a trahit notre amitié!! »

« Non… » fit Lestat dans un gémissement à peine audible.

« Quoi? La vérité est-elle si dur à entendre, mon cher ami? Tu te demande ce que je veux cher enfant, je veux faire souffrir mon cher ami et tu es l’arme de ma vengeance, ta mort lui portera le coup fatal. »

« Ne fais pas… ça » supplia-t-il.

« Et pourquoi je ne le ferais pas? Tu m’as bien laissé tombé et à cause de toi je suis mort. Je ne vois vraiment pas pourquoi elle ne subirait pas le même sort. » répondis durement Nicolas.

« Parce que je n’ai aucune haine en moi. Oserais-tu tuer une enfant? » répliquais-je.

« Ma chérie, j’en ai fait de bien pire lorsque j’étais vampire. Tu n’es rien pour moi, pourquoi aurais-je pitié de toi? »

Il leva un couteau à la lame blanche. Elle souriait. Je dis elle, parce que c’était un visage féminin qui me souriait comme une petite fille qui va faire un gâteau toute seule. Mais là, c’était moi la pâte et ça me déplaisait profondément. La jeune mortelle a qui appartenait ce corps s’était-elle débattu lorsqu’il l’avait possédé au début ? Ou avait-elle accepté son sort ? Je ne pourrais supporter d’accepter qu’il me tranche la gorge ou me tue d’une autre façon. Je sentis la lame contre ma gorge. J’avais envie de le repousser. Diable ! Lestat pourquoi ne m’avez-vous pas appris à me servir plus du don de l’esprit ? Mais c’était inutile, l’absinthe me rendait si faible, mon esprit réfléchissait moins vite. J’avais envie de… La lame transperça ma gorge. Ma seule pensée fut : Louis, je t’aime.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now