le courage de Louis

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Louis se tenait devant l’église. Il n’avait fait qu’écouter son cœur et il réalisait qu’il aurait dû le faire depuis longtemps. Claudia était la seule personne pour qui il aurait risqué sa vie. Non, il savait que c’était faux, c’était bien plus que ça. Sans Claudia la vie aurait été impossible tout simplement. Et l’enfant vampire pouvait lui demander n’importe quoi, il accepterait sans rechigner parce que c’était elle. Il l’avait aimé passionnément dès qu’il l’avait serré dans ses bras dans cette maison en ruine infestée par la peste. Il n’avait cessé de l’aimer et de ressentir passionnément des sentiments pour elle.

Il tenait contre lui la poupée brisée qu’il avait trouvée dans sa chambre. Ca le réconfortait de la tenir contre lui mais il devait avouer qu’il n’aimait pas beaucoup les poupées que Lestat offrait à Claudia. Il trouvait limite malsain l’attitude de Lestat mais il devait avouer que Lestat se comportait comme un père à sa façon et qu’il l’aimait. Louis avait simplement un mal fou à se l’avouer. Il ouvrit la porte de l’église tout en se demandant comment agir. Il lui revenait en tête les héros dramatiques de ses livres, voués à un destin malheureux. Ils se battaient tous jusqu’au dernier moment. Il lui fallait agir lui aussi.

Il vit l’église majestueuse et très occupée par le service de messe de minuit. Etant considéré comme à peu près midi chez les vampires, l’heure fatidique, minuit était plus comme l’heure du repas pour les vampires. Ce qui ne les empêchaient pas de s’amuser à s’inventer eux aussi des légendes à propos de minuit. Du moins, c’est ce que faisait notre petite famille de vampire. Il soupira. Il allait devoir faire quelque chose dont il n’avait aucune envie de faire.  Il entra dans l’église.

Dès qu’il se sentit près, il se mit à crier traitant de tous les noms le prête, jurant, parlant de maléfice. L’effet obtenu fut un grand brouhaha puis les fidèles se précipitèrent vers la sortie. Il sentit aussi la présence de Nicolas. Il ne l’avait jamais rencontré mais il sentait le diable en personne ! Il sentait en lui-même quelques peurs présentes, mais il se rappelait visage de Claudia, ses boucles disposées sur ses épaules, encore en mouvement, et si belles, ses joues un peu empourprées, elle le regardait alors avec des yeux soupirant. Il avait vu ce visage entièrement tourné vers elle, il savait que ce visage lui demandait de l’aide, lui demandait de l’aide. Il savait qu’il lui faudrait aider Claudia. Il l’aimait trop pour l’abandonner. Elle était tout pour lui, sa seule raison de continuer à vivre, son seul et unique but dans cette nuit sans fin, qui grâce à se présence ressemblait presque au jour. Oh, comme Lestat l’avait bien compris lorsqu’il avait créer cette fillette si belle. Mais ce n’était pas sa beauté qui touchait le vampire, ni son talent à détruire aussi bien ou peut-être mieux que Lestat qu’il aimait chez elle, il l’aimait tout entière, il l’aimait parce qu’elle était sa seule victime qu’il avait aimée vivante, qu’elle était sa fille, qu’elle ne mourrait jamais tout comme lui et qu’elle était aussi désespérée que lui d’être un être condamné à jamais vieillir. C’était un amour égoïste mais si terrible.

Il marchait dans l’église sentant l’effervescence des mortels qui couraient autour de lui. Il eut aimé les prendre chacun et les rassurer, mais une telle intimité leur aurait été dangereuse, voire fatale. Il vit une jeune femme d’une pure beauté, les cheveux blonds lâchés, courir, pieds nus. Il connaissait la détresse qu’il lissait sur son visage, il pensait la comprendre. Elle ressemblait tant à une jeune vierge effarouchée, mais il était persuadé que c’était en pécheresse qu’elle était venue. Bon sang ! Il avait dû interrompre ses prières ou sa confession. Elle devait croire que le diable en personne était venu la chercher ou que Dieu la chassait de son église.

Louis détourna son regard pour ne pas s’attacher à elle. Il était trop sensible lui avait dit Lestat avec un sourire alors qu’ils dînaient dans le salon de la propriété du domaine de La Pointe du Lac. Cette même maison qu’il avait incendiée de rage, une nuit de folie. Lestat était alors l’homme le plus agaçant du monde, il se montrait dédaigneux, hautain. Il jouait et s’amusait avec lui comme un cruel homme. Louis avait vite renversé la vapeur, du moins l’avait-il cru.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now