le retour de Lestat

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Lorsque Lestat rentra, il fit peu de bruit mais m’étant calmé j’en faisais encore moins. Je levais ma tête, à l’affût comme un prédateur. Il traînait des pieds et marchait lentement. Il fit une pause dans le salon. Peut-être avait-il vu Louis en train de lire ? Il était étonnant que Lestat s’y arrête quelque seconde, le spectacle de Louis silencieux et immobile comme une statue en train de lire n’était pas vraiment étonnant. Il mit une musique en route, le vieux gramophone marchait encore. Lorsque je dis vieux, je dis cela parce qu’il en existe de meilleur à présent. Il parvient à sa chambre. Mais j’en étais pas réellement sûr. Les bruits de pas me parvenaient étouffés. Je ne pus m’empêcher de hurler :

« Lestat !! »

Je sortais de ma chambre, le calme apaisant que j’avais gagné me souvenant des conseils du prêtre que j’avais connu encore enfant m’avait totalement quitté. J’étais tout simplement furieuse. Je hurlais son prénom à tout va. Je ne m’arrêtais pas devant une porte ou un angle, je continuais. Finalement j’arrivais à sa chambre. J’hésitais un court instant. Puis je me résolue devant cette maudite porte. Je poussais la porte de sa chambre sans sourciller, la porte claqua contre le tissu fragile. Lestat avait une chambre à la couleur de son caractère, d’un rouge pulpant qui frappait l’œil. Il avait des meubles tape à l’œil, riche en bois rares et précieux. Mais ces bibelots étaient jolis, assez fins, romantiques et délicats. Il y avait aussi des peintures. Toutes étaient signées Marius et il n’avait jamais voulu me dire qui était ce Marius mais je devinais que ça n’était pas un simple peintre. Je passais devant son cercueil qui était à demi ouvert. Lestat se tenait devant sa fenêtre, les lourds rideaux de velours rouge étaient ouverts. La nuit d’une grande beauté s’étalait sous ses yeux.

« Lestat! Vous êtes devenu sourd à mes appels? »

Je m’approchais de lui et l’entourais de mes petits bras. Je jouais la carte de l’amour tendre envers lui. Mais il ne cilla même pas. Il avait la peau dure comme de la pierre. Immobile comme une statue, il en avait la rigidité. Je me sentais à la fois bien avec lui son odeur sensuelle mais aussi mal à l’aise avec cette attitude inhabituelle, rigide, froid, et distant malgré notre intimité corporelle. Je me dégageais de lui et le tirais à moi inutilement, il était bien plus fort que moi, c’était mon père! Je lui en voulais d’être comme ça.

« Lestat, répondez-moi! Ne faites pas semblant ne pas m’entendre. Vous savez j’étais là. J’ai tout vu et tout entendu. »

Je lui tirais le bras. Il ne bougeait pas. Il était comme mort, une carapace vide. Oh comme j’aurais voulu pouvoir lire dans ses pensées ! Où était Louis, j’avais tellement besoin de lui. Il devait être dehors à l’heure qu’il est. Il chassait toujours à la même heure. Il était réglé comme une horloge tel que le disait si souvent Lestat. Oh père pourquoi ce silence. Nicolas est-il si important pour toi? Je jetais un coup d’œil à la chambre. Le lit était défait. Il sentait… il sentait l’odeur de Lestat. Lestat avait dormit dans le lit? Pourquoi prendre tant de danger? Il négligeait sa vie, il devait souffrir. Tellement souffrir…

« Tu n’aurais pas dû. » fit-il lentement avec une voix qui semblait perdue.

« Quoi? S’il vous plait Lestat regardez-moi. J’ai besoin de voir vos yeux, votre visage. »

Il se tourna lentement vers moi. Ses mouvements étaient si lents. Vous savez, nous les vampires on peut être si rapide et cependant on peut aussi être très lent. C’est le même pouvoir. Il avait les yeux rouges et les joues pleines de sang séché. Il baissa ses yeux et je vis le trouble dans ses yeux. Il était déstabilisé et ça me troublait à mon tour. J’avais besoin de le savoir fort. Il ne devait y avoir qu’un faible parmi nous, Louis. Il n’y avait pas de place à la faiblesse mon Lestat, il n’y en a pas en toi. Tu m’entends? Non il ne m’entendait pas. J’étais tellement bouleversée.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now