L'impatient

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Dans l’appartement de ma famille vampirique de la rue royale, Louis referma son livre. La musique qu’il avait mis lorsque j’avais quitter l’appartement c’était arrêtée depuis un bon moment. Il se leva lentement reposant son livre sur l’étagère. Il en caressa la couverture. Il ferma les yeux respirant l’air enfermé de notre appartement. Il aimait l’odeur de renfermé. Il laissait Lestat acheter de l’encens ou des parfums d’intérieur à brûler mais c’était lui qui les installait toujours avec une minutie étonnante. Il nous avait entendu sortir ensemble, Lestat et moi. Il avait compris que Lestat aimait chasser avec moi, et que j’étais en admiration devant ses techniques de chasses. Cela lui permettait de rester tranquillement au chaud. Il n’aimait pas m’accompagner à la chasse. Et je ne l’avais jamais vu chasser. Il alla chercher le disque sur le vieux gramophone. Il ne savait pas jouer du piano. Son éducation n’avait jamais été tournée vers l’art et il n’en avait pas ressenti le besoin une fois vampire. Lestat en jouait assez bien pour deux. Et je ne me débrouillais pas si mal moi non plus.

Il referma la porte de notre appartement derrière lui. Malgré tout le calme que montrait son visage il se demandait pourquoi j’avais traité Lestat de monstre. Je me disputais que rarement. Et il savait que c’était lorsque j’avais une bonne raison de le faire. Il avait prit ses gants noirs à la main plus par habitude que pour avoir l’air d’un gentleman. Louis était le dernier à se soucier de son apparence. Il aimait au contraire ressembler le moins possible à un humain. Peut-être se disait-il qu’ainsi il effraierait tout les mortels. Louis dépassait ma compréhension dans bien des domaines. Il était si peu ressemblant à un vampire. Il avait tellement besoin de raisonner, de se poser des questions sur tout et rien. Il semblait incapable de faire ce que faisait sans cesse Lestat, c’est à dire agir sans réfléchir.

Le couloir était sombre mais même le pire vampire du monde peut voir dans la plus ténébreuse obscurité. Les vampires ont la capacité de voir comme en plein jour lorsqu’il règne une totale obscurité. Je ne me souviens guère de mon humanité car j’étais trop petite lorsque j’étais humaine mais je sais que mes victimes sont aveugles la nuit lorsque je les traque alors que moi je les vois clairement. Que les brebis égarées viennent à moi… Il grimpa l’escalier assez réduit. Il était conduit par son instinct ou peut-être nous avait-il entendu monter. Il arriva devant la porte des Matthew. Il leva la main pour frapper lorsque la porte s’ouvrir dans un horrible grincement. Il haussa un sourcil. Il tira un cordon et la lumière s’étala sur les murs du sordide petit appartement des Matthew.

La première chose qu’il vit fut le corps disloqué de Mrs Matthew. La pauvre avait le teint gris, les veines bleues ressortaient. Elle était exsangue. Totalement vidée de son sang. Son corps paraissait brisé. Il s’approcha d’elle sentant son doux parfum de muscade. Il lui ferma les yeux y déposant deux pièces. Il versa une larme sur le pauvre corps. Il aurait voulu qu’elle meure dans un autre lieu moins sordide. Elle avait l’air de sortir de l’un de ses livres qu’il lisait. Il passa le minuscule couloir. Il trouva la chambre grise et terne de l’enfant malade. Il se rappela les paroles de la pauvre femme ‘Voyez-vous mon fils est tombé malade et sa maladie a empiré. Je suis dans la pire des situations’. Il détourna son regard du pauvre corps. Il s’en approcha pourtant avec le peu de courage qui lui restait. Il fit de même qu’avec le corps de la femme. Il avait pitié de ce jeune garçon. Si seulement il avait vu un médecin au lieu de voir Lestat !

Louis sortit de l’appartement avec l’impression qu’il allait vomir ses entrailles. Il sentait que son teint était devenu gris. Il passa rapidement devant les appartements voisins. Il revoyait le visage souriant de Lestat lorsqu’il répondait à Mrs Matthew ‘Je ne puis vous reprocher quoi que ce soit, vous êtes une mère inquiète pour son enfant’ alors que la pauvre femme croyait sincèrement qu’il était un médecin et qu’il allait l’aider. Quelle ironie ! C’était lui-même qui avait tué son fils et qui pour éliminer tout témoin l’avait ensuite tué ou peut-être simplement pour le plaisir sadique de tuer. Louis comprenait qu’il avait été un lâche de ne pas avoir essayer d’empêcher Lestat d’agir. Toute sa vie de vampire il avait été son esclave. Oh oui, son esclave ! Il fallait que ça cesse. Il n’y avait qu’une façon de mettre fin à cette torture que lui faisait subir Lestat…

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now