face à face

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Lestat avait bougé assez pour attirer l’attention de Nicolas. De faiblesse, Lestat ne put esquisser le moindre mouvement pour se protéger. Il y eut un cri de désespoir dans les yeux de Lestat. Je n’étais pas habituée à voir Lestat ainsi. Il était toujours celui qui provoquait ce regard dans les yeux de ses victimes. Il aurait été amusant de voir ce genre de regard dans les yeux de Lestat si ma vie n’avait été en jeu, ainsi que, malgré tout, la sienne.

« Penses-tu, un instant, que je vais te laisser vivre ? Tuer ta chère Claudia n’a été qu’un jeu d’enfant. » fis Nicolas, cruel.

Lestat eut un faible gémissements et une larme de sang pointa au bord de son œil droit. Chez les humains, les larmes de sang sont dues à une déchirure du nerf optique, chez nous, nos larmes sont toujours de sang, car notre corps ne contint plus une seule goutte d’eau mais du sang !

Nicolas le regarda gémir avec un petit sourire amusé. Il s’accroupit, près de la tête de Lestat qu’il saisit entre ses deux mains. L’air cynique qu’affichait son visage démontrait sa volonté absolue de nous faire du mal. Il me jeta un coup d’œil qui était remplis de mépris. Lestat absorbait toute son attention sans le vouloir. Nicolas glissa ses doigts de sa main droite sur le visage de Lestat dans un mouvement de caresse intime, quelque chose que ferait un amant.

« Je sais qu’elle n’est pas encore morte et j’attendrais qu’elle le soit pour te tuer. Je crains que te tuer avant ne t’enlève quelques souffrances nécessaire. Vois-tu, amour, je suis totalement certains que le Diable en personne viendra te chercher et j’ai peur que ça ne te fasse plaisir. Je pourrais tout aussi bien te conserver entre la vie et la mort… »

Un air pensif s’afficha sur le visage de Nicolas. Je dois interrompre la narration pour te dire, cher journal, que la jeune mortelle à qui appartenait ce visage était juvénile, elle avait tout au plus 16ans et elle avait un visage qui marquait l’innocence. S’il est difficile d’imaginer le fait qu’elle puisse se faire appeler Nicolas et torturer deux vampires, la raison est que la haine peut décupler la puissance d’un simple être humain. Mais sans la magie, elle en aurait été bien incapable.

« Vois-tu, j’ai trouvé un bien aimable bibliothécaire qui m’a initié à la magie noire. Tu aurais adoré il n’y a pas si longtemps, hein, mon bon ami. Mais tu as préféré te garder le don obscur pour toi tout seul. Si tu avais été mon ami comme tu te le disais, cela n’arriverais pas et tu ne serais pas en train de souffrir. Mais comme à ton habitude, tu préfères encore souffrir que partager ce que tu as avec moi ! »

La jalousie et la colère le firent se relever et soulever Lestat en le tenant par la nuque. Il lui donna un coup de poing dans le ventre puis enchaîna une série de coup dans le corps vidé de force de Lestat. Il y avait de la haine et de la rage dans ses gestes, dans ses cris et dans son regard. Il semblait m’avoir oublié et Lestat pleurait à présent de douleur. Car comme tout vampire il ressentait mieux que quiconque la douleur, même si c’était la sienne.

« Je te demande pardon, je… pardon. Tue-moi mais… pardon. Oh mon dieu ! » supplia Lestat.

« Cesse d’appeler un Dieu que tu as renié le jour où tu es devenu ce que tu es ! Pourquoi voudrais-tu qu’il te vienne en aide ? M’est-il venu en aide alors que mon âme était perdue ? Non ! Aucun Dieu n’est aussi mauvais que celui qui nous a créé, Lestat. »

Nicolas approcha son visage de Lestat et leurs lèvres étaient si proches. Nicolas avait ses yeux qui observaient le visage exprimant la douleur de Lestat, il eut l’air dégoûté et lâcha le corps de Lestat qui tomba sur le sol avec un bruit de feutre. La mortelle avait l’air d’une jeune fille dégoûté par la vision d’un cadavre. Elle ne ressemblait pas à ce Nicolas plein de haine même si ses yeux en brillaient.

« Je crois que tu as compris où je voulais en venir. Ce matin, tout sera finit et nous iront ensemble sur la voie du diable comme tu disais si bien. » continua Nicolas, presque enjoué.

Un sourire naquis sur le visage de la mortelle. Elle semblait soudain métamorphosé, sa haine et sa colère oubliée, elle semblait me dire qu’elle aimait Lestat et qu’elle irait seule avec lui voir le Diable en personne. Sa folie m’apparut. Tant de haine ne pouvait que mener à la folie. Elle me tourna le dos et sortis son poignard en argent. Elle le tournait sous les yeux de Lestat.

« Enfin, nous serons réunis ensemble, sur un pied d’égalité. Tu t’en veux de m’avoir fait ça. Tu m’as poussé à la tuer. A cause de toi, une innocente enfant est morte. Mais ne t’inquiète pas, je vais m’occuper de toi. »

Alors qu’elle s’apprêtait à enfoncer la lame dans le corps de Lestat un immense bruit se répandant dans toute l’église se fit entendre. Il s’agissait de hurlements de terreurs, de bruit de banc d’église qu’on bouge, des portes cierges en métal qui tombe au sol. La crypte s’emplissait de ses bruits, les répercutant contre ses murs. Nicolas releva la tête. 'Vas-t-en' lui murmurais-je mentalement. Il se tourna vers moi l’air mauvais. Un autre bruit, juste au-dessus de nos têtes se fit entendre.

« Dis un mot et tu es morte. » m'indiqua-t-il d'un ton sec.

Il se glissa hors de la crypte me laissant seule avec Lestat qui avait l’air encore plus faible que tout à l’heure. Je sentais l’odeur de la mort se répandre dans la crypte. Quelle autre odeur aurait pu régner sinon celle de notre prochaine mort à tous les deux ? Lestat et moi ? Je savais que si on ne faisait rien c’est ce qui allait arriver. La mort aurait pu sembler une douce fin, après tout, Lestat et moi étions des monstres, nous tuions les mortels que nous rencontrions mêlant plaisir et mort avec une précision terrifiante. Combien de fois Louis m’avait-il dit que nous méritions de mourir car nous donnions la mort et que chez les humains ce crime est passible de mort ? Mais nous n’étions plus humains. Et de nos crimes dépendaient notre vie. Je n’avais aucun désir de mourir. La seule chose que je désirais était de pouvoir sortir et respirer l’air frais de la Nouvelle Orléans. J’aspirais plus que tout à renouer avec la vie qui me semblait avoir jusque là ignorer. Je n’avais vraiment profité de ma vie d’immortelle. Je ne l’avais mis au profit pour quoi que ce soit. Ce sentiment me semblait intolérable et la mort m’en sembla plus insupportable.

« Lestat, il faut que nous nous en allions d’ici. J’espère seulement que Nicolas ne redescendra pas. »

Lestat ne me répondit pas. Je dus reconnaître qu’il avait le visage tuméfié par les coups portés par Nicolas. Il me regarda et je sus ce qu’il voulait. Il était tout comme moi, révolté par l’idée de finir ainsi. Lestat n’était guère porté sur la réflexion, et je doutais qu’il ait comme moi pensé à tout ce qu’il n’avait pas eu le temps de faire, de plus le connaissant, je pensais qu’il n’eut pas de regret sinon celui d’avoir croisé la route de Nicolas une seconde fois. Il était à terre et rien que cela devait lui être insupportable ! Je le comprenais, nous étions des immortels et un humain s’était débrouillé pour nous mettre hors d’état de nuire. Nous avions de quoi souffrir si nous avions un tant soit peu d’orgueil ce qui était malheureusement le cas.

« Ne vous inquiétez pas, je sais que nous allons nous en sortir. » me convaincais-je autant que j'essayais de les en convaincre.

Claudia ChroniclesWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu