L'église

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Mais ce soir j’étais seule. Je ne pouvais pas demander à Louis de m’accompagner.  Je me retrouvais face à une église sans m’en rendre compte. Elle était belle et majestueuse. Comme beaucoup d’églises de la Nouvelle-Orléans elle était très baroque et je dois avouer que j’étais subjuguée.  Je restais en contemplation. Je savais que Louis n’aimait pas les églises. Il n’aimait pas cette ambiance religieuse, recueillit, il avait l’air de ne pas apprécier être dans une église bien que lorsque nous avions eu une discutions la-dessus je me rappèle qu’il m’avait assuré ne pas avoir peur d’être foudroyé par le diable.

« Ah oui? Alors pourquoi tu ne veux jamais en approcher? » demandais-je à Louis.

« J’ai mes raisons. Je trouve ça particulièrement ridicule pour un vampire d’aller dans une église. Ce n’est pas notre place. »

« Et quelle est-elle notre place? »

Lestat était alors apparut les yeux brillant fixé sur nous. Il fit une moue étrange puis éclata de rire. Il avait l’air de quelqu’un qui en savait pas mal sur le sujet. Il était accoudé à l’embrasure de la porte. Il portait une de ses chemises préférées en soie naturelle qu’il ait acheté ce qui était rare pour nous les vampires. Il était rayonnant. J’avais tendis ma main vers lui. Il me rejoignit.

« Oui, Louis, dis-nous quelle est notre place. » fis Lestat d'un sourire dangereux.

« Nous sommes des démons! Tu le sais bien Lestat. Claudia, tu ne pouvais comprendre auparavant, tu étais encore une enfant mais à présent tu dois comprendre ce genre de chose. »

« Louis ça fait longtemps que je suis une adulte. J’ai compris que nous ne sommes pas comme les humains. Je crois que le problème n’est pas tant que je sache où est notre place mais que tu me prennes encore pour une petite fille. » répliquais-je d'une voix posée.

« Claudia, Louis ne te prend pas du tout pour une petite fille. Il a juste… explique-lui Louis. »

Ils m’observèrent tous les deux. Lestat avait l’air totalement confiant, pour lui-même les petits conflits entre Louis et moi étaient agréables à ses oreilles, ils étaient dignes d’une vraie famille. Je soupçonnais Lestat de chérir plus que tout la famille. Je me demandais parfois ce qu’il avait vécu avant nous. Avait-il longtemps été vampire avant de rencontrer Louis? J’aurais aimé qu’il s'ouvre à nous. Je m’étais également demandé si Lestat en avait jamais parlé à Louis.

« Qu'attends-tu Louis, dis-moi donc ! »

« Je… j’ai du mal. Tu sais, je me souviens toujours de toi enfant, cette image est renforcée par ton apparence physique. Je suis désolé mais je n’y peux rien. » répondis Louis, la voix tremblante.

« Hum… »

« Si ! Tu y peux quelque chose ! Mais tu n’as aucune envie de faire quoique ce soit pour m’aider, pas vrai? » insistais-je, presque mauvaise.

« Arrête s’il te plait Claudia. Louis n’ose jamais dire ce qu’il pense réellement. Allez les enfants, cessez de vous disputer, on sort ce soir. »

« C’est vrai on sort? Tu nous prépare quoi encore? » demanda Louis.

« Tu verras, ça vous plaira. Claudia et moi, on s’est lassé de nos parties de chasse solitaire et puis ce n’est pas bon de rester tout le temps enfermer, Louis. »

Nous avions tant l’habitude de ces disputes et Lestat était notre catalyseur. Il était toujours là pour nous séparer et sans le savoir nous avions besoin de lui. J’en avais prit conscience devant la fenêtre grande ouverte de la chambre de Lestat. J’avais réalisé que j’avais besoin de lui pour beaucoup de chose. N’était-ce pas lui qui m’empêchait d’être l’adulte que je voulais être, j’étais par trop dépendante à cause de lui. Il entravait mes libertés, m’empêchait d’être une femme tout simplement. Mais pouvais-je vivre sans lui ? Me réveiller demain soir, voir sa chambre vide, savoir qu’il a disparut pour toujours. Entendre Louis se réjouir ? ‘Claudia, nous sommes libres à présent. Nous n’aurons plus besoin de tuer autant. Nous nous contenterons de ce qu’il nous faut. N’est-ce pas extraordinaire ?’ Il aurait le visage réjouit. Il aurait l’air heureux sans plus de doutes ou de remord. J’en doutais. Cette vision était trop horrible. Louis aimait Lestat même s’il ne le montrait pas. ‘Non Louis, c’est simplement horrible. Jamais je ne le supporterais. C’est pour ça que je vais entrer dans cette église. Je n’avais cependant aucun moyen de savoir si Lestat était dans cette église. J’y entrais d’un simple pas. J’avais en tête les paroles préventives de Louis, ça avait beau ne pas être notre place, je savais que c’était nécessaire. L’église était curieusement vide. Je jetais un regard inquiet dans la nef, il y avait quelques mortels quand même. Je ne voyais nul immortel. Les lourdes portes se fermèrent derrière moi.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now