La taverne

48 4 0
                                    

 J’ouvrais machinalement la porte et je découvris avec surprise mon autre père devant moi prêt à ouvrir la porte. Je lui souris. Il s’agenouilla comme il le faisait si souvent pour m’accueillir dans ses bras. Il m’embrassa. Il sentait l’air frais. L’odeur du sang humain m’excita plus que je ne l’aurais voulu. Je me souvenais de mon envie de massacre et j’étais plus qu’heureuse qu’il ne puisse lire dans mes pensées.

« N’entre pas Louis. Il ne va pas bien, il a besoin d’être seul. » chuchotais-je.

Je me dégageais de Louis et pénétrait dans le couloir qui menait à ma chambre. Louis se tourna vers moi m’attrapant par le bras.

« Qu’est-ce qu’il y a? »

« Ne t’en occupe pas. Il a besoin de solitude et de réfléchir. »

« … »

« J’ai encore faim, tu m’accompagnes? »

« Tu sais que je ne supporte pas te voir chasser, toi et Lestat vous êtes si… »

« Louis! Seule je ne peux pas. Je ne te le demande jamais. Tu peux bien faire ça pour moi, non? »

Louis m’embrassa sur la joue et sourit. Bien sûr qu’il acceptait. Jamais Louis n’avait su me refuser la chasse. Il ne pouvait rien me refuser. Je me glissais dans ma chambre pour prendre une cape doublée de fourrure de loup que m’avait offert Lestat. Je portais une ravissante de velours rouge sombre et de dentelles noires. Louis me regarda faire avec un sourire. Il n’attachait pas d’importance aux costumes mais il aimait me voir vêtue des plus belles robes. Il m’avait dit sa réprobation à l’achat de cette robe qui était trop sombre pour la petite fille que j’étais en apparence. Mais je n’étais plus une petite fille mentalement. Je ne l’étais plus du tout.

« Tu es belle, sombre mais belle. » s'exclama-t-il ravi.

« Merci. Les deux sont un compliment pour moi. J’aime beaucoup cette robe, et la cape est parfaite avec. »

« Tu as un goût vestimentaire parfait ma poupée. Y allons-nous? »

« Oui. J’ai appelé un cocher. Il doit être arrivé depuis le temps. Nous sortons de la ville mon ange. Les campagnes sont remplies de malheureux et tristes criminels. »

« Je suis curieux de voir où tu m’emmène ma douce. »

« Ne sois pas impatient. L’impatience gâche le plaisir. Se projeter dans l’avenir par l’impatience n’est pas bon mon Louis. Il faut profiter du présent. Ne goûte-tu pas de ce moment avec moi? »

« Oh ! Si je le goutte, personne ne redoute autant que moi l’avenir. Mais ce soir, avec toi, j’ai le désir suprême d’oublier ma gêne, ma fausse pudeur, ma nostalgie, oh ! combien inutile. Démon je suis et pour ton amour je serais. Embrasse-moi. »

Je le fis immédiatement puis, je pivotais. Il fallais que nous y allions. La nuit arrivait presque à son milieu et le problème de Nicolas était loin d’être finit, il venait tout juste d’éclore et je redoutais que ce que j’en voyais n’était que le dôme comme celui d’un iceberg. Louis était là. Mais je savais qu’il ne serait d’un grand secourt. Il était si gauche lorsqu’il fallait agir rapidement!

Notre voiture filait à toute allure. On aurait dit que nos chevaux avaient la même fougue et la même impatience que nous. Nous étions deux êtres libres, passionnés à la recherche d’une distraction exotique. Nous avions l’impression d’être sorti de la sphère quotidienne mais surtout de renaître des cendres que nous étions devenus à force de faire comme si nous savions tout l’un de l’autre. Louis me regardait avec une expression qui montrait qu’il comprenait mes sentiments qu’il en ressentait de semblable. Nous étions agités d’un feu intérieur nouveau. Je sentais sa main sur la mienne, se serrant avec cette force qui aurait pulvérisé main humaine. Je lui souriais dévoilant mes crocs mais qu’importait, nous avions déjà tué le cocher et nous étions sortis nous installer à sa place. Nous trimballions son cadavre avec légèreté. Nous étions des monstres avait chuchoté Louis en m’aidant à le mettre en place mais nous avions aussitôt éclaté de rire. Qu’était une vie parmi tant d’autres ? Comme disait Lestat, Dieu tuait aveuglément ses créatures et nous faisions comme lui. Mais Lestat n’était pas là et le plaisir en était réduit.

Claudia ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant