10. Le soleil brûle

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Un mois déjà que tu me stimulais et que je m'épanouissais à tes cotés. 

Un mois que l'on se portait mutuellement, irradiant de bonheur. Je te rassurais, te canalisais, et te poussais à accomplir tes projets : sur mes conseils, tu ouvrais ta galerie d'art au Saigon Outcast. Toi tu développais mon coté wild et aventureux, et me faisait découvrir de nouvelles perspectives de vie.  

Un mois maintenant que nous vivions notre amour en secret. Et franchement ça relevait de l'exploit ! 

Souviens toi seulement combien de fois on a manqué de se faire prendre ! 

Je me rappelle d'un soir tout particulièrement où Ludivine était carrément entrée dans ta chambre, sans frapper comme a son habitude. J'étais là bien sûr, allongée nonchalamment sur ton lit, en kimono, et nous discutions savourant un court moment d'intimité. Dans la panique, tu avais alors bondi cherchant a me cacher en masquant l'embrasure de la porte, et moi j'avais précipitamment roulé sur le coté pour me cacher sous les draps. Mais maitrisant manifestement mal l'art du camouflage, je ne m'étais pas aperçue que mes fesses dépassaient très légèrement ... Évidemment, je n'avais pas su les cacher celles la ! 

Aussi j'entendis Ludivine te demander : " Mais, c'est pas le short d'Hanna la bas ?" 

Merde...je pouffais en silence. 

Tu jetais un rapide coup d'oeil dans ma direction et je t'entendis répondre embarrassée "Hum...oui...elle a du l'oublier". 

C'était cramé, mais alors vraiment. Tu ne savais pas mentir. Ça sentait mauvais pour nous... C'était sûr, là, cette fois, on était cuites ! 

J'ai entendu Ludivine acquiescer de manière dubitative et te lancer d'une voix pleine de sous entendus : « Hum je vois ... la prochaine fois mets une chaussette sur la porte, qu'on sache. »  ce qui signifiait explicitement qu'elle pensait que tu étais avec quelqu'un. 

Dès que tu refermas la porte et que j'entendis ses pas s'éloigner, nous fûmes prises d'un fou rire nerveux.

"Mais... qu'est ce qui nous a pris ? pourquoi est ce qu'on a paniqué comme ça ?" me demandais tu sans pouvoir t'arrêter de rire. "On ne faisait rien de mal, on discutait tranquillement sur le lit. Ça aurait pu être tout a fait normal ! " 

C'était vrai... on avait paniqué. Et dans la panique toute notre attitude avait été étrange. On s'étaient complètement discréditées toutes seules !  Ah ça oui on avait merdé, et pas qu'un peu ! 

"Tu ne pouvais pas mieux cacher tes fesses aussi ?"

 Je riais : " Non mais c'est toi ! quelle idée d'avoir essayé de me cacher ?" 

Ah décidément, il n'y en avait pas une pour rattraper l'autre...ça valait vraiment le coup d'avoir tenu tout ce temps pour se faire prendre de manière aussi stupide ! 

 "Tu crois vraiment qu'elle a compris ?" te demandais-je d'un coup sans trop d'espoir.

 "Bah elle a reconnu ton short ! Et elle m'a même carrément dit d'accrocher une chaussette à la porte ! ". Tu marquas une pause, puis poursuivi en riant : " alors à moins qu'elle ne sache pas ce que ça veut dire ....". 

Mais non Ludivine était une fille intelligente. Je la connaissais et elle mesurait très bien la portée de ses mots. C'était exactement ce qu'elle avait voulu dire et de manière très subtile... 

Je me sentais mal a l'aise tout d'un coup. Au fond ça ne me dérangeait pas vraiment qu'elle soit au courant. Il n'y a pas si longtemps, je lui aurais sans doute dit. Et puis même si nous étions en froid, je lui faisait quand même confiance. Après tout elle avait été une de mes amies les plus proches ; je savais qu'elle le garderait pour elle. Mais bon on est jamais trop prudent : moins de gens étaient au courant mieux ça valait ! Non, la vérité c'est que je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle m'en voudrais de lui avoir cacher toute cette histoire, surtout que ça faisait quand même un mois que nous étions ensembles juste sous ses yeux. Ça risquait de mettre encore plus de distance entre nous...

Mirage au VietnamWhere stories live. Discover now