Chapitre 127 (1) - Lilas

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25/11/2018 à 18:23



     Pour être sincère, je suis extrêmement nerveuse. Je pourrais même remplir des sceaux, tellement je sue alors que je devrais claquer des dents. Nous sommes en novembre, l'hiver commence à pointer le bout de son nez. C'est la période de l'année où il faut être bien au chaud enroulé dans un plaid, à déguster une bonne tasse de chocolat chaud avec sa famille ou des potes, et faire un marathon de films de Noël. Et mon cœur qui n'arrête pas de se casser la gueule dans ma poitrine, un peu et il en sort complètement. Vous apprendrez juste que Lilas Paris, dix-sept printemps, est morte dans de tragiques circonstances parce que son cœur voulait prendre de l'air. Encore une autre blague foireuse, on en rit un moment ? Heureusement que Camille est là pour me prêter main forte. Elle réussit tant bien que mal à calmer ma nervosité avec ses histoires farfelues.

     Ma tenue se compose d'une combinaison de soie grenat qui me moule le corps avec des bottines noires. Les seuls bijoux que je mets sont le pendentif offert par Yann, qui embellit mon cou, un fin bracelet au poignet et des boucles d'oreilles en croissant de lune. Pas de tonne de maquillage, juste un trait d'eye-liner pour sublimer mes yeux et du rouge à lèvres rouge mate. Camille s'est occupée de faire des boucles à mes cheveux qui tombent en cascade sur mes épaules à moitié nues, car mon décollé se prolonge jusqu'à la naissance de mes seins. Je reste scotchée devant le miroir, je ne me reconnais pas. J'ai l'impression d'en avoir fait des tonnes. Si ça se trouve il va se ramener en jean, tee-shirt et baskets noirs comme à son habitude, et je me sentirais tellement ridicule. Camille semble deviner ma pensée puisqu'elle me frotte doucement l'épaule.


     — Je te jure que s'il se ramène avec un jean déchiré, je lui fais la peau, raille-t-elle.

     Je ne peux m'empêcher de rire.

     — Après, il peut mettre une veste avec un jean déchiré et des baskets, ce serait chic.

     — N'empêche, je lui ferais quand même la peau.

     Nous rigolons de concert.

     — Allez, mets ton manteau, il faut y aller. Ils nous attendent sûrement en bas.

     Une fois dans le salon, nous tombons sur ma mère qui feuillette un magazine. À en voir son expression, elle semble tout autant stupéfaite par mon relooking.

     — Tu es ravissante. J'en connais un qui ne va plus savoir comment respirer, dit-elle d'humeur taquine.

     — Maman, tu exagères, soufflè-je, gênée.

     — Amuse-toi bien ma chérie.

     — Merci maman, embrasse papa de ma part.

     Mes parents sont plutôt ouverts. C'est ce que j'apprécie le plus chez eux. Ils ne m'empêchent pas de faire ce que je veux, tant qu'il ne s'agit pas de me mettre en danger, et approuvent d'ailleurs ma relation avec Yann.


✠✠✠

     Contre toutes attentes, je tombe des nues en découvrant ce dernier. Pour l'instant je ne vois que son manteau, son pantalon noir et ses Converse. J'ai les pieds qui trépignent à l'idée de voir sa tenue en intégralité. Henri est comme d'habitude, mais en ce net moment, sa bouche est grande ouverte. Il embrasse Camille, puis vient déposer un délicat baiser sur ma joue sous le regard enjôleur que Yann m'adresse.

     — Tu es sublime ma crevette, me glisse-t-il à l'oreille. J'aimerais voir ce qui se cache sous ce manteau.

     — Merci Rinou, dis-je tout sourire.

     — Bon, on vous laisse les amoureux. Profitez-en à fond, conclu Henri en embarquant sa copine avec lui.

     On sourit en les regardant s'éloigner. Enfin tous les deux. Yann me lance toujours ce même regard enjôleur en s'approchant de moi. À ma hauteur, il dépose un baiser sur mes lèvres.

     — J'aimerais savoir ce qui se cache là-dessous, fait-il en traçant un chemin de mon cou à l'ouverture de mon manteau.

     — Et moi donc, réponds-je sur le même temps.

     — J'ai une surprise pour toi. À dire vrai, je préparais ça depuis longtemps, ajoute-t-il en prenant ma main.

     Et là je découvre une voiture tapie dans l'ombre, il ouvre la portière côté passager et m'invite à m'asseoir. J'ai tellement de questions qui se bousculent dans ma tête, mais je décide de les dissiper afin de mieux savourer le moment.

     — Après vous mademoiselle, annonce-t-il en désignant le siège.

     Je souris tellement que j'ai peur de perdre ma mâchoire et mon cœur qui se casse la gueule dans ma poitrine. Il referme la portière, fait le tour et s'installe côté conducteur. Si c'est un rêve, ne me réveillez pas.

     — Depuis quand tu sais conduire ? plaisanté-je une fois que la voiture s'engage sur la route.

     — Depuis toujours, répond-il, hilare.

InsomniesWhere stories live. Discover now