la lettre

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Louis arpentait notre appartement de long en large. Il tenait le flacon que Mary lui avait donné. Il en sentait le poids comme s’il contenait vraiment la mort de Lestat. Il tenta de se résonner, ce n’est pas sa mort, il n’en mourra pas. Mais à quoi bon ? Il savait que Lestat était tel qu’il est parce qu’il avait ce goût du meurtre. Sa vengeance de la vie… Qu’il y tenait à sa chère vengeance ! Avait-il raison d’appeler ça une vengeance ? Louis avait toujours cru que c’était ça mais maintenant… C’était si difficile. Claudia lui avait fait peur. Elle avait l’air d’y tenir finalement à son Lestat. Que disait-il ? C’était son père. Lestat était son père ? Il entendait ? Son père ! On ne peut enlever un père à sa fille, quelle qu’en soit la raison.

Il fallait qu’il trouve la réponse à la question qui le hantait. Qui était ce Nicolas dont je lui avais parlé, si peu d’ailleurs, pour ne pas l’alarmer. Il avait trouvé un moyen d’en savoir plus. Il n’avait jamais vu Lestat touché à un livre, pourtant il connaissait un tas de choses qui ne sont que dans les livres et il avait longuement insisté pour avoir cette bibliothèque dans sa chambre. Il devait bien y lire de temps à autre sinon tout cela n’avait aucun sens. Le décoratif avait ses limites. Il pénétra donc la chambre de Lestat. Il n’y avait pas mis les pieds depuis quelque temps et l’impression qu’elle lui faisait était étrange.

Bientôt il eut dépassé son appréhension, Lestat n’était pas là. Il ne pourrait pas lui reprocher une intrusion dans son territoire. L’avait-il déjà fait ? Non, bien sûr que non. C’était plutôt Louis qui lui faisait ce reproche. Il regarda le lit de Lestat. Combien de fois s’était-il arrêter devant la porte entrouverte, trouvé Lestat confortablement allongé en train de faire je ne sais quoi ? Il avait toujours voulu le rejoindre et curieusement le prendre dans ses bras. Il avait envie de Lestat à nouveau devant ce lit vide. Mais Lestat n’était pas là.

Il suivit des yeux les couvertures des livres. Il en avait tellement et pas des moindres ! Il avait des traités de Voltaire ou de Rousseau. Que des philosophes ou scientifiques français ! Curieux. Il glissa ses doigts sur un pavé sur la religion. C’était un livre qui datait de la renaissance, une vraie pièce de musée. Il le sortit. Lestat en avait annoté des pages. Il paraissait usé tant on l’avait lu. Il sentit une résistance lorsqu’il tourna la 304ème page. Il sortit alors un papier doux au contact. Il s’agissait d’une lettre, un peu usée.

    Cher Nicolas,

Comment t’écrire après ce qui s’est passé ? Comment peut-on utiliser de simple mot après ce qui s’est déroulé ? Certes tu n’en as pas été témoin. J’en suis heureux, car si tu en avais été témoin, peut-être serais-tu mort ou comme moi. Et ça je le redoute plus que tout ! J’ai cru les premiers jours que je pourrais passer pour mort auprès de toi et de tous les autres, disparaître entièrement de votre vie, sans un mot, sans une excuse. Je serais mort, totalement mort à vos yeux. Ne t’y trompes pas, je le suis bel et bien. Mais avant de t’inquiéter avec tout cela je dois te dire ce qui m’est arrivé !

La nuit où j’ai disparu j’ai hurlé ton nom mais je crois bien que tu ne m’ais pas entendu. Cette nuit a été terrible car c’est un monstre qui m’a enlevé. Un monstre au teint blanc et aux crocs acérés. Je ne sais si j’ai la force de tout écrire, rien que de penser à cette nuit là j’ai des frissons. J’ai l’impression que si je ne te dis rien tu m’en voudras plus que si je te révèle tout. Et si tu ne me croyais pas ? Oh ! Je dois cesser de ressasser. Il faut que j’écrive cela. Ces mots. Vampire. Voilà. J’y suis parvenu. Je t’aime Nicolas, je ne te reverrais plus ou du moins, tu ne me reverras plus. Je suis devenu un vampire, parce que le monstre m’a fait sien. Je suis un monstre contraint de boire le sang d’autrui. Tu comprendras ma situation.

Non tu ne peux comprendre. Comment ais-je pu croire que tu le ferais ! Oh que je me déteste !

 La lettre finit là. Louis reconnu l’écriture de Lestat et cru voir des taches de sang, des larmes à en croire le contenu. Lestat avait connu Nicolas avant de devenir vampire ! Louis recula sous le choc de la révélation. Lestat avait dû en souffrir. Il avait peut-être envoyé une telle lettre à Nicolas. Mais dans ce cas comment se fait-il que Nicolas soit encore vivant ? Oh diable ! Tout ça paraissait étrange et bouleversant à point. Louis se rendit compte qu’il avait brisé le flacon en lisant la lettre. Il avait cependant le sentiment qu’il n’en aurait pas besoin.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now