4. 2019

109 8 5
                                    

****

Je revois la ville en fête et en délire

Suffoquant sous le soleil et sous la joie

Et j'entends dans la musique les cris, les rires

Qui éclatent et rebondissent autour de moi

Et perdue parmi ces gens qui me bousculent

Étourdie, désemparée, je reste là... 

La Foule - Edith Piaf 

****

01/01/2019

Champagne à flot, enceintes qui crachent, éclats de rire joyeux, filles aux lèvres rouges flamboyantes engoncées dans des robes à paillettes, garçons en chemise pour la première et la dernière fois de l'année, sans oublier toute la ribambelle d'inconnus - ces « potes de.. potes» autoproclamés, ceux qu'on n'a jamais vus et qui se tapent l'incruste allègrement... 

Un 31 décembre comme tous les autres, donc.

J'observe tous ces visages familiers transpirant de bonheur, aller et venir dans un état d'ébriété constant, comme autant de petits papillons aux ailes colorées virevoltent de fleur en fleur. Ils me donnent la nausée. Un claquement de bise dans l'air par ici, une conversation frivole par-là, le tout ponctué de temps à autre par quelques gloussements joyeux.

Plus je les dévisage, et plus mes amis me semblent affreusement étrangers. Soudain, je me sens même complètement perdue au milieu de toute cette effervescence. 

Ils transpirent de bonheur les petits papillons aux milles couleurs... Eux ils volent insouciants, le coeur léger. Moi je traine mon cœur comme un poids mort. 

Mais qu'est-ce que tu fous là ? Il est encore temps de rentrer se coucher me susurre une petite voix inlassablement. 

Je tente de la faire taire, mais jouer la comédie me parait insupportable : comment continuer à sourire quand le bonheur n'est plus qu'un souvenir ? Il faut dire que je n'ai jamais été très bonne actrice... 

« Hé Hannah ! comment vas tu ?"

Merde. C'est Philippe, un copain d'école. Déjà il s'approche de moi et m'enlace chaudement.

"Plus de 6 mois qu'on s'est pas vus ! Waaa c'est fou ! ...Alors le Vietnam ? raconte !!... Et ton stage ? » . 

Ça y est, déjà il m'assaille de questions. À la simple évocation du Vietnam, ce que je redoutais arriva : les larmes me montent spontanément aux yeux et impossible de les ravaler. Ma vue se trouble et je me force alors a esquisser un sourire, mais aucun son ne sors de ma bouche. Rien à faire, j'ai la gorge nouée... 

Alors que je prends une gorgée de champagne supplémentaire pour me donner du courage, Alice -une amie de longue date - vole a mon secours : « Ne parlons pas de stage maintenant ! Allez viens Hannah ! On va danser ! » claironne t'elle et déjà elle m'entraine par la main vers la piste de danse.

Dès que nous nous sommes assez éloignées et que j'ai la certitude que Philippe ne peut plus nous entendre, je lui murmure un timide "Merci.." à l'oreille, puis je me ravise : «En fait, tu sais quoi.... Je vais plutôt aller reprendre un verre moi ! » 

Je me dirige alors d'un pas déterminé vers le bar, Alice sur mes talons. 

L'enfer ! Elle ne semble pas déterminée à me lâcher... Ce n'est pas que sa présence me dérange, mais je n'ai simplement pas envie de faire la conversation. Qu'a cela ne tienne, elle fait la conversation pour deux : 

Mirage au VietnamWhere stories live. Discover now