Les larmes de sang

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L’appartement de Rue Royale me parut trop chargé de moulure dorée, de meubles en bois rare, de tapis persan, de toutes ses choses bien futiles que Lestat avait installé ici pour je ne sais quel prix affolant. Il y avait toujours une odeur étrange, et aujourd’hui elle m’énervait. J’avais une furieuse envie de tout détruire, de ruiner les pauvres effets qu’avait essayé de faire Lestat avec cet appartement. Ma colère n’était pas retombée durant le cours chemin qu’il y avait à faire jusqu’ici. J’avais pris une voiture à chevaux, un taxi à vrai dire. J’avais tué le cocher me nourrissant de son sang comme un bien rare. J’avais fait cela par colère pure et simple. J’avais envie de tuer tous les hommes et de me repaître de leur chair ou plutôt de leur sang. J’avais un appétit à dévorer le monde, et, tel Alexandre le grande j’eusse voulu qu’il y en ait d’autres pour que je puisse m’y nourrir. Si je n’étais rentré j’aurais opéré un vrai massacre. ‘Tuer est une chose ignoble, Claudia. Il ne faut pas tuer juste pour le plaisir. L’acte de tuer peut apporter un plaisir, mais c’est un plaisir du diable et il faut s’en écarter.’ M’avait un jour dit un prêtre. Il était si doux et si gentil que je ne l’avais pas tué. J’avais alors une dizaine d’année vampire et humaine réunies. C’était comme un acte de foi d’aller le voir chaque nuit qu’il était possible. Bien sûr, il me fallait me débarrasser de Lestat et de Louis toujours si obsédé de rester près de moi comme si j’étais incapable de m’occuper de moi-même.

‘Tu dois me jurer de ne plus recommencer Claudia, avait murmuré le prêtre d’une voix douce mais autoritaire, le meurtre ne te mènera jamais au paradis.’ Il avait toujours su ce que j’étais. Dès notre première rencontre. Il avait posé ses yeux sur moi et ils étaient pleins de larmes. Il m’avait alors demandé si je désirais l’aide de Dieu. Comme je ne savais pas ce que cela voulait dire j’avais demandé. Il avait rit de mon innocence et m’avait alors promit de m’aider à ne pas aller en enfer. Je ne sais pas. Je crois qu’il a échoué d’une certaine façon.

Louis était toujours silencieux lorsque j’entrais dans le salon. Du moins je n’entendais aucun bruit mais j’étais alors trop en colère pour y faire attention. Je ne lui jetais aucun regard. Je devais aller dans la chambre de Lestat. J’avais le désir de chercher qui était Nicolas mais au fond de moi ce que je voulais c’était réduire sa chambre en ruine. Je m’arrêtais soudain en cours de route. Le sang qui battait mes tempes était si vigoureux. Je m’engouffrais dans ma chambre et m’allongeais sur mon lit. Je ne sais pourquoi mais soudain des larmes de sang coulèrent le long de mes joues. Je pleurais tout simplement. Je ne pouvais m’arrêter même si ça me semblait très idiot de pleurer ainsi, sans raison.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now