Insomnies

Chapitre 38 (4)

03/02/2018 à 22:26

     La fête bat à présent son plein. Certains se trémoussent sur la piste tandis que d'autres discutent tranquillement en buvant leurs boissons. D'autres s'esclaffent et jouent à des jeux. Il y a même des couples qui s'embrassent et se tiennent la main. Henri danse comme un possédé sur la piste, il se débrouille pas mal d'ailleurs, probablement déjà foncedé. Tandis que Camille, dans sa robe assez légère lui arrivant à la mi-cuisse, flirte avec un beau spécimen. Puis, il y a Yann et Lilas, les plus raisonnables. Quant à eux, ils ne font que glousser de leur bizarrerie. Chacun s'amuse à sa manière et la soirée est, comme qui dirait, réussie.

     — Je vais nous ravitailler en boissons, annonce Yann, hilare.

     — La même chose pour moi.

     — Hors de question, je t'apporte quelque chose de plus fort.

     — Yann, je ne prends pas d'alcool.

     — Ah oui, j'oubliais. T'es encore mineur, lance-t-il, un sourire espiègle aux lèvres.

     Lilas prend ça comme un défi, qu'elle relève bien qu'elle ressent un nœud à la gorge. Yann revient quelques instants plus tard avec deux gobelets rouges contenant chacun un liquide alcoolisé. L'adolescente s'empare de son verre, fixe le liquide qui selon elle, la toise d'un sourire carnassier. Elle se décide et en boit une gorgée avant de la recracher. Yann ne peut s'empêcher de rire. Il boit une rasade à son tour, et sourit à Lilas en pensant qu'elle a encore beaucoup à apprendre. On ne dirait pas comme ça, mais le jeune homme a un faible penchant pour les bringues et les boissons alcoolisées.

     — Yann, c'est brûlant ! C'est quoi ? glapit-elle.

     — Juste du sky, dit-il en souriant.

     — Juste ? C'est quoi ?

     — De la vodka mixée avec du whisky et du sirop à la menthe.

     — Mais, c'est trop fort. Tu veux déjà que j'ai la gueule de bois ? Je n'en prend plus, c'est tout pour moi.

     — J'avoue que j'y suis allé un peu fort, raille-t-il.

     — J'ignorais que tu faisais ce genre de choses.

     — Tu ignores beaucoup de choses sur moi.

     — Dis-les-moi ces choses, alors.

     — Viens là, je vais te confier un secret, murmure-t-il en se penchant vers l'oreille de la jeune fille, ma mère est morte il y a deux ans.

     Il n'est plus lui-même. Il a bu plusieurs verres, ce n'est pas son premier. Il a jugé bon de le lui dire ainsi, en étant dans cet état d'ébriété. Pendant qu'il possède encore ce  courage. Ce n'était peut-être pas le bon moment, d'autant plus que Lilas ne réagit plus. Elle est comme anesthésiée de toutes émotions et réactions. Yann regrette tout de suite de lui avoir dit tandis qu'il la prend maladroitement dans ses bras. Ne serait-ce pas plutôt à elle de le faire ? Et pas l'inverse.